CONTES ET LÉGENDES 1ÈRE PARTIE PAR H. A. GUERBER AUTEUR DE "MYTHS OF GREECE AND ROME" NEW YORK CINCINNATI CHICAGOAMERICAN BOOK COMPANY DÉDIÉ À Roger et Marguerite PREFACE. This little collection of Legends and Fairy Tales is intended merely asan introduction to general French reading. The stories have been told assimply as possible, with infinite repetition of the same words andidioms to enable the pupil to obtain a good vocabulary almostunconsciously. They have also been narrated as graphically aspracticable to arouse an interest in the plot, to stimulate curiosity, and thereby induce the pupil to read to the end. With the exception of the first tale of the series, for which I havepurposely selected the common nursery story, "The Three Bears, " I havecarefully avoided the tales which are most familiar, or have given themin some unusual version, so that only by knowing the meaning of thewords the sense of the story can be obtained. This method has been used with most gratifying results with pupils ofall ages either with or without the accompaniment of a grammar, and itis very gradual, to facilitate rapid progress in the language. Of course, the results to be achieved depend greatly upon theinstructor, but I have found that where daily lessons were the rule, thepupils, at the end of a very short time, were able to read simplehistories and novels at sight with much pleasure and profit. My own method, which, however, varies greatly according to the age andthe intelligence of the pupils, is, roughly outlined, as follows, takingthe first paragraph of this work as an example: The first sentence is read plainly by the teacher or written on theblackboard, and as these stories are intended to be used from the veryfirst lesson, each word is translated into English. Then the pupils readthe sentence in turn, supplying the translation of the words as they arerapidly pointed out. A few moments' work of this kind suffices withaverage pupils to enable them to memorize the words so that they canreproduce them verbally or in writing, when the book is shut or afterthey have been rubbed off the board. The next sentence is treated in the same way, the pupils translating thewords previously given and the instructor giving the meaning _of the newwords only_. Then making use of the first idiomatic expression "il yavait, " an explanation is given, showing how it can be changed into theinterrogative form "y avait-il?" and the pupils are questioned rapidlyas follows, using only the words already mastered: "Y avait-il un ours?" "Y avait-il deux ours?" "Y avait-il trois ours?" "Y avait-il un grand ours?" "Y avait-il un petit ours?" "Y avait-il un ours de grandeur moyenne?" The answers are all given in French, as quickly as possible, ere thesecond sentence is written from memory. Proceeding thus from sentence to sentence, more or less rapidlyaccording to the class, a stock of words is soon acquired, reading, writing, and conversation become easy, and in a very short time thepupils, _encouraged to guess at the meaning of new words_, becomeentirely independent of vocabulary or dictionary. In concluding thelesson, the story is told again by the teacher, quite rapidly, in theusual conversational tone, or the pupils read or tell it aloud. A vocabulary and a few notes have been added more as a matter ofconvenience for any pupils who should miss a recitation than forconstant use, for the main object of this method is that the pupilsshould have all the French they have learned at the tip of theirtongues. If this collection of stories helps to make the study of Frenchmore of a pleasure and less of a bugbear than it has heretofore proved, I shall feel that one part of my aim has been attained. H. A. GUERBER. TABLE DES MATIERES. IÈRE PARTIE. Les Trois OursLes Quatre SaisonsLa Rose MousseuseLes Trois SouhaitsLe Chat et le RenardBlanche-NeigeLes Trois CitronsLa Ville SubmergéeLe Poisson d'OrLa Cabane au Toit de FromageLe Vrai HéritierYvon et FinetteLe Renard et le LoupLa Mauvaise FemmeBaba-IagaLes NezL'Hospitalité du PachaLes Deux FrèresLe Berger et le DragonLes Deux AumônesL'Amour d'une MèreLe Cheveu MerveilleuxUn Conte de ma Mère l'OieGodefroi le Petit ErmiteLe Grain de Moutarde CONTES ET LÉGENDES. LES TROIS OURS. [1] [Note 1: The original of this story is the common English nurserytale, "The Three Bears and Little Silver Hair. "] Il y avait une fois un, deux, trois ours: un grand ours, un ours degrandeur moyenne, et un petit ours. Les trois ours demeuraient dans une petite maison, dans une grandeforêt. Dans la maison, il y avait trois lits: un grand lit pour le grand ours, un lit de grandeur moyenne pour l'ours de grandeur moyenne, et un petitlit pour le petit ours. Il y avait aussi trois chaises: une grande chaise pour le grand ours, une chaise de grandeur moyenne pour l'ours de grandeur moyenne, et unepetite chaise pour le petit ours. Il y avait aussi trois assiettes et trois cuillères: une grande assietteet une grande cuillère pour le grand ours, une assiette de grandeurmoyenne et une cuillère de grandeur moyenne pour l'ours de grandeurmoyenne, et une petite assiette et une petite cuillère pour le petitours. Un jour le grand ours dit de sa grande voix: "J'ai faim. " "Oui, " dit l'ours de grandeur moyenne de sa voix de grandeur moyenne, "J'ai faim. " Et le petit ours dit de sa petite voix: "Oui, oui, j'ai faim. " Les trois ours firent la soupe. Alors ils versèrent la soupe dans lestrois assiettes. Ils versèrent une grande portion dans la grandeassiette pour le grand ours. Ils versèrent une portion de grandeurmoyenne dans l'assiette de grandeur moyenne pour l'ours de grandeurmoyenne, et une petite portion dans la petite assiette pour le petitours. Alors le grand ours prit la grande cuillère, goûta la soupe et dit: "Lasoupe est trop chaude. " L'ours de grandeur moyenne prit la cuillère degrandeur moyenne, goûta la soupe et dit: "Oui, la soupe est tropchaude, " et le petit ours prit la petite cuillère, goûta la soupe etdit: "Oui, oui, la soupe est trop chaude. " Alors le grand ours dit: "Allons nous promener dans la forêt. " "Oui, "dit l'ours de grandeur moyenne, "allons nous promener dans la forêt;" etle petit ours dit: "Oui, oui, allons nous promener dans la forêt. " Les trois ours partirent. Ils laissèrent la porte de la maison ouverte, et la soupe sur la table. Une petite fille passa. Elle vit la petitemaison, elle vit la porte ouverte, et elle vit la soupe sur la table. Elle dit: "J'ai faim, " et elle entra dans la maison. Elle prit la grande cuillère, goûta la soupe dans la grande assiette, etdit: "Cette soupe est trop chaude. " Alors elle prit la cuillère degrandeur moyenne, goûta la soupe dans l'assiette de grandeur moyenne, etdit: "Cette soupe est trop froide. " Alors elle prit la petite cuillère, goûta la soupe dans la petite assiette, et dit: "Cette soupe estexcellente. " La petite fille mangea toute la soupe. Alors la petite fille dit: "Je suis fatiguée, où y a-t-il une chaise?"Elle vit les trois chaises. Elle alla à la grande chaise, s'assit, etdit: "Cette chaise n'est pas confortable. " Elle alla à la chaise degrandeur moyenne, s'assit, et dit: "Cette chaise n'est pas confortable. "Alors elle alla à la petite chaise, s'assit, et dit: "Cette chaise esttrès confortable. " Alors la petite fille sauta de joie et la chaise secassa! La petite fille dit: "J'ai sommeil, où y a-t-il un lit?" Elle vit lestrois lits. Elle alla au grand lit, se coucha, et dit: "Ce lit n'est pasconfortable. " Elle alla au lit de grandeur moyenne, se coucha, et dit:"Ce lit n'est pas confortable. " Alors elle alla au petit lit, se coucha, et dit: "Ce lit est très confortable, " et la petite fille s'endormit. Quelques minutes après les trois ours arrivèrent. Le grand ours regardasa grande cuillère et sa grande assiette, et dit de sa grande voix:"Quelqu'un est entré et a goûté ma soupe. " L'ours de grandeur moyenneregarda sa cuillère de grandeur moyenne et son assiette de grandeurmoyenne, et dit de sa voix de grandeur moyenne: "Oui, quelqu'un estentré et a goûté ma soupe, " et le petit ours regarda sa petite cuillèreet sa petite assiette, et dit de sa petite voix: "Oui, oui, quelqu'unest entré et a mangé toute ma soupe. " Le grand ours regarda sa grande chaise et dit de sa grande voix:"Quelqu'un est entré et s'est assis sur ma chaise. " L'ours de grandeurmoyenne regarda sa chaise de grandeur moyenne, et dit de sa voix degrandeur moyenne: "Oui, quelqu'un est entré et s'est assis sur machaise. " Et le petit ours regarda sa petite chaise, et dit de sa petitevoix: "Oui, oui, quelqu'un est entré et a cassé ma petite chaise. " Alors le grand ours regarda son grand lit et dit de sa grande voix:"Quelqu'un est entré et s'est couché sur mon grand lit. " L'ours degrandeur moyenne regarda son lit de grandeur moyenne, et dit de sa voixde grandeur moyenne: "Oui, quelqu'un est entré et s'est couché sur monlit de grandeur moyenne. " Et le petit ours regarda son petit lit, et ditde sa petite voix: "Oui, oui, une petite fille est couchée sur mon petitlit. " Les trois ours s'approchèrent: "Oh!" dit le grand ours, "cette petitefille est jolie. " L'ours de grandeur moyenne dit: "Oh, oui, cettepetite fille est jolie, " et le petit ours dit: "Oh! oui, oui, cettepetite fille est très jolie. " A cet instant la petite fille se réveilla. Elle vit le grand ours, l'ours de grandeur moyenne, et le petit ours. Elle dit: "Oh! J'ai peur, "et elle sauta du lit et partit vite, vite! "Oh!" dit le grand ours de sagrande voix: "La petite fille a peur. " "Oui, " dit l'ours de grandeurmoyenne, "la petite fille a peur. " Et le petit ours dit: "Oui, oui, ellea peur. " La petite fille ne visita plus jamais la maison des ours. LES QUATRE SAISONS. [2] [Note 2: This is one of the most popular of the Bohemian folkstories. It has been translated into many languages, and an elaborateversion of it can be found in Laboulaye's "Fairy Book. "] Il y avait une fois une petite fille. Cette petite fille demeurait dansune jolie petite maison avec sa mère et sa soeur. La petite fille, Claire, était bonne et très jolie. La soeur de la petite fille, Laure, était méchante et laide. La mère était aussi méchante et laide. La mèreaimait Laure, mais elle n'aimait pas Claire. Un jour la méchante fille dit à sa mère: "Ma mère, envoyez Claire à laforêt cueillir des violettes. La mère répondit: "Des violettes, danscette saison! C'est impossible, ma fille, dans la forêt il y aseulement de la neige et de la glace. " Mais la méchante fille insista, et la mère dit à Claire: "Allez à laforêt cueillir un bouquet de violettes pour votre soeur. " Claire regardasa mère avec surprise, et répondit: "Ma mère, c'est impossible! Danscette saison il y a seulement de la neige et de la glace dans la forêt. "Mais la mère insista, et la pauvre Claire partit. Elle alla à la forêt, chercha les violettes, et trouva seulement de laneige et de la glace. La pauvre fille dit: "J'ai froid; où y a-t-il dufeu?" Elle regarda à droite, elle regarda à gauche, et elle vit un grandfeu à une grande distance. Elle alla à ce feu, et vit douze hommes assisautour du feu. Trois hommes avaient de longues barbes blanches et de longues robesblanches; trois hommes avaient de longues barbes blondes et de longuesrobes vertes; trois hommes avaient de longues barbes brunes et delongues robes jaunes, et trois hommes avaient de longues barbes noireset de longues robes violettes. La petite fille s'approcha en silence, et elle vit qu'un des hommes àbarbe blanche avait un bâton à la main. Cet homme se tourna et dit:"Petite fille, que cherchez vous dans la forêt?" La petite fillerépondit: "Monsieur, je cherche des violettes. " L'homme à barbe blanchedit: "Ma pauvre petite fille, ce n'est pas la saison des violettes, c'est la saison de la neige et de la glace. "Oui, " dit la petite fille, "mais ma mère a dit: 'Allez à la forêt cueillir un bouquet de violettespour votre soeur, ' et je suis forcée d'obéir. " L'homme à barbe blanche regarda la petite fille un instant, et dit:"Chauffez-vous, ma pauvre enfant. " Alors il prit son bâton, se tournavers un des hommes à barbe blonde, lui donna le bâton et dit: "FrèreMai, les violettes sont votre affaire. Voulez-vous aider cette petitefille?" "Certainement, " répondit Frère Mai. Il prit le bâton et attisa le feu. En un instant la glace disparut, et la neige aussi. La petite fillen'avait plus froid, elle avait chaud. Un instant après elle vit quel'herbe était verte, et bientôt elle vit beaucoup de violettes dansl'herbe. Alors Frère Mai se tourna vers elle et dit: "Ma chère petite fille, cueillez un bouquet de violettes, aussi vite que possible, et partez. "La petite fille cueillit un bouquet de violettes, dit: "Merci, mon bonmonsieur Mai, " et partit. Frère Mai donna le bâton à l'homme à barbe blanche, il attisa le feu, eten un instant les violettes et l'herbe avaient disparu, et la glace etla neige étaient là comme avant. La petite fille alla à la maison et frappa à la porte. La mère ouvrit laporte et dit: "Avez-vous les violettes?" "Oui, ma mère, " réponditClaire, et elle donna les violettes à sa mère. "Où avez-vous trouvé cesviolettes?" dit la mère. "Dans la forêt, " répondit Claire, "il y avaitbeaucoup de violettes dans l'herbe. " La mère de Claire était trèssurprise, mais elle ne dit rien. Le lendemain la méchante fille dit à sa mère: "Ma mère, envoyez Claire àla forêt cueillir des fraises. " "Des fraises, dans cette saison, c'estimpossible, ma fille, " répondit la mère. Mais Laure insista, et la mèredit à Claire: "Allez à la forêt cueillir des fraises pour votre soeur. "Claire regarda sa mère avec surprise, et dit: "Ma mère, c'estimpossible! Dans cette saison il y a de la glace et de la neige dans laforêt mais pas de fraises. " Mais la mère insista, et la pauvre Clairepartit. Elle alla à la forêt, chercha les fraises, et trouva seulement de laneige et de la glace. La pauvre fille dit: "J'ai froid! où y a-t-il dufeu?" Elle regarda à droite et à gauche, et elle vit un grand feu à unegrande distance. Elle s'approcha de ce feu et vit les douze hommes. Trois hommes avaient des barbes blanches et des robes blanches, troishommes avaient des barbes blondes et des robes vertes, trois hommesavaient des barbes brunes et des robes jaunes, et trois hommes avaientdes barbes noires et des robes violettes. La petite fille s'approcha et dit à l'homme à barbe blanche qui avait unbâton à la main: "Monsieur, j'ai froid, voulez-vous me permettre de mechauffer à votre feu?" "Certainement, " répondit l'homme. "Mon enfant, que cherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Des fraises, monsieur. " "Des fraises, " répéta l'homme avec surprise, "ce n'est pas lasaison des fraises. C'est la saison de la glace et de la neige. " Lapetite fille répondit: "Ma mère a dit, 'Allez à la forêt cueillir desfraises pour votre soeur, ' et je suis forcée d'obéir. " Alors l'homme à barbe blanche donna son bâton à un des hommes à barbebrune, et dit: "Frère Juin, les fraises sont votre affaire. Voulez-vousaider cette petite fille?" "Avec le plus grand plaisir, " répondit Frère Juin. Il prit le bâton etattisa le feu. En un instant toute la neige et toute la glace avaientdisparu. La petite fille n'avait plus froid, elle avait chaud. Elle vitl'herbe verte, et quelques minutes après elle vit beaucoup de fraisesdans l'herbe. Alors Frère Juin se tourna vers elle et dit, "Ma chère petite fille, cueillez vos fraises, vite, vite, et partez. " La petite fille cueillitles fraises, dit: "Merci, mon bon monsieur Juin, " et partit. Frère Juin donna le bâton à Frère Janvier. Il attisa le feu et en uninstant les fraises avaient disparu, et la neige et la glace étaient làcomme avant. La petite fille retourna à la maison et frappa à la porte. La mèreouvrit la porte, et demanda: "Où sont les fraises?" Claire donna lesfraises à sa mère. "Où avez-vous trouvé ces fraises?" demanda la mère. "Dans la forêt;" répondit la petite fille, "il y avait beaucoup defraises dans l'herbe. " La mère était très surprise. Elle donna lesfraises à la méchante fille, qui les mangea toutes. Le lendemain la méchante fille dit à sa mère: "Ma mère, envoyez Claire àla forêt cueillir des pommes. " La mère dit: "Ma fille, il n'y a pas depommes dans la forêt dans cette saison. " Mais la méchante fille insista, et la mère dit à Claire: "Ma fille, allez dans la forêt cueillir despommes pour votre soeur. " Claire regarda sa mère avec surprise et dit:"Mais, ma mère, il n'y a pas de pommes dans la forêt dans cette saison. "La mère insista, et Claire partit. Elle regarda à droite et à gauche, mais elle ne trouva pas de pommes. Elle avait froid, et dit: "Où y a-t-il du feu?" Dans un instant elle vitle même feu et les mêmes hommes. Elle s'approcha et dit à l'homme à barbe blanche qui avait le bâton à lamain: "Mon bon monsieur, voulez-vous me permettre de me chauffer à votrefeu?" L'homme répondit: "Certainement, ma pauvre enfant; quecherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Je cherche des pommes, monsieur. " "C'est la saison de la neige et de la glace, ma pauvreenfant, ce n'est pas la saison des pommes. " "Oui, monsieur, mais ma mère a dit: 'Allez chercher des pommes, ' et jesuis forcée d'obéir, " dit Claire. Alors l'homme à barbe blanche prit son bâton, se tourna vers un deshommes à barbe noire et dit: "Frère Septembre, les pommes sont votreaffaire. Voulez-vous aider cette pauvre petite fille?" "Certainement, " répondit Frère Septembre. Il prit le bâton, attisa lefeu, et dans un instant la petite fille vit un pommier, tout couvert depommes. Alors Frère Septembre se tourna vers la petite fille, et dit:"Ma chère petite fille, cueillez deux pommes, vite, vite, et partez. " Lapetite fille cueillit deux pommes rouges, dit: "Merci, mon bonmonsieur, " et partit. Frère Septembre donna le bâton à Frère Janvier, qui attisa le feu, et àl'instant le pommier disparut, et les pommes rouges aussi, et la neigeet la glace étaient là comme avant. La petite fille retourna à la maison, elle frappa à la porte. La mèreouvrit la porte, et demanda: "Avez-vous les pommes?" "Oui, ma mère, "répondit la petite fille. Elle donna les pommes à sa mère et entra dansla maison. La mère donna les pommes à la méchante fille. La méchantefille mangea les deux pommes, et demanda à Claire: "Ma soeur, oùavez-vous trouvé ces grosses pommes rouges?" "Dans la forêt, il y avaitun grand pommier tout couvert de pommes rouges, " répondit Claire. La méchante fille dit à sa mère le lendemain: "Ma mère, donnez-moi monmanteau et mon capuchon. Je vais à la forêt cueillir beaucoup deviolettes, de fraises, et de pommes. " La mère donna le manteau et lecapuchon à Laure, qui partit. Elle alla dans la forêt, elle vit de la glace et de la neige, mais ellene vit pas de violettes. Elle ne vit pas de fraises, et elle ne vit pasde pommes. Elle chercha à droite, elle chercha à gauche, en vain. Alorselle dit: "J'ai froid, où y a-t-il du feu?" Elle regarda à droite et àgauche, et vit le grand feu et les douze hommes, assis en silence autourdu feu. Laure s'approcha, et l'homme qui avait le bâton dit: "Mon enfant, quecherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Rien, " dit la méchantefille, qui était aussi très impolie. Frère Janvier prit son bâton, attisa le feu, et dans un instant la neigecommença à tomber. La méchante fille partit pour aller à la maison, maisen route elle tomba dans la neige et périt. La mère dit: "Où est Laure?" Un moment après la mère prit son manteau etson capuchon et partit pour chercher Laure. Elle chercha dans la forêt, elle arriva aussi au grand feu et vit les douze hommes. Frère Janvier dit: "Ma bonne femme, que cherchez-vous dans la forêt danscette saison?" "Rien, " répondit la mère, qui était aussi impolie. Frère Janvier prit son bâton, attisa le feu, et à l'instant la neigecommença à tomber. La mère partit pour aller à la maison, mais en routeelle tomba dans la neige et périt aussi. La bonne fille était seule dans la maison, mais douze fois par an ellerecevait la visite d'un des douze hommes. Décembre, Janvier, et Févrierapportaient de la glace et de la neige; Mars, Avril, et Mai apportaientdes violettes; Juin, Juillet, et Août apportaient de petits fruits; etSeptembre, Octobre, et Novembre apportaient beaucoup de pommes. Lapetite fille était toujours très polie, et les douze mois étaient sesbons amis. LA ROSE MOUSSEUSE. [3] [Note 3: The story of the "Moss Rose" has been developed from thefollowing beautiful lines by Krummacher:-- "Weary of pleasure, And laden with treasure, The Angel of flowers Had wandered for hours; When he sunk to his rest With his wings on his breast. And the rose of the glade Lent her beautiful shade, To guard and to cover The flower king's slumber. When the Angel awoke, Then in rapture he spoke: "Thou queen of my bowers, Thou fairest of flowers, What gift shall be mine, And what guerdon be thine?" "In guerdon of duty Bestow some new beauty, " She said, and then smiled, Like a mischievous child. In anger he started, But ere he departed, To rebuke the vain flower, In the pride of her power, He flung some rude moss Her fair bosom across. But her new robes of green So became the fair queen, That the Angel of flowers Mistrusted his powers, And was heard to declare He had granted her prayer. ] L'Amour alla un jour se promener dans la forêt. C'était un beau jour aumois de Juin. L'Amour se promena longtemps, longtemps. Il se promena silongtemps qu'il se trouva enfin fatigué, bien fatigué. "Oh!" dit L'Amour, "je suis si fatigué!" Et L'Amour se coucha surl'herbe verte pour se reposer. Tous les petits oiseaux de la forêtarrivèrent vite, vite pour voir l'Amour. L'Amour était si joli, si blancet rose. L'Amour avait de si jolis cheveux blonds et de si jolis yeuxbleus. "Oh!" dirent tous les petits oiseaux de la forêt. "Regardez le petitAmour! Comme il est joli! Comme il est blanc et rose! Quel joli Amour!Quels jolis cheveux blonds! Quels jolis yeux bleus!" Tous les oiseaux se perchèrent sur les branches et commencèrent àchanter en choeur: "Quel joli petit Amour!" Le petit Amour ferma ses jolis yeux bleus. Le petit Amour s'endormit. Ils'endormit profondément. Les petits oiseaux continuèrent à chanter, "Quel joli petit Amour!" Alors le Soleil dit: "Les petits oiseaux de la forêt chantent tous:'Quel joli petit Amour!' Où est ce joli petit Amour?" et le Soleil entradans la forêt pour chercher le joli petit Amour. Le Soleil entra dans la forêt, et, guidé par le chant des petitsoiseaux, il arriva bientôt à la place où le joli petit Amour étaitcouché sur l'herbe verte. "Oh!" dit le Soleil, "Quel joli petit Amour! Comme il est blanc et rose!Quels jolis cheveux blonds! Quelle est la couleur des yeux de ce jolipetit Amour?" Le Soleil était curieux, très curieux, mais la Rose qui était là dit:"Non, non, Soleil, vous êtes curieux, très curieux, mais le joli petitAmour dort. Partez, méchant Soleil, partez vite. L'Amour dortprofondément, et les petits oiseaux chantent. Partez! "Oh non!" dit le Soleil. "Je veux voir quelle est la couleur des yeux dece joli petit Amour. " "Non, non!" dit la Rose, et elle se pencha sur L'Amour, et elle leprotégea. La Rose protégea le petit Amour, et le Soleil, le Soleilcurieux, resta dans la forêt, et dit: "Je veux voir la couleur des yeux de ce joli petit Amour. Je resteraiici, dans la forêt, et quand l'Amour ouvrira les yeux, je serai content, très content. " Le Soleil resta dans la forêt, les oiseaux chantèrent, la Rose protégeal'Amour, et l'Amour dormit profondément. Enfin l'Amour ouvrit les yeux. "Oh!" dit le Soleil, "j'ai vu la couleur des yeux de l'Amour. L'Amour ales yeux bleus!" "Mais oui!" chantèrent les petits oiseaux de la forêt: "L'Amour a lesyeux bleus!" "Oui, certainement, " dit la Rose, "L'Amour a les yeux bleus!" L'Amour regarda le Soleil, et dit: "Oh Soleil" pourquoi êtes-vous entrédans la forêt?" "Oh!" dit le Soleil, "j'ai entendu les oiseaux qui chantaient: 'Oh, lejoli petit Amour'; et je suis entré dans la forêt pour vous voir. " L'Amour dit au Soleil, "Oh Soleil, vous êtes curieux, très curieux. " "Oui, " dit le Soleil, "je suis curieux, mais la Rose vous a protégé. " "Merci! chère Rose, " dit le joli petit Amour, "merci, merci. Vous êtesbien bonne, chère Rose, et vous êtes aussi belle que bonne. Quellerécompense voulez-vous, chère Rose, vous qui êtes la plus belle detoutes les fleurs?" "Oh!" dit la Rose. "Donnez-moi un charme de plus!" "Comment!" dit l'Amour, surpris. "Vous demandez un charme de plus. Impossible! Je vous ai déjà donné tous les charmes. Je vous ai donné uneforme parfaite. Je vous ai donné une couleur charmante. Je vous ai donnéun parfum délicat. Je vous ai donné tous les charmes et toutes lesgrâces, et vous demandez un attrait (charme) de plus. Ce n'est pasraisonnable!" "Oh!" dit la Rose, "raisonnable ou pas raisonnable, je vous demande unattrait de plus, cher Amour. Je vous ai protégé. Récompensez-moi!" L'Amour dit: "C'est impossible!" Mais la Rose insista. Enfin l'Amour, encolère, dit: "Rose, vous êtes belle, vous êtes la plus belle des fleurs, mais vous n'êtes pas sage (bonne). " Et l'Amour prit de la mousse. Iljeta la mousse sur la Rose, et dit: "Vous ne méritez rien que cela!" La Rose, couverte de mousse verte, parut plus belle que jamais, et laRose dit avec joie: "Merci, mon joli petit Amour! Merci, vous m'avezdonné une récompense. Vous m'avez donné une grâce de plus. " "Oui!" ditl'Amour, surpris. "Je vous ai donné une grâce de plus!" Le Soleil regarda la Rose, et dit aussi: "Mais oui! la Rose a une grâcede plus. " Et tous les petits oiseaux chantèrent: "Mais oui, le jolipetit Amour a donné une grâce de plus à la Rose, à la plus belle desfleurs. " Et l'Amour partit en chantant aussi: "La Rose mousseuse est la plusbelle des fleurs. Elle est bonne aussi. Elle m'a protégé quand le Soleilest arrivé pour voir la couleur de mes yeux qui sont bleus. " Et depuis ce jour la Rose, cette coquette, a toujours porté un peu demousse verte. LES TROIS SOUHAITS. [4] [Note 4: Another version of this story can be found in "Les Contesde Fées de Charles Perrault, " where it is entitled "Les SouhaitsRidicules. "] Il y avait une fois un homme qui était très pauvre. Il demeurait avec safemme dans une misérable petite maison. Tous les jours l'homme allait àla forêt pour couper du bois. Un jour il était dans la forêt et dit: "Jesuis bien misérable! Je suis pauvre, je suis forcé de travailler tousles jours. Ma femme a faim, j'ai faim aussi. Oui, je suis bienmisérable!" A cet instant une jolie petite fée parut, et dit: "Mon pauvre homme, j'ai entendu tout ce que vous avez dit. J'ai compassion de vous, etcomme je suis fée je vous accorderai trois souhaits. Demandez ce quevous voulez, et vos trois souhaits seront accordés. " La fée disparut après avoir parlé ainsi, et le pauvre homme resta toutseul dans la forêt. Il était très content maintenant, et dit: "Je vais àla maison. Je vais dire à ma femme qu'une fée m'a accordé troissouhaits. " Le pauvre homme alla à la maison, et dit à sa femme: "Ma femme, je suistrès content. J'ai vu une fée dans la forêt. La fée a dit: 'Mon pauvrehomme, j'ai compassion de vous. Je suis fée, et je vous accorderai troissouhaits. Demandez ce que vous voulez. ' Ma femme, je suis très content. " "Oh oui, " dit la pauvre femme, "je suis très contente aussi. Entrez dansla maison, mon cher ami, et nous parlerons ensemble de la fée et destrois souhaits. " "Certainement, " dit l'homme. Il entra dans la maison, s'assit près de latable, et dit: "Ma femme, j'ai faim. Je propose de dîner. Pendant ledîner nous parlerons ensemble de la fée et des trois souhaits. " Le pauvre homme et la pauvre femme s'assirent près de la table etcommencèrent à manger et à causer (=parler) ensemble. Le pauvre hommedit: "Ma femme, nous pouvons demander de grandes richesses. " "Oui, " ditla femme, "nous pouvons demander une jolie maison. " L'homme dit: "Nouspouvons demander un empire. " La femme répondit: "Oui, nous pouvonsdemander des perles et des diamants en grande quantité. " L'homme dit:"Nous pouvons demander une grande famille, cinq fils et cinq filles. ""Oh, " dit la femme, "je préfère six fils et quatre filles. " L'homme et la femme continuèrent ainsi, leur conversation, mais ils nepouvaient pas décider quels souhaits seraient les plus sages. L'homme mangea sa soupe en silence regarda le pain sec, et dit: "Oh!j'aimerais avoir une bonne grosse saucisse pour dîner. " Au même instantune grosse saucisse tomba sur la table. L'homme regarda la saucisse avecla plus grande surprise, la femme aussi. Alors la femme dit: "Oh, mon mari, vous avez été très imprudent. Vousavez demandé une saucisse seulement. Un souhait est accordé. Maintenantil reste seulement deux souhaits. " "Oui, " dit l'homme, "j'ai étéimprudent, mais il y a encore deux souhaits. Nous pouvons demander degrandes richesses et un empire. " "Oui, " dit la femme, "nous pouvons demander encore de grandes richesseset un empire, mais nous ne pouvons pas demander dix enfants. Vous avezété si imprudent. Vous avez demandé une saucisse. Vous préférez unesaucisse, sans doute, à une grande famille. " Et la pauvre femme continuases lamentations et répéta si souvent: "Vous avez été très imprudent, "que l'homme perdit patience et dit: "Je suis fatigué de voslamentations: je voudrais que cette saucisse fût pendue au bout de votrenez!" Un instant après la saucisse était pendue au bout du nez de la pauvrefemme. La pauvre femme était très surprise, et l'homme aussi. La femmecommença à se lamenter encore plus, et dit à son mari: "Ah, mon mari, vous êtes bien imprudent. Vous avez demandé une saucisse, et maintenantvous avez demandé que cette saucisse fût pendue au bout de mon nez. C'est terrible. Deux souhaits sont accordés. Maintenant il resteseulement un souhait!" "Oui, " dit l'homme. "Mais nous pouvons demander de grandes richesses. ""Oui, " dit la femme, "mais j'ai une saucisse pendue au bout du nez. Jesuis ridicule. J'étais jolie, maintenant je suis laide, et c'est devotre faute!" et la pauvre femme pleura. L'homme regarda sa femme, et dit: "Oh, j'aimerais que cette saucisse nefût pas ici. " À l'instant la saucisse disparut, et l'homme et la femmeétaient aussi pauvres qu'avant. La femme se lamenta, l'homme aussi, maisles trois souhaits avaient été accordés, et l'homme se trouva obligé demanger son pain sec. Après le dîner il retourna à la forêt pour couper du bois. Il dit: "Jesuis bien bien misérable, " mais la fée n'arriva pas, et il restatoujours pauvre. Il n'avait pas de richesses, il n'avait pas d'empire, il n'avait pas de perles, il n'avait pas de diamants, il n'avait pas defils, il n'avait pas de filles, et il n'avait pas même une saucisse pourson dîner. Sa femme continua à pleurer, et elle disait tous les jours à son mari:"Ah, si vous n'aviez pas été si imprudent, nous serions riches etcontents, et nous aurions une grande famille. Hélas! hélas!" LE CHAT ET LE RENARD. [5] [Note 5: A Russian folk story. The cat is considered a foreigner whohas just arrived from Siberia, while the fox, the bear, and the wolf arequite at home in the forest. ] Un paysan avait un chat qui était très méchant et si désagréable quetout le monde le détestait. Le paysan était fatigué de ce chat, et unjour il le mit dans un grand sac. Le paysan porta le sac dans le bois(la forêt), et quand il fut arrivé à une grande distance de la maison, il ouvrit le sac, et le méchant chat sortit. Le chat resta dans la forêt, où il trouva une petite cabane. Le chatdemeura dans cette cabane et mangea beaucoup de souris et d'oiseaux. Unjour le chat alla se promener dans la forêt et rencontra MademoiselleRenard. Elle regarda le chat avec curiosité, et dit: "Mon beau monsieur, qui êtes-vous? Que faites-vous dans la forêt?" "Je suis le bailli de la forêt. Mon nom est Ivan. J'arrive de la Sibériepour gouverner cette forêt. " "Oh, " dit Mademoiselle Renard. "Je vous prie, Monsieur le bailli de laforêt, venez dîner avec moi. " Le chat accepta l'invitation, et au dîner Mademoiselle Renard dit:"Monsieur le bailli, êtes-vous garçon ou marié?" "Je suis garçon, " répondit le chat. "Et moi, je suis demoiselle. Monsieur le bailli, épousez-moi!" Le chat consentit à ce mariage, qui fut célébré avec beaucoup decérémonie. Le lendemain du mariage, le chat dit à sa femme: "MadameRenard, j'ai faim; allez à la chasse et apportez-moi un bon dîner. "Madame Renard partit. Elle rencontra le loup, qui dit: "Oh ma chèreamie, je vous cherche depuis longtemps en vain. Où avez-vous été?" "Chez mon mari, le bailli de la forêt, car je suis mariée!" "Vous, mariée!" dit le loup avec surprise. "J'aimerais faire visite àvotre mari. " "Très-bien, " dit Madame Renard, "mais comme mon mari est terrible, jevous conseille d'apporter un agneau. Déposez l'agneau à la porte, etcachez-vous; sans cela il vous dévorera. " Le loup courut chercher un agneau pour le chat. Madame Renard continuasa route. Elle rencontra l'ours. L'ours dit: "Bonjour, ma chère amie. D'où venez-vous?" "De la maison de mon mari, " répondit Madame Renard. "Mon mari est lebailli Ivan. " "Oh!" dit l'ours, "permettez-moi de faire visite à votre mari. " "Certainement, " répondit Madame Renard, "mais mon mari a la mauvaisehabitude de dévorer tous les animaux qu'il n'aime pas. Allez chercher unboeuf. Apportez-le-lui en hommage. Le loup apportera un agneau. " L'ours partit; il alla chercher un boeuf. Il rencontra le loup avec unagneau. Le loup dit: "Mon ami l'ours, où allez-vous?" "Chez le mari de Madame Renard. Je lui porte un boeuf. Où allez-vous, mon cher loup?" "Je vais aussi chez le mari de Madame Renard. Je lui porte un agneau. Madame Renard dit que son mari est terrible!" Les deux animaux continuèrent leur route; ils arrivèrent bientôt près dela maison du chat. Le loup dit à l'ours: "Allez, mon ami, frappez à laporte, et dites au mari de Madame Renard que nous avons apporté un boeufet un agneau. " "Oh non!" dit l'ours, "j'ai peur. Allez vous-même!" "Impossible, " dit le loup, "mais voilà le lièvre, il ira pour nous. " Le lièvre alla à la cabane. Le loup se cacha sous les feuilles sèches, et l'ours grimpa sur un arbre. Quelques minutes après Madame Renard arriva avec le chat, son mari. "Oh!" dit le loup à l'ours. "Le mari de Madame Renard est très petit. " "Oui!" dit l'ours avec mépris, "il est en effet fort petit!" Le chat arriva. Il sauta sur le boeuf, et dit avec colère: "C'est peu, très peu!" "Oh!" dit l'ours avec surprise; "il est si petit, et il a unsi grand appétit! Un taureau est assez grand pour quatre ours. Il estterrible en effet!" Le loup, caché sous les feuilles, trembla. Le chat entendit un petitbruit dans les feuilles. Il pensa qu'une souris était cachée sous lesfeuilles, et il courut et enfonça ses griffes dans le museau du loup. Leloup pensa que le chat voulait le dévorer, et il partit vite, vite. Le chat, qui avait peur du loup, sauta sur l'arbre. "Oh!" dit l'ours. "Le chat m'a vu, il m'a vu, il va me dévorer!" Etl'ours descendit rapidement de l'arbre et suivit le loup. Madame Renard, qui avait tout vu, cria: "Mon mari vous dévorera, mon mari vousdévorera!" L'ours et le loup racontèrent leurs aventures à tous lesautres animaux de la forêt, et tous les animaux avaient peur du chat. Mais le chat et Madame Renard étaient très heureux, car ils avaientbeaucoup de viande à manger. BLANCHE-NEIGE. [6] [Note 6: This is the Russian version of the myth of the Snow Maiden, which appears in the folk tales of all northern nations. Small at thebeginning of the season, the child's rapid growth is emblematic of therapid increase of the cold, and her sudden disappearance in the woods istypical of the melting of the last snows, which linger longest in thedense forests where the sunbeams cannot penetrate. ] Il y avait un paysan appelé Ivan, sa femme se nommait Marie. Ces paysansn'avaient pas d'enfants, et ils étaient très tristes. Un jour, en hiver, le paysan était assis à la fenêtre. Il vit les enfants du village quijouaient dans la neige. Les enfants étaient très occupés. Ils faisaientune bonne femme de neige. Ivan dit à sa femme: "Ma femme, regardez ces enfants, ils s'amusent, ilsfont une bonne femme de neige. Venez dans le jardin, amusons-nous àfaire une bonne femme de neige. " Le paysan et sa femme allèrent dans le jardin, et la femme dit: "Monmari, nous n'avons pas d'enfants; faisons un enfant de neige. " "Voilà une bonne idée!" dit l'homme. Et il commença à façonner un petitcorps, de petites mains, de petits pieds. La femme façonna une petitetête et la plaça sur les épaules de la statue de neige. Un homme passait sur la route; il les regarda un instant en silence, puis il dit: "Dieu vous aide. " "Merci, " dit Ivan. "Le secours de Dieu est toujours bon à quelque chose, " répondit Marie. "Que faites-vous donc?" demanda le passant. "Nous faisons une fille de neige, " dit Ivan. Et en parlant ainsi il fitle nez, le menton, la bouche et les yeux. En quelques minutes l'enfantde neige était finie. Ivan la regarda avec admiration. Tout à coup ilremarqua que la bouche et les yeux s'ouvraient. Les joues et les lèvreschangèrent de couleur, et quelques minutes après il vit devant lui uneenfant vivante. "Qui êtes-vous?" dit-il tout surpris de voir une enfant vivante à laplace de la petite statue de neige. "Je suis Blanche-Neige, votre fille, " dit l'enfant, et elle embrassal'homme et la femme, qui commencèrent à pleurer de joie. Les parentsconduisirent Blanche-Neige dans la maison, et elle commença à grandirtrès rapidement. Toutes les petites filles du village arrivèrent chez le paysan pourjouer avec la charmante petite fille. Elle était si bonne et si jolie. Elle était blanche comme la neige, elle avait les yeux bleus comme leciel, sa longue chevelure dorée était admirable, et bien que ses jouesne fussent pas aussi roses que celles des autres enfants du village, elle était si douce que tout le monde l'aimait beaucoup. L'hiver se passa très rapidement, et Blanche-Neige grandit si vite quequand le soleil du printemps fit verdir l'herbe, elle était aussi grandequ'une fille de douze ou treize ans. Pendant l'hiver Blanche-Neigeavait toujours été très gaie, mais quand le beau temps arriva elle étaittoute triste. La mère Marie remarqua sa tristesse, et dit: "Ma chèreenfant, pourquoi êtes-vous triste? Êtes-vous malade?" "Non, je ne suispas malade, ma bonne mère, " répondit l'enfant, et elle resta tranquilledans la maison. Les petites filles du village arrivèrent et dirent: "Blanche-Neige, venez avec nous, venez avec nous, nous allons au bois cueillir desfleurs. " "Voilà une bonne idée!" dit Marie. "Allez au bois avec vos petitesamies, mon enfant, allez et amusez-vous bien!" Les enfants partirent. Elles allèrent au bois, elles cueillirent desfleurs, elles firent des bouquets et des couronnes, et quand le soirarriva elles firent un grand feu. "Maintenant, Blanche-Neige, regardez bien et faites comme nous, "dirent-elles, et elles commencèrent à chanter et à danser. Ellessautèrent aussi l'une après l'autre à travers le feu. [7] Tout à coupelles entendirent une exclamation: "Ah!" Toutes les petites fillesregardèrent, et un instant après elles remarquèrent que Blanche-Neigen'était plus là. [Note 7: Jumping through the fire is a vestige of heathenism. ] "Blanche-Neige, où êtes-vous?" crièrent-elles, mais Blanche-Neige nerépondit pas. Les petites filles cherchèrent en vain, elles netrouvèrent pas leur petite compagne. Ivan, Marie et tous les paysanscherchèrent aussi en vain, car la petite Blanche-Neige s'était changéeen une petite vapeur au contact du feu, et elle s'était envolée vers leciel d'où elle était venue sous la forme d'un flocon de neige. LES TROIS CITRONS. [8] [Note 8: One of the Austro-Hungarian folk tales. Different versionsof this story have been given, among others by Wratislaw, in his "SixtyFolk Tales from exclusively Slavonic Sources, " and by Laboulaye in hiswell-known "Fairy Book. "] Il y avait une fois un prince beau comme le jour, riche et aimable. Leroi, son père, désirait beaucoup de le voir marié, et tous les jours illui disait: "Mon fils, pourquoi ne choisissez-vous pas une femme parmitoutes les belles demoiselles de la cour?" Mais le fils regardait toutesles demoiselles avec indifférence, et refusait toujours de choisir unefemme. Enfin, un jour, fatigué des remontrances de son père, il dit: "Mon père, vous désirez me voir marié. Je n'aime pas les demoiselles dela cour. Elles ne sont pas assez jolies pour me plaire. Je propose defaire un long voyage, tout autour du monde, si c'est nécessaire, etquand je trouverai une princesse, aussi blanche que la neige, aussibelle que le jour, et aussi intelligente et aimable qu'un ange, je laprendrai pour femme, sans hésiter. " Le roi était enchanté de cette décision, dit adieu à son fils, luisouhaita un bon voyage, et le prince partit tout joyeux. Il commença son voyage gaiement, et alla tout droit devant lui. Enfin ilarriva à la mer, où il trouva un beau vaisseau à l'ancre. Il s'embarquasur ce vaisseau, et quelques minutes après des mains mystérieuses etinvisibles levèrent l'ancre, et le vaisseau quitta rapidement le port. Le prince navigua ainsi pendant trois jours. Alors le vaisseau arriva àune île. Le prince débarqua avec son cheval, et continua son voyage, malgré lefroid intense et la neige et la glace qui l'entouraient de tous côtés. Le prince était surpris de se trouver déjà en hiver, mais il continuabravement son chemin. Il arriva enfin à une toute petite maison blanche. Il heurta (=frappa) à la porte, et une vieille dame, aux cheveux blancs, ouvrit la porte. "Que cherchez-vous, jeune homme?" demanda-t-elle. "Je cherche une femme, la plus jolie au monde; pouvez-vous me dire où latrouver?" répondit le prince. "Non, il n'y a pas de femme pour vous dans mon royaume. Je suis l'Hiver, je n'ai pas le temps de m'occuper de mariages. Mais allez visiter masoeur, l'Automne, elle vous trouvera peut-être la femme idéale que vouscherchez. " Le prince remercia la belle dame aux cheveux blancs, remonta à cheval, continua son chemin et remarqua bientôt que la neige et la glace avaientdisparu, et que les arbres étaient tout couverts de beaux fruits. Ilarriva bientôt après à une petite maison brune, et frappa à la porte. Une belle dame, aux yeux et aux cheveux noirs, ouvrit la porte, etdemanda d'une voix bien douce: "Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous ici dans monroyaume?" "Je cherche une femme, " répondit le prince sans hésitation. "Une femme!" répéta la belle dame avec surprise. "Je n'ai pas de femmepour vous. Je suis l'Automne, et je suis très occupée, je vous assure, car j'ai tous les fruits à cueillir. Allez faire visite à ma soeur, l'Été, elle aura peut-être le temps de s'occuper de vous et de voustrouver une jolie femme. " Le prince, ainsi congédié, continua son voyage. Il remarqua avant bienlongtemps que l'herbe était haute, que le feuillage était épais, et quele blé était mûr. Il n'avait plus froid, au contraire il avait bienchaud, et il fut très content d'apercevoir une petite maison jaune, àpeu de distance. Arrivé à la porte de cette petite maison, il heurta, etune jolie femme, aux cheveux bruns et aux joues rouges, ouvrit la porteen demandant: "Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous dans mon royaume?" "Madame, " dit le prince avec la plus grande politesse, "j'ai eul'honneur de faire visite à vos deux soeurs, l'Hiver et l'Automne. Jeleur ai demandé de me trouver une femme, la plus jolie du monde, maiselles sont trop occupées et m'ont envoyé chez vous. Pouvez-vous meprocurer la femme charmante que je cherche depuis si longtemps en vain?" "Ah, mon prince, " répondit la belle dame aux cheveux bruns et aux jouesrouges, "je suis aussi fort occupée, et je n'ai pas le temps de voustrouver une femme. Mais allez faire visite à ma soeur, le Printemps, elle vous aidera certainement. " Le prince la remercia et partit. Quelques minutes après il remarqua quel'herbe était d'un vert plus tendre, que tous les arbres étaientcouverts de fleurs, et vit une petite maison verte, au milieu d'unjardin, où il y avait une grande quantité de belles fleurs: des tulipes, des jacinthes, des jonquilles, des violettes, des lilas, des muguets, etc. , etc. Notre héros heurta à la porte de cette petite maison, et une dame auxcheveux blonds et aux yeux bleus parut immédiatement. "Quecherchez-vous, jeune homme, " demanda-t-elle? "Je cherche une femme. Vos trois soeurs, l'Hiver, l'Automne et l'Étéétaient trop affairées pour m'en procurer une, mais j'espère bien quevous aurez compassion de moi, et que vous me trouverez la personnecharmante que je cherche depuis si longtemps en vain. " "Oui, mon prince, je vous aiderai, " répondit la jolie jeune femme. "Entrez dans ma petite maison, asseyez-vous là, à cette petite table, etje vous donnerai à boire et à manger, car vous avez sans doute bien faimet bien soif. " Le prince accepta cette invitation, entra, s'assit à table et mangea etbut avec plaisir. Quand il eut fini son repas, le Printemps lui apportatrois beaux citrons, un joli couteau d'argent et une magnifique couped'or, et dit: "Prince, voici trois citrons, un couteau d'argent et une coupe d'or. Jevous donne ces objets magiques. Quand vous arriverez tout près duchâteau de votre père, arrêtez-vous à la fontaine. "Prenez ce couteau d'argent, coupez le premier citron, et au mêmeinstant une belle princesse paraîtra. Elle vous demandera à boire. Sivous lui donnez immédiatement à boire dans la coupe d'or, elle resteraavec vous et sera votre femme; mais si vous hésitez, même un instant, elle disparaîtra, et vous ne la reverrez plus jamais. "Si vous avez le malheur de la perdre, coupez le second citron, et uneseconde princesse paraîtra, qui vous demandera aussi à boire. Si vous nelui donnez pas immédiatement à boire, elle disparaîtra aussi. "Alors vous couperez le troisième citron, une troisième princesseparaîtra; elle demandera à boire, et si vous lui permettez dedisparaître, aussi, vous n'aurez jamais de femme, et vous n'enmériterez pas, parce que vous aurez été trop stupide. " Le prince écouta les instructions de la jolie dame avec beaucoupd'attention; il prit le couteau d'argent, la coupe d'or et les troiscitrons, monta à cheval, et partit. Il passa à travers le royaume duPrintemps, de l'Été, de l'Automne, de l'Hiver, arriva au bord de la mer, trouva le vaisseau, s'embarqua, et arriva au bout de trois jours, auport où il s'était embarqué. Quelques jours après il arriva à lafontaine près du château de son père. Il descendit de cheval, prit les trois citrons et le couteau d'argent, remplit la coupe d'or d'eau pure à la fontaine, et quand ces préparatifsfurent tous finis il coupa le premier citron d'une main tremblante. Aumême instant une princesse, belle comme le jour, se présenta devant lui, et dit timidement: "Prince, j'ai soif, voulez-vous, s'il-vous-plaît, medonner à boire?" Mais le prince était si occupé à l'admirer, qu'il oublia larecommandation du Printemps, et ne lui donna pas à boire. La princessele regarda un instant d'un air de reproche, et puis elle disparut. Leprince, au désespoir, pleura et se lamenta. Il dit cent fois, au moins, qu'il était bien stupide de laisser échapper une si belle princesse, etenfin il se décida à couper le second citron. Une seconde princesse, plus belle que la première, se présentaaussitôt, et dit: "Prince, j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît. " Mais le pauvre prince était si surpris de sa beauté, qu'il resta là, la bouche ouverte, et oublia de lui donner à boire. Laseconde princesse le regarda d'un air de reproche, et disparut aussi. Alors le prince pleura et se lamenta, et dit au moins deux cents fois:"Je suis stupide, très stupide, " mais la princesse avait complètementdisparu. Après avoir pleuré longtemps, le prince se décida à couper le troisièmecitron, et une troisième princesse, plus belle que les deux autres, seprésenta devant lui: "Prince, " dit-elle, timidement, "j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît. " Le prince lui donna à boire immédiatement. Alors la princesse s'assit àcôté de lui, et quand il lui demanda si elle voulait bien être sa femme, elle rougit, et dit, "Oui. " Le prince la regarda avec admiration, et dit: "Que vous êtes belle! Vousêtes la plus belle personne du monde, j'en suis sûr! Mais votre roben'est pas belle. Elle est trop modeste. Attendez ici, et j'irai auchâteau de mon père, chercher une belle robe de satin blanc et unevoiture pour vous présenter à mon père comme une grande dame. " La princesse était très timide; elle avait peur de rester seule, maisenfin elle consentit à rester près de la fontaine, et le prince partit. Il alla au château de son père, dit qu'il avait trouvé une princesse, blanche comme la neige, belle comme le jour, et aimable et intelligentecomme un ange, et promit de la présenter dans une heure. Alors le prince alla demander une belle robe de satin blanc à sa soeurfavorite, donna ordre de préparer la plus belle voiture, et fit tous lespréparatifs nécessaires pour recevoir la princesse avec honneur. Quandtout fut prêt, il monta en voiture pour aller chercher la belleprincesse qu'il était impatient de revoir. Pendant son absence, la princesse, qui avait peur de rester là touteseule, grimpa dans un grand arbre, près de la fontaine, et se cacha dansle feuillage. Tout son corps était complètement caché, mais sa joliefigure était visible, et se reflétait dans l'eau pure de la fontaine, comme dans un miroir. Quelques minutes après, une négresse arriva à la fontaine pour chercherde l'eau. Elle avait une grande cruche, elle se pencha sur l'eau, vit lajolie figure, et regarda à droite et à gauche pour découvrir la personneà qui cette jolie figure appartenait. Mais elle ne vit personne, etdécida bientôt que l'image qu'elle voyait dans l'eau était celle de sapropre figure: "Oh, que je suis jolie, " dit-elle avec joie. "Que je suis jolie. Je suisaussi jolie qu'une princesse. Ma maîtresse dit toujours: 'Lucie, vousêtes laide, laide à faire peur, ' mais ce n'est pas vrai. Je suis jolie, et ma maîtresse est jalouse parce que je suis plus jolie qu'elle. Jesuis trop jolie pour porter de l'eau!" Et la négresse cassa sa cruchesur les pierres, et retourna chez sa maîtresse, qui attendait l'eau avecimpatience. "Où est la cruche?" demanda-t-elle. "Où est l'eau que je vous ai dit dem'apporter?" "J'ai cassé la cruche, je suis trop jolie pour porter de l'eau, " dit lanégresse. "Vous! Jolie!" dit la dame avec étonnement (surprise), "vous êtes laideà faire peur!" Et la maîtresse, en colère, battit la pauvre négresse, lui donna une autre cruche, et la renvoya, en pleurant à la fontaine. La négresse retourna lentement à la fontaine, se pencha sur l'eau, vitla même jolie figure, et dit: "Oh, que je suis jolie! Je suis sûre queje suis la plus jolie personne du monde! Je ne porterai pas l'eau pourma maîtresse, " et elle cassa la seconde cruche et retourna à la maisonsans eau. "Où est l'eau de la fontaine, esclave?" demanda la maîtresseimpérieusement. "L'eau est dans la fontaine, et la cruche est cassée. Je ne serai plusvotre servante. Je suis trop jolie. Je suis assez jolie pour épouser leprince. " Alors la maîtresse commença à rire, et dit: "Que vous êtes absurde, Lucie; vous êtes laide, laide à faire peur; retournez à la fontaine!" La négresse retourna à la fontaine avec une troisième cruche et sepencha sur l'eau. Quand elle vit la jolie figure, réfléchie dans l'eaulimpide, elle dit: "Oh, que je suis jolie!" et cette fois elle parla sihaut que la princesse dans l'arbre l'entendit. Amusée par cesexclamations, elle se mit à rire. La négresse, surprise, leva la tête, et vit la jolie princesse: "Ah, " pensa-t-elle, "c'est cette personne-làqui a causé tout mon malheur! Je me vengerai!" Alors d'une voix bien douce, elle, dit: "Ma jolie dame, pourquoiêtes-vous dans cet arbre?" "Pour attendre le prince, mon fiancé, qui est allé au palais du roi, sonpère, chercher une belle robe de satin blanc, et une voiture. " "Ma jolie dame, vos beaux cheveux blonds sont en désordre, voulez-vousme permettre de grimper dans l'arbre et de vous les arranger?" La princesse consentit, la négresse grimpa sur l'arbre, prit une grandeépingle, et perça la tête de la pauvre princesse, qui jeta un criterrible et disparut. La négresse, surprise, leva la tête et vit un jolipigeon blanc qui s'envolait en poussant des cris plaintifs. Alors lanégresse s'assit à la place de la princesse et attendit le retour duprince. Quelques minutes après le prince arriva avec toute sa suite. Il regardaà droite et à gauche, et ne vit personne. Il commença à appeler: "Ma princesse, ma belle fiancée, ma bien-aimée, où êtes-vous?" "Ici, " répondit la négresse. Le prince courut à l'arbre avec empressement. Mais quelle ne fut pas sasurprise et son chagrin quand il vit la vilaine négresse, au lieu de sacharmante fiancée. "Où est ma princesse, ma fiancée, une dame belle comme le jour etblanche comme la neige?" demanda-t-il. "Je suis votre fiancée, " dit la négresse; "je suis la belle princesse, je suis votre bien-aimée. Mais pendant votre absence une méchante féeest venue et m'a changée en négresse, comme vous voyez. " Le prince était un homme d'honneur, et comme il avait demandé la main dela jolie princesse, il pensa: "Je suis forcé d'épouser cette personne, parce qu'elle déclare qu'elle est ma fiancée. " Alors il aida la négresse à descendre de l'arbre et appela les damesd'honneur, qui regardèrent leur nouvelle souveraine avec dégoût. Leprince leur ordonna de vêtir la négresse, et elles lui donnèrent labelle robe de satin blanc, le voile de mariée, et la couronne de fleursd'oranger. Mais toute cette belle toilette la faisait paraître pluslaide que jamais. Quand la toilette de la négresse fut complètement finie, le prince laconduisit à la voiture, prit place à côté d'elle, et alla au château. Levieux roi, anxieux de voir la beauté de sa future belle-fille, la reçutà la porte. Il regarda la négresse avec surprise, se tourna vers sonfils et dit avec colère: "Mon fils, êtes-vous fou? Vous avez dit que la princesse que vous aviezchoisie était plus blanche que la neige, plus belle que le jour, intelligente et aimable comme un ange, et maintenant vous arrivez avecune vilaine négresse, qui est laide à faire peur. " Le roi était si en colère contre son fils qu'il lui tourna le dos, etalla dans sa chambre, où il pleura de rage. Le prince conduisit la négresse à l'appartement qui avait été préparépour elle. Il plaça le château et tous les domestiques à sa disposition, et lui dit que leur mariage aurait lieu seulement le lendemain. Alors le prince alla trouver son père, lui raconta toutes ses aventures, et déclara qu'il ne se consolerait jamais de la perte de la jolieprincesse, mais, qu'étant un homme d'honneur, il ne pourrait jamaisrefuser d'épouser la négresse. Pendant que le prince était avec son père, la négresse, heureuse decommander aux autres, alla partout dans le palais, donna des ordres àtous les domestiques, et arriva enfin à la cuisine, où elle dit au chefde faire beaucoup de bonnes choses à manger. Pendant qu'elle donnait cet ordre, un joli pigeon blanc vint se posersur un arbre, tout près de la fenêtre de la cuisine, et poussa un petitcri plaintif. La négresse vit le pigeon, le montra au chef, et dit:"Chef, prenez votre grand couteau, coupez la tête à ce pigeon, etfaites-le rôtir pour mon souper. " Le cuisinier prit son grand couteau, alla dans le jardin, et tua lepauvre petit pigeon blanc. Trois gouttes de sang tombèrent à terre, etle chef porta le pigeon à la cuisine pour le rôtir pour le souper de lanégresse, sa nouvelle maîtresse. Le prince avait quitté son père, et il s'était retiré dans sa chambrepour pleurer la belle princesse. Il était près de la fenêtre; il vit lecuisinier tuer le pigeon blanc, et il remarqua les trois gouttes de sangqui tombèrent à terre. Quelques minutes après que le cuisinier fut parti, le prince remarquatrois petites plantes qui sortaient de terre à la place où les troisgouttes de sang du pigeon étaient tombées. Ces trois petites plantespoussaient avec une rapidité extraordinaire, et en quelques minutes leprince vit avec surprise trois arbres, tout couverts de fleurs. Quelques minutes après les fleurs avaient disparu, et le prince remarquatrois fruits verts. En un instant les fruits étaient mûrs, et le princevit avec surprise que ces fruits étaient trois citrons. Il descenditdans le jardin, cueillit les trois citrons, remonta dans sa chambre, remplit la coupe d'or d'eau fraîche, et prit le couteau d'argent. Le pauvre prince coupa le premier citron, en tremblant; la premièreprincesse parut, et demanda à boire, mais le prince dit: "Oh non, charmante princesse, ce n'est pas vous que je veux pour femme. " Il coupale second citron, la seconde princesse parut, et il lui refusa aussi àboire. Mais quand il coupa le troisième citron et que la troisièmeprincesse parut, il lui donna à boire avec empressement, et elle restaavec lui, et il l'embrassa avec joie. La jolie princesse raconta toutes ses aventures au prince, et il dit quela négresse serait punie. Mais le prince était si heureux de revoir sachère princesse qu'il dansa de joie. Le roi, entendant le bruit dans lachambre du prince, arriva en colère, ouvrit la porte, et dit: "Mon fils, vous êtes décidément fou! Pourquoi dansez-vous maintenant?" "Oh mon père, " répondit le prince, "je danse de joie, parce que j'airetrouvé la chère princesse, la plus jolie femme du monde!" et le princeprésenta la princesse à son père, qui la regarda avec admiration, etdit: "Mon fils, vous avez raison, cette princesse est belle comme lejour, blanche comme la neige, et je suis sûr qu'elle est aussi bonne etintelligente qu'un ange!" Alors le roi demanda au prince comment il avait retrouvé la princesse, où elle avait disparu, et quand il eut entendu toute l'histoire, il dit:"La négresse est une très méchante femme. Elle mérite une punition trèssévère. " Alors le roi prit un grand voile, le jeta sur la tête de la princesse, et la mena dans la grande salle, où tous les courtisans étaientassemblés autour de la négresse, qui portait une robe de satin rosetoute couverte de perles et de diamants. Le roi s'avança vers la négresse et dit: "Madame, demain vous pensezêtre la reine de ce royaume. Donnez-moi votre opinion, et dites-moiquelle punition mérite la personne qui attaquerait la future femme duprince, mon fils?" "Une personne qui attaquerait la femme de votre fils mériterait une mortterrible. Elle mériterait d'être jetée dans un grand four, rôtie toutevive, et je commanderais que ses cendres fussent jetées au vent. " Le roi répondit: "Madame, vous avez prononcé votre propre punition. Vousêtes une femme cruelle! Vous avez voulu tuer cette jolie princesse, lafuture femme de mon fils, et vous serez jetée dans un four, rôtie toutevive, et je commanderai que vos cendres soient jetées au vent!" Alors le roi leva le voile de la princesse, et tous les courtisans ettoutes les dames d'honneur s'écrièrent: "Oh, quelle jolie princesse!" La pauvre négresse se jeta à genoux devant le roi, et dit: "Mon roi, monroi, ayez compassion de moi, ayez compassion de moi, ne me faites pasrôtir toute vive dans un four. Pardon, mon roi, pardon!" Mais le roi refusa de pardonner à la négresse; alors la belle princesses'avança, et dit: "Votre majesté a promis de me donner un beau cadeau denoces. Donnez-moi la vie de cette pauvre créature si ignorante!" Le roi consentit à la demande de la princesse, qui trouva une bonneplace pour la négresse, et tout le monde déclara que la nouvelle reineétait aussi bonne que belle. Le mariage du prince et de la princesse fut célébré le lendemain avecbeaucoup de pompe et de cérémonie, et le prince et la princesse furentheureux tout le reste de leur vie, et regrettés après leur mort de tousleurs sujets. LA VILLE SUBMERGÉE. [9] [Note 9: This is one of the Dutch Mediæval Legends. The onlyStavoren now existing is a little fishing town on the northeast coast ofthe Zuyder Zee. This gulf was caused by "the terrific inundations of thethirteenth century, " when thousands of people perished. It was onlyafter this inundation took place that the city of Amsterdam arose on thesouthwest shore of the Zuyder Zee. The story, with the exception of theinundation, is purely mythical. ] Il y avait une fois, en Hollande, une grande et belle ville appeléeStavoren. Cette ville était située près de la mer, et les habitantsétaient très riches, parce que leurs vaisseaux allaient dans toutes lesdifférentes parties du monde chercher les trésors de toutes lesdifférentes contrées. Les habitants de Stavoren étaient très riches, et ils étaient fiers deleur or, fiers de leur argent, fiers de leurs vaisseaux, et fiers deleurs grands palais. Ils étaient fiers et égoïstes aussi, parce qu'ilsne pensaient jamais aux pauvres, qui n'avaient ni or, ni argent, nivaisseaux, ni palais. Il y avait une dame à Stavoren qui était plus riche et plus fière quetous les autres habitants; elle était aussi plus égoïste et plus cruelleenvers les pauvres. Un jour, cette dame si riche appela le capitaine deson plus grand vaisseau, et dit: "Capitaine, préparez votre vaisseau, et quittez le port. Allez mechercher une grande cargaison de la chose la plus précieuse du monde. " "Certainement, madame, " dit le capitaine, "commandez, et j'obéirai. Maisque voulez-vous, madame? Voulez-vous une grande cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, ou d'étoffes? Que voulez-vous?" "Capitaine, " répondit la dame, "j'ai donné mes ordres. Je demande unecargaison de la chose la plus précieuse du monde. Il y a seulement unechose qui est plus précieuse que toutes les autres. Allez chercher cettechose-là et partez immédiatement. " Le pauvre capitaine, qui avait peur de la dame, obéit. Il alla au port, il prépara son vaisseau, et partit. Alors il appela ses officiers et sesmatelots, et dit: "Camarades, notre maîtresse a commandé une grande cargaison de la chosela plus précieuse du monde. Elle a refusé de dire quelle est la chose laplus précieuse du monde. Je ne sais pas quelle est la chose la plusprécieuse du monde. Savez-vous quelle est la chose la plus précieuse dumonde?" "Oui, mon capitaine, " répondit un officier, "la chose la plus précieusedu monde, c'est l'or. " "Oh, non, mon capitaine, " répondit un autre officier, "la chose la plusprécieuse du monde, c'est l'argent. " "Non, " dit un autre. "Mes camarades, la chose la plus précieuse du mondece sont les pierres précieuses, les perles, les diamants, et les rubis. " Un autre matelot dit: "Mon capitaine, la chose la plus précieuse dumonde ce sont les étoffes. " Tous les hommes et tous les officiersavaient une opinion différente, et le pauvre capitaine était trèsembarrassé. Enfin le capitaine dit: "Je sais quelle est la chose la plusprécieuse du monde, c'est le blé. Avec le blé on fait le pain, la chosela plus précieuse du monde, parce que le pain est indispensable. " Lecapitaine était content, et tous les hommes étaient contents aussi. Le capitaine dirigea son vaisseau dans la mer Baltique. [10] Il alla à laville de Dantzic. [11] Là il acheta une grande cargaison de blémagnifique. Il chargea la cargaison de blé sur son vaisseau, et ilrepartit pour Stavoren. Pendant son absence, la dame avait fait visite àtoutes les personnes riches de Stavoren, et avait dit: "J'ai envoyé moncapitaine chercher une cargaison de la chose la plus précieuse dumonde. " [Note 10: The Baltic Sea, between Germany, Denmark, Scandinavia, andRussia. ] [Note 11: Dantzic, a city in West Prussia, on the Baltic coast. ] "Ah, " répondaient les personnes riches, "quelle est cette chose?" Maisla dame refusait de répondre et disait seulement: "Devinez, mes amis, devinez. " Naturellement la curiosité de toutes les personnes de Stavoren étaitgrande, et elles attendaient le retour du capitaine avec impatience. Unjour le grand vaisseau arriva dans le port, le capitaine se présentadevant la dame qui le regarda avec surprise, et dit: "Comment, capitaine, déjà de retour! Vous avez été rapide comme unpigeon. Avez-vous la cargaison que j'ai demandée?" "Oui, madame, " répondit le capitaine, "j'ai une cargaison du plusmagnifique blé!" "Comment!" dit la dame. "Une cargaison de blé! Misérable! j'ai demandéune cargaison de la chose la plus précieuse du monde, et vous apportezune chose aussi vulgaire, aussi ordinaire, aussi commune que du blé!" "Pardon, madame, " dit le capitaine. "Le blé n'est pas vulgaire, ordinaire, et commun. Le blé est très précieux. C'est la chose la plusprécieuse du monde. Avec le blé on fait le pain. Et le pain, madame, estindispensable. " "Misérable!" dit la dame. "Allez au port, immédiatement, et jetez toutela cargaison de blé à la mer. " "Oh, madame, quel dommage!" dit le capitaine. "Le blé est si bon! Sivous ne voulez pas ce bon blé, donnez-le aux pauvres, ils ont faim, ilsseront contents. " Mais la dame refusa, et dit encore une fois: "Capitaine, allez au port, immédiatement, et jetez toute la cargaison de blé à la mer! J'arriveraiau port dans quelques minutes pour voir exécuter mes ordres. " Le pauvre capitaine partit. En route il rencontra beaucoup de pauvres, et dit: "Ma maîtresse, la dame la plus riche de Stavoren, a une grandecargaison de blé. Elle ne veut pas ce blé. Elle a commandé de jetertoute la cargaison à la mer. Si vous voulez le blé, venez au port, peut-être que ma maîtresse aura compassion de vous, et vous donneratoute la cargaison. " Quelques minutes plus tard tous les pauvres de Stavoren étaientassemblés sur le quai; la dame arriva, et dit: "Capitaine, avez-vous exécuté mes ordres?" "Non, madame, pas encore!" "Alors, capitaine, obéissez, jetez toute la cargaison de blé à la mer. " "Madame, " dit le capitaine, "regardez tous ces pauvres, ils ont faim!Donnez le blé que vous ne voulez pas aux pauvres!" "Oh, oui, madame! Nous avons faim, nous avons faim, " crièrent lespauvres. "Donnez-nous le blé! Donnez-nous le blé!" Mais la dame était très cruelle, et dit: "Non, non! Capitaine, j'ai commandé. Jetez tout le blé à la mer, immédiatement. " "Jamais, madame!" répondit le capitaine. Alors la dame fit un signe auxofficiers et aux matelots, et répéta son ordre. Les hommes obéirent, etmalgré les cris des pauvres, et malgré leurs pleurs, tout le blé futjeté à la mer. La dame regarda en silence, et quand la procession de sacs eut cessé, elle demanda aux officiers et aux matelots: "Avez-vous jeté tout le blé à la mer?" "Oui, madame, " répondirent les hommes. "Oui, madame, " dit le capitaine d'une voix indignée, "mais un jourarrivera où vous regretterez ce que vous avez fait! Un jour arrivera oùvous aurez faim! Un jour arrivera où personne n'aura compassion devous!" La dame regarda le capitaine avec surprise, et dit: "Capitaine, c'est impossible. Je suis la personne la plus riche deStavoren. Moi, avoir faim, c'est absurde!" Alors la dame prit une bague de diamants, la jeta à la mer, et dit:"Capitaine, quand cette bague de diamants sera placée dans ma main, jecroirai ce que vous avez dit!" et la dame quitta le port. Quelques jours après, un domestique trouva la bague de diamants dansl'estomac d'un poisson qu'il préparait pour le dîner de la dame. Ilporta la bague à sa maîtresse. Elle regarda la bague avec surprise, etdemanda: "Où avez-vous trouvé cette bague?" Le domestique répondit:"Madame, j'ai trouvé la bague dans l'estomac d'un poisson!" Alors la dame pensa aux paroles du capitaine. Le même jour la dame reçutla nouvelle de la destruction de tous ses vaisseaux, et elle perditaussi tout son or, tout son argent, toutes ses pierres précieuses, ettous ses palais. La dame n'était plus riche, mais elle était pauvre, très pauvre. Ellealla de porte en porte, demander quelque chose à manger, mais tous lesriches et tous les pauvres de Stavoren refusèrent de lui donner du pain. La pauvre dame périt enfin de froid et de faim. Les autres personnes riches de Stavoren ne changèrent pas leurshabitudes. Alors le bon Dieu, qui n'aime pas les personnes égoïstes, envoya un second avertissement. Un jour, le port de Stavoren se trouva bloqué par un grand banc desable. Ce banc empêcha le commerce, et dans quelques jours le blé que ladame avait jeté à la mer, commença à pousser, et le banc de sable étaittout couvert d'herbe verte. Toutes les personnes de Stavoren regardèrent le blé et dirent: "C'est unmiracle, c'est un miracle!" Mais, le blé ne produisit pas de fruit! Lecommerce avait cessé; les riches avaient assez à manger, mais lespauvres étaient plus pauvres qu'avant. Alors Dieu envoya un troisième avertissement. Un jour, un homme arrivadans la maison où tous les riches étaient assemblés, et dit; "J'aitrouvé deux poissons dans le puits! La digue est rompue. La digue estrompue. Protégez la ville, protégez les maisons des pauvres près de ladigue!" Mais les riches continuèrent à danser. La mer entra dans la villependant la nuit, et tout à coup toutes les maisons et tous les palais deStavoren furent submergés. [12] Les pauvres périrent, les riches périrentaussi, et le Zuidersée occupe maintenant la place de la belle ville deStavoren, détruite à cause de l'égoïsme de ses habitants riches quirefusaient de donner à manger aux pauvres. [Note 12: Many dikes are built in Holland to prevent the countryfrom being submerged, as a great portion of it now lies beneath thelevel of the North Sea. ] LE POISSON D'OR. [13] [Note 13: This is a Russian fairy story. It is a favorite along theshores of the Baltic Sea. ] Il y avait une île au milieu de l'océan où il y avait une petite cabane. Dans cette cabane vivaient un vieillard et sa femme. Ils étaientpauvres, très pauvres, et le mari avait seulement un filet. Tous lesjours il allait pêcher, et lui et sa femme mangeaient les poissons qu'ilprenait dans son filet. Un jour après avoir pêché longtemps, il prit un petit poisson d'or quiavait une voix humaine, et qui dit: "Brave homme, rejette-moi dans lamer bleue. Je suis si petit, donne-moi la vie, et je ferai tout ce quetu me demanderas. " Le pêcheur eut compassion du petit poisson, et retourna à la cabane sansrien. Sa femme demanda, "Eh bien, mon mari, as-tu pris beaucoup de poissons?" "Non, " dit-il, "j'ai pêché toute la journée, et j'ai seulement pris unpetit poisson d'or. " "Où est-il?" dit la femme. "Dans la mer, " répondit le pêcheur, "il m'a tant prié d'avoir compassionde lui que je l'ai remis dans l'eau. " La femme était très indignée. "Imbécile!" dit-elle, "tu avais la fortune dans la main et tu as ététrop stupide pour en profiter. " Elle parla tant que le vieillard, fatigué de ses reproches, courut aubord de la mer, et cria: "Poisson d'or, poisson d'or! viens à moi, la queue dans la mer, la têtetournée vers moi!" Le poisson d'or arriva aussitôt, et dit: "Vieillard, que veux-tu?" "Je veux du pain pour ma femme qui est en colère. " "Va à la maison, vieillard, et tu trouveras du pain en abondance, " ditle poisson. Le vieillard arriva à la cabane, "Eh bien, ma femme, as-tu du pain enabondance?" "Oui, " dit la femme, "mais je suis bien malheureuse. J'ai cassé monbaquet, je ne sais où laver mon linge. Va trouver le poisson d'or, etdis-lui que je veux un baquet neuf. " Le vieillard alla au bord de la mer, et cria: "Poisson d'or, poisson d'or! viens à moi, la queue dans la mer, la têtetournée vers moi!" Le poisson d'or arriva en disant, "Vieillard, que veux-tu?" "Un baquet neuf pour ma femme, qui n'est pas contente parce qu'elle nepeut pas laver son linge. " "Va à la maison, " dit le poisson d'or, "et tu y trouveras un baquetneuf. " Le vieillard retourna chez lui, et dit: "Eh bien, ma femme, as-tu unbaquet neuf?" "Oui, " dit la femme, "mais va dire au poisson d'or que notre cabanetombe en ruine, et qu'il m'en faut une autre. " Le vieillard retourna au bord de la mer et cria: "Poisson d'or, poisson d'or, viens à moi!" "Que veux-tu?" demanda le poisson. "Une cabane neuve pour ma femme, qui est de bien mauvaise humeur. " "Très-bien, va à la maison, et tu trouveras une cabane neuve!" Le vieillard arriva chez lui et vit une belle cabane neuve. Sa femmeouvrit la porte, et dit: "Imbécile, va dire au poisson d'or que je veux être archiduchesse, etdemeurer dans un beau château, où j'aurai beaucoup de domestiques qui meferont de grandes révérences. " Le vieillard retourna au bord de la mer et fit la commission. "C'est bien, " lui dit le poisson d'or, "retourne à la maison; tutrouveras tout fait. " Arrivé à la maison, le vieillard vit un château magnifique. Sa femme, vêtue d'or et d'argent, était assise sur un trône et donnait ses ordresà une foule de domestiques. Quand elle aperçut le vieillard elle dit: "Qui est ce vieillard-là, ce mendiant?" et elle commanda qu'on le mît àla porte. Mais bientôt elle voulut être impératrice. Elle fit donc venirle vieillard et lui dit d'aller trouver le poisson d'or et de lui dire:"Ma femme ne veut plus être archiduchesse; elle veut être impératrice. " Le vieillard obéit, et le poisson d'or accorda aussi ce souhait. Enfinla méchante femme voulut être reine des eaux et commander à tous lespoissons. Le vieillard alla donc au bord de la mer, appela le petit poisson d'oret dit: "Poisson d'or, ma femme n'est toujours pas contente. Elle dit qu'elleaimerait être reine des eaux et commander à tous les poissons. " "Oh, c'est trop, " dit le petit poisson d'or, "elle ne sera jamais reinedes eaux, elle est bien trop méchante, et je suis sûr que tous lespoissons seraient bien malheureux sous ses ordres. " Le poisson disparut, en disant ces mots, et quand le vieillard arrivachez lui, il retrouva la pauvre cabane, le baquet cassé, la vieillefemme mal vêtue, et il fut obligé de reprendre son filet et de pêcher. Mais il eut beau jeter son filet à la mer, il ne retrouva plus lepoisson d'or. LA CABANE AU TOIT DE FROMAGE. [14] [Note 14: This is one of the Swedish folk tales; another well-knownversion of "Hans and Gretchen. "] Une vieille sorcière demeurait dans une cabane au milieu d'une forêt surune haute montagne. Cette femme était très cruelle, et elle aimaitmanger les petits enfants. Elle avait l'habitude de placer tous sesfromages sur le toit de sa cabane, afin d'attirer tous les enfants duvoisinage. A une certaine distance de cette cabane, demeurait un pauvrepaysan qui avait deux enfants, une petite fille très stupide et ungarçon qui était bien intelligent. Un jour le paysan envoya les enfants dans la forêt pour cueillir desfraises. Ils arrivèrent bientôt à la maison de la sorcière, et comme ilsavaient bien faim, le garçon grimpa sur le toit. Il prit un fromage. Lavieille sorcière entendit un petit bruit, et cria: "Qui est là, sur montoit?" "Ce sont de petits anges, " répondit le petit garçon d'une voix biendouce. La sorcière dit: "Chers petits anges, mangez autant de fromage que vousvoulez, " et elle resta assise auprès du feu. Le petit garçon prit desfromages et partit avec sa soeur. Quelques jours après, les enfants revinrent. Le garçon grimpa sur letoit, et la sorcière cria: "Qui est là, sur mon toit?" Le garçon répondit comme la première fois: "Ce sont de petits anges!" etla petite fille, qui aimait beaucoup causer, cria: "Je suis là aussi!" Alors la sorcière sortit de la maison, et saisit les deux enfants endisant: "Oh, oui, vous êtes deux jolis petits anges et vous ferez un bonrôti. Comment est-ce que votre mère tue ses porcs?" demanda-t-elle. La petite fille dit: "Elle leur coupe la tête avec son grand couteau. " "Non, non, " dit le garçon, "elle leur met une corde autour du cou. " La sorcière alla chercher une corde, la mit autour du cou du garçon, quitomba par terre comme s'il était mort. "Es-tu mort, maintenant?" demanda la sorcière. "Oui, " répondit le garçon. "Oh, non, " dit la sorcière; "tu n'es pas mort pour de bon, car tu parlesencore. " Le garçon répliqua: "Je parle encore parce que ma mère engraissetoujours ses porcs avant de les rôtir. Elle dit qu'ils sont bienmeilleurs. " "Une bonne idée!" dit la sorcière. Elle prit les deux enfants, les mit dans une cage, et dit: "Commentvotre mère engraisse-t-elle ses porcs?" "Oh, elle leur donne du grain, " dit la petite fille. "Non, non, " dit le garçon, "ma soeur se trompe, elle est si petite! Mamère engraisse ses porcs avec des gâteaux et du lait doux. " "Bon, " dit la sorcière, "c'est ce que je ferai. " La sorcière leur donna donc beaucoup de gâteaux et de lait doux. Un jourelle arriva à la cage, et dit: "J'ai mal aux yeux et je ne puis pas voirsi vous êtes assez gras. Levez le doigt que je le tâte. " La petite fille allait faire juste comme la vieille avait dit; mais lepetit garçon prit sa place et présenta un petit bâton. La sorcière le tâta, et dit: "Vous êtes bien maigres. " Et elle leur donna deux fois plus de gâteauxet de lait doux. Quelques jours après, elle dit de nouveau: "Levez le doigt, je veux voir si vous êtes assez; gras. " Le garçon tendit une queue de chou, et la vieille femme dit: "Oui, vous êtes assez gras. " Elle porta les enfants dans sa cabane, etdit à la fille de faire un grand feu dans le four. Quand il fut bienchaud, elle dit aux enfants: "Maintenant, mettez-vous sur la pelle, l'unaprès l'autre, et je vous mettrai au four. " La petite fille, toute tremblante, allait obéir, quand son frère prit saplace. Mais quand la vieille prit la pelle, il roula à terre. Lasorcière se mit en colère, mais le garçon s'excusa poliment, et dit: "Madame, nous sommes bien stupides, et bien gauches, je le sais;montrez-nous comment nous placer sur la pelle!" La sorcière se plaça surla pelle, le garçon la poussa vite dans le four et ferma la porte. Alors il prit tous les fromages de la sorcière, et accompagné de sapetite soeur, il rentra tout joyeux chez son père. Quant à la sorcière, elle fut bien rôtie, et personne ne pleura sa mort. LE VRAI HÉRITIER. [15] [Note 15: This anecdote is adapted from a story in a French Reader, "Livre de Morale en Action, " by Barrau. ] Julien était le fils d'un homme très pauvre. Son père tomba malade etmourut, et le pauvre Julien était seul, tout seul. Julien était jeune, et un homme riche dit: "Pauvre enfant, vous avez perdu votre père etvotre mère, vous êtes orphelin, vous êtes seul au monde. J'ai pitié devous!" Et l'homme riche plaça Julien dans une bonne famille, se chargeade son éducation, et quand il fut assez grand il le plaça enapprentissage. Son apprentissage fini, Julien dit adieu à son bienfaiteur, et partitpour son tour de France. Cinq ans après, il arriva à la maison. Il avaitbeaucoup voyagé, il avait beaucoup travaillé, mais il n'avait pas gagnébeaucoup d'argent. Sa première pensée en arrivant dans sa ville natale fut d'aller fairevisite à son bienfaiteur. Hélas, le pauvre homme était mort. Julientrouva tous les héritiers dans la maison. Ils étaient tous furieux parceque leur oncle n'avait pas laissé une aussi grande fortune qu'ilsavaient espéré. Les héritiers désappointés firent une vente de tous les objets quiétaient dans la maison de leur oncle. Julien alla à la vente, et il vitavec surprise que les héritiers n'avaient aucun respect pour la mémoirede leur oncle. Ils vendaient tout. Enfin Julien vit avec indignationqu'ils vendaient même le portrait du pauvre mort. Naturellement Julien acheta les objets que son bienfaiteur avait le plusaimés, et naturellement il acheta aussi le portrait, et il donna toutl'argent qu'il avait au monde pour l'obtenir. Il porta ce portrait danssa chambre, sa misérable petite chambre, et le suspendit contre le murpar une petite ficelle (corde). Mais la ficelle était vieille, leportrait était lourd, et bientôt la ficelle cassa, et le portrait tomba. Julien examina le portrait avec soin, et trouva le cadre cassé. Ilvoulut réparer le cadre, et il vit quelque chose de curieux. Il examinale cadre de plus près et découvrit bientôt des diamants, et un papiersur lequel son bienfaiteur avait écrit: "Je suis sûr que mes héritiers sont des ingrats. Je suis sûr qu'ilsvendront même mon portrait. Ce portrait sera peut-être acheté par unepersonne à qui j'ai fait du bien. Ces diamants sont pour cette personne;je les lui donne. " Le papier était signé, et personne ne put disputer la possession desdiamants à Julien, qui se trouva ainsi le vrai héritier de la fortune deson bienfaiteur. Il était si riche, qu'il pensa aux pauvres enfants de la ville, orphelins comme lui. Il construisit une grande maison pour eux, et illeur raconta souvent l'histoire du portrait de son cher bienfaiteur. YVON ET FINETTE. [16] [Note 16: Brittany is the most westerly province of France. Thepeople, who are called Bretons, are descendants of the ancient Celts. They have a language of their own, are very imaginative, and delight inextravagant tales like this one, which is one of their specialfavorites. Laboulaye also gives a version of this tale in his "FairyBook. "] Dans la Bretagne, il y avait autrefois la noble famille des baronsKerver. Le baron, qui était aussi brave que bon, avait douze enfants, six fils, grands et forts comme lui, et six filles, belles comme lejour, et vraiment adorables. Avec une telle famille vous pouvezcomprendre que le baron Kerver était fier et heureux, et quand un autreenfant arriva, il dit: "Vraiment je ne sais pas où je trouverai la placepour ce garçon, le château est déjà plein!" Le nouveau-venu fut appelé Yvon et bientôt il gagna tous les coeurs parsa franchise, sa bonne humeur et surtout par son courage, car il n'avaitpeur de rien. Quand Yvon eut atteint l'âge d'homme il dit à son père:"Mon père, vous avez tant d'enfants qu'il n'y a pas de place dans lechâteau pour moi. Permettez-moi d'aller chercher fortune. " Le baron Kerver refusa d'abord de se séparer de son cher enfant, maisenfin il consentit au départ d'Yvon. Le jeune homme dit adieu à sesparents, à ses frères et à ses soeurs et partit gaiement en répétant ladevise des Kerver: "En avant, " chaque fois qu'un obstacle ou un dangerse présentait. Enfin il arriva à la mer et s'embarqua dans un vaisseauprêt à partir, en criant: "En avant. " Quelques jours après, quand le vaisseau était en pleine mer, une tempêteterrible s'éleva, et bientôt le vaisseau fut englouti par les vagues, etYvon se trouva seul dans l'eau: "En avant, " répéta-t-il courageusement, et il se mit à nager vigoureusement. Il arriva enfin en vue de terre, etaprès avoir fait beaucoup d'efforts il se trouva sur une plage, où il sereposa quelques heures avant de continuer son chemin. Quand il fut un peu reposé, il grimpa sur une montagne, et du haut decette montagne, il s'aperçut qu'il était sur une île. L'île n'était pasdéserte, cependant, car Yvon aperçut une maison immense à quelquedistance. Il se dirigea vers cette maison, et fut tout surpris en voyantla grandeur des portes et des fenêtres qui n'avaient pas moins desoixante pieds de haut. Yvon ne se déconcerta cependant pas, et s'approcha de la porte. Lemarteau était hors de portée. Il prit une grosse pierre et frappa à laporte. Un géant, qui n'avait pas moins de quarante pieds de haut, ouvritla porte, et demanda d'une voix terrible: "Qui êtes-vous, et que voulez-vous?" "Je suis Yvon, fils du baron Kerver, en Bretagne, et je viens chercherfortune!" dit Yvon, sans trembler. "Très-bien!" dit le géant. "Votre fortune est faite, j'ai besoin d'undomestique, vous pouvez entrer à mon service. Si vous me servez bien, jevous récompenserai bien; mais si vous n'êtes pas fidèle et si vous nefaites pas exactement ce que je vous dis, je vous mangerai. " "C'est entendu!" dit Yvon. Alors le géant lui dit: "Aujourd'hui je suis très occupé. Je vais mener mes troupeaux à lamontagne, je serai absent toute la journée. Pendant mon absence vouspouvez nettoyer les écuries. Je ne vous donne rien de plus à faire, maisje vous défends d'entrer dans ma maison!" Le géant partit en disant ces mots. Yvon le suivit des yeux, et quand ilfut hors de vue, il ouvrit la porte et entra dans la maison, en disant: "Il est clair qu'il y a quelque chose d'intéressant à voir dans cettemaison; sans cela le géant ne m'aurait pas défendu d'y entrer. " Yvon entra dans la première chambre; elle était vide, complètement vide. Il n'y avait rien qu'une marmite suspendue dans la cheminée. Yvons'avança et remarqua avec surprise que la marmite contenait une soupeétrange qui bouillait. Comme il n'y avait pas de feu sous la marmite, Yvon trouva ceci très extraordinaire. Il coupa donc une mèche de ses cheveux, la trempa dans la soupe, etquand il l'en retira, il fut très surpris de voir que les cheveuxétaient couverts de cuivre. "Oh!" dit-il, "monsieur le géant a sansdoute un estomac bien solide puisqu'il peut digérer une soupe pareille!" Yvon alla dans la seconde chambre. Il la trouva exactement pareille à lapremière, et là aussi il trouva une marmite, mais quand il trempa unemèche de cheveux dans la soupe bouillante qu'elle contenait, il remarquaque la mèche était toute couverte d'une couche d'argent. "Oh, " dit-il, "monsieur le géant a vraiment une digestion admirable, et il faut qu'ilsoit riche pour pouvoir se payer des soupes pareilles. " Yvon entra alors dans la troisième chambre, et bien qu'elle fûtexactement pareille aux deux premières, il découvrit bientôt que lasoupe dans la troisième marmite était une soupe d'or. Sa curiosité étaitéveillée, et il courut vite ouvrir une quatrième porte, et entrahardiment dans une quatrième chambre. Oh, quelle surprise! Il vit devant lui une charmante jeune fille, quis'approcha vivement de lui, et qui lui dit: "Qui êtes-vous? Que faites-vous ici? Partez vite, malheureux, car si legéant vous trouve ici, il vous tuera!" Le jeune homme répondit aussitôt: "Je suis Yvon, fils du baron Kerver. Je suis venu chercher fortune. Je n'ai pas peur du géant que j'ai vu etqui m'a engagé comme domestique. " "Que vous a-t-il donné à faire?" demanda la jeune fille en tremblant. "Il m'a dit de nettoyer l'écurie. C'est bien simple, car je l'ai souventvu faire aux domestiques de mon père. On prend un balai, on balaie, etvoilà tout!" "Oh!" dit la jeune fille, "c'est très facile dans une écurie ordinaire, mais dans une écurie magique comme celle du géant, ce n'est pas sisimple, car toutes les fois que vous jetterez du fumier par la porte ilen entrera plus par la fenêtre. Mais si vous tournez le balai, et sivous commencez à balayer avec le manche, l'écurie se nettoiera touteseule. " "Très-bien!" dit Yvon, "je suivrai votre conseil, et maintenantasseyons-nous là, côte à côte, et causons. " Le temps passa vite, bien vite; et avant la fin de la journée Yvon avaitnon seulement raconté toute sa vie à la jeune fille, mais il avait aussiappris qu'elle s'appelait Finette, qu'elle était un peu fée, maisqu'elle était la captive et la servante du géant, qui était un hommecruel. Leur conversation était si intéressante qu'elle dura jusqu'à tarddans l'après-midi. Enfin Finette dit: "Mon ami, allez vite nettoyerl'écurie, sans cela le géant arrivera avant que votre tâche ne soitfinie. " Yvon la quitta donc et alla à l'écurie. Il prit un balai et jeta dufumier par la porte comme il l'avait vu faire aux domestiques de sonpère, mais au même instant une quantité de fumier entra par la fenêtre. Alors il se rappela ce que Finette lui avait dit. Il saisit le balai etcommença à balayer avec le manche. A l'instant même l'écurie se trouvatoute propre comme par enchantement. Yvon mit le balai dans un coin, puis il alla s'asseoir sur le bancdevant la porte de la maison du géant. Quand il vit arriver son maître, il se croisa les jambes, renversa la tête en arrière, ferma les yeux etcommença à siffler nonchalamment. Le géant arriva, et demanda avec colère: "Eh bien, paresseux, pourquoine travaillez-vous pas?" Yvon ouvrit les yeux lentement, et dit: "Je n'ai rien à faire!" "Comment, " cria le géant; "je vous ai dit de nettoyer mon écurie. " "C'est fait!" dit Yvon tranquillement. Le géant courut à l'écurie, etrevint en disant: "Misérable! vous n'avez pas fait ceci tout seul; vousavez vu ma Finette. " "Mafinette, " dit Yvon, "mafinette! Qu'est-ce que c'est que cela? Est-ceun animal, une personne, ou une chose? Mon maître, montrez-moi ça!" Le géant dit: "Imbécile, vous ne saurez que trop tôt ce que c'est. Allezvous coucher dans la grange, et je vous dirai ce que vous aurez à fairedemain. " Le lendemain avant de partir de nouveau pour toute la journée le géantdit à Yvon: "Allez à la montagne, attrapez mon cheval noir et mettez-leà l'écurie. Je veux m'en servir demain. Mais n'allez pas dans ma maison, et ne cherchez pas à découvrir ma Finette!" "Ah, mon maître, " dit Yvon, "vous parlez toujours de mafinette. Qu'est-ce que c'est que mafinette?" Le géant ne répondit pas et partit, mais aussitôt qu'il fut hors de vueYvon courut joyeusement dans la maison pour voir Finette, qu'il aimaitdéjà beaucoup. Finette lui demanda ce que le géant lui avait donné àfaire. "Oh!" dit Yvon négligemment, "c'est quelque chose de très facile. Il m'adit d'aller à la montagne attraper son cheval, de le ramener et de lemettre à l'écurie. Il veut s'en servir demain. " "Oh!" dit Finette, "ce n'est pas aussi facile que vous pensez, mon cherYvon, car le cheval du géant est immense, et de sa bouche et de sesnarines jaillit un feu dévorant qui tue toutes les personnes quil'approchent. " "Très-bien!" dit le jeune homme, "je n'irai pas à la montagne, car jen'ai nulle envie de mourir!" "Oh!" dit Finette, "si vous prenez la bride magique suspendue derrièrela porte de l'écurie, le cheval sera docile comme un agneau, et vouspourrez le brider et le monter sans danger. " Yvon remercia la jeune fille de ses bons conseils, et après avoir causéavec elle presque toute la journée, il alla chercher la bride magique, et partit pour la montagne. Arrivé là, il entendit bientôt un bruit, comme le tonnerre, et il vit venir au grand galop un cheval monstre, dela bouche et des narines duquel jaillissait un feu dévorant. Yvon, qui n'avait peur de rien, secoua la bride, et le coursier vints'agenouiller devant lui, doux comme un agneau. Yvon brida le chevalsans peine, monta sur son dos, retourna à la maison et le mit àl'écurie. Cela fait, il alla s'asseoir sur le banc, devant la porte, et quand ilvit venir le géant, il se croisa les jambes, ferma les yeux et commençaà siffler. Le géant s'approcha, et lui dit avec colère: "Eh bien, paresseux, pourquoi n'avez-vous pas fait ce que je vous ai commandé?" "C'est fait, mon maître, votre cheval est à l'écurie, et c'est une biengentille bête, allez!" "Mon cheval une gentille bête!" s'écria le géant avec surprise, et ilcourut à l'écurie pour voir si c'était vraiment son cheval que le jeunehomme avait ramené de la montagne. Il revint en quelques minutes en grommelant: "Misérable, vous n'avez pasfait ceci tout seul. Quelqu'un vous a aidé. Vous avez vu ma Finette. " "Mafinette, mafinette!" dit Yvon. "Vous parlez toujours de mafinette, mon maître; qu'est-ce donc que mafinette?" "Vous ne saurez que trop tôt, " dit le géant, et il alla se coucher. Le lendemain, avant de partir, il dit à Yvon: "Yvon, allez aujourd'hui àl'abîme sans fond, toucher mes revenus!" "Très-bien!" dit Yvon, sans paraître le moins du monde surpris, et legéant partit. Quand il fut hors de vue, Yvon courut rejoindre Finette, qui lui demandaanxieusement ce que le géant lui avait commandé de faire. "Oh!" dit Yvon, "le géant m'a dit: 'Allez à l'abîme sans fond, touchermes revenus. ' Je ne sais pas où c'est, ni combien le géant veut, mais jesuis sûr que vous savez tout, ma Finette chérie, et que vous m'aiderezde nouveau. " Finette rougit, sourit, et dit: "Oui, Yvon, je sais en effet où estl'abîme sans fond. Prenez cette baguette, allez à la montagne, frappez-en le grand rocher noir trois fois. Le rocher s'ouvrira, et undémon paraîtra; il vous demandera brusquement: 'Que voulez-vous?' etvous répondrez, 'Les revenus du géant!' Alors il dira: 'Combienvoulez-vous?' Vous répondrez: 'Pas plus que je ne peux porter. ' "Alors le démon vous fera entrer dans une grotte immense, où vous verrezdes diamants, des rubis, des perles, des émeraudes, des topazes, desaméthystes, de l'or et de l'argent en grandes quantités. Vous verrez unsac par terre. Prenez-le et remplissez-le, sans dire un seul mot, etsortez en silence. " "Très-bien, " dit Yvon, "je ferai exactement tout ce que vous m'avez dit, ma chère Finette. " Et il s'assit à côté d'elle, et ils causèrentlongtemps ensemble. Quand l'après-midi arriva, le jeune homme prit labaguette, et partit pour la montagne. Il trouva le rocher noir sanspeine. Il le frappa trois fois de sa baguette. Le rocher s'ouvrit, et undémon parut, qui dit d'une voix terrible: "Que voulez-vous?" "Les revenus du géant!" répondit Yvon sans se laisser déconcerter. "Combien voulez-vous?" demanda brusquement le démon. "Pas plus que je ne puis porter, " dit Yvon. "Entrez!" fit le démon, et il conduisit Yvon dans une grotte touteétincelante d'or, d'argent, et de pierreries. Yvon vit un sac à terre;il le prit et le remplit d'or, d'argent, et de pierreries, et sortit ensilence. Il descendit la montagne, et s'assit sur le banc devant laporte. Quelques minutes après le géant arriva. "Avez-vous fait ma commission?" dit-il. "Oui, " répondit le jeune homme, "je suis allé à l'abîme sans fond, etj'ai touché vos revenus. " "Avez-vous le compte juste?" demanda le géant. "Comptez vous-même, et vous verrez!" dit le jeune homme en montrant lesac du doigt. Le géant ouvrit le sac, compta les pierres précieuses, et dit:"Misérable, vous n'avez pas fait ceci tout seul; vous avez sans doute vuma Finette. " "Ah, mon maître, qu'est-ce donc que mafinette? Vous en parlez sanscesse; qu'est-ce?" "Vous ne saurez que trop tôt!" grommela le géant, et il partit. Le lendemain matin il s'en alla à cheval sans dire mot à Yvon. Quand ilfut hors de vue le jeune homme alla trouver Finette. "Qu'avez-vous à faire aujourd'hui, " demanda Finette. "Rien, absolument rien! J'ai vacance aujourd'hui!" répondit Yvon. "Oh, " dit Finette, "c'est un mauvais signe. Allez vite vous asseoir surle banc, devant la maison, et restez là jusqu'à ce que je vienne. " Yvon obéit à regret. Quelques minutes après le géant revint. Il ne ditpas un seul mot à Yvon, mais il entra dans la maison et dit à Finette:"Prenez un couteau, coupez la gorge au jeune homme que vous trouverezassis devant la porte, et faites-en une bonne soupe. Je vais dormir;appelez-moi quand la soupe sera prête. " En disant ces mots, le géant alla se coucher, et quelques minutes aprèsil était profondément endormi, et on l'entendait ronfler par toute lamaison. Finette prit un couteau, alla à la porte, appela Yvon et luiraconta toute l'histoire. "Finette!" dit Yvon, "vous n'allez sûrement pas me couper la gorge. " "Oh non!" dit Finette. "Donnez-moi le doigt. " Elle coupa un peu le doigtd'Yvon, et trois gouttes de sang tombèrent sur le pas de la porte. "Venez avec moi maintenant, " dit-elle. Yvon l'accompagna dans la maison. Ils firent un grand feu. Ils suspendirent une marmite sur le feu. Yvonremplit la marmite d'eau de la fontaine, et Finette y jeta des oignons, des carottes, des navets, du persil et des pommes de terre. Puis elle yjeta une paire de souliers, une paire de bas, une paire de pantalons, une chemise, une veste, un habit et un chapeau, et quitta la chambre. Accompagnée d'Yvon, elle alla dans la chambre où bouillait l'or. Là ellefit trois boulets d'or. Puis elle alla dans la chambre où bouillaitl'argent. Là elle fit deux boulets d'argent. Puis elle alla dans lachambre où bouillait le cuivre. Là elle fit un boulet de cuivre. Puiselle prit Yvon par la main, et dit: "Fuyons, fuyons, avant que le géant se réveille, " et ils s'enfuirenttous deux aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter. Le géantdormit longtemps, enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupeest-elle prête?" "Non, pas encore, mon maître, " dit la première goutte de sang. Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormitlongtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elleprête?" "Non, pas encore, mon maître, " dit la seconde goutte de sang. Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe n'est-elle pas encoreprête?" "Non, mon maître, pas encore, " répondit la troisième goutte de sang. Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?" Pas deréponse. Il cria de nouveau: "Finette, la soupe est-elle prête?"Toujours pas de réponse. Il alla à la cuisine. Finette n'y était pas, mais la marmite était surle feu. La soupe bouillait fort. Le géant prit une cuillère, la plongeadans la soupe et retira un soulier. "Oh!" dit-il avec dégoût. Il plongea de nouveau la cuillère dans la soupe, et retira un bas. Iltrouva les bas, les souliers, les pantalons, la chemise, la veste, l'habit, le chapeau; il trouva les navets et tous les autres légumes, mais il ne trouva pas de viande fraîche. Il comprit enfin qu'Yvon etFinette s'étaient échappés, et il se mit à leur poursuite. Il courait sivite avec ses longues jambes que bientôt il vit les fugitifs qui sedirigeaient vers la mer. Finette vit aussi le géant; elle jeta le boulet de cuivre à terre, etdit: "Boulet, sauvez-moi!" À l'instant la terre s'ouvrit, et un grand précipice parut entre legéant et les fugitifs, qui fuyaient toujours. Le géant, furieux detrouver cet obstacle, arracha un grand arbre, le jeta en travers duprécipice, et se mit à califourchon pour passer de l'autre côté. Il arriva enfin de l'autre côté, et continua la poursuite. Pendant cetemps, Yvon et Finette étaient arrivés au bord de la mer, mais il n'yavait pas de vaisseau en vue. Finette prit un boulet d'argent, le jeta àla mer en disant: "Boulet, sauvez-moi!" et au même instant parut unvaisseau, dans lequel Yvon et Finette s'embarquèrent promptement, et quifit voile aussitôt. Le géant arriva à la plage (au bord de la mer) à cet instant, et plongeadans l'eau pour saisir le bateau. Alors Finette jeta le second boulet d'argent en disant: "Boulet, sauvez-moi. " Au même instant parut un poisson, un poisson monstre. Legéant vit le poisson. Il eut peur, et il retourna vite à terre pendantqu'Yvon et Finette s'éloignaient rapidement. "Nous sommes sauvés, " dit Yvon avec joie. "Ah!" dit Finette, "ce n'est pas encore sûr. Le géant a une tante quiest sorcière; elle essaiera de nous faire du mal, et je ne serai pastranquille jusqu'à ce que nous soyons mariés dans l'église du château deKerver, car jusqu'alors elle peut exercer son pouvoir sur nous. " Yvon consola Finette. Le voyage fut très agréable, et les jeunes gensdébarquèrent enfin près du château de Kerver. Le vaisseau disparutaussitôt, et Yvon dit à Finette: "Ma chère amie, vous êtes la plus belle et la plus charmante des femmes;il n'est donc pas convenable que vous entriez dans la maison de mon pèreà pied et ainsi vêtue. Attendez-moi ici. J'irai au château chercher unebelle robe et un bon cheval, et alors vous pourrez vous présenter d'unefaçon convenable. " Finette objecta; elle dit qu'elle avait peur, mais Yvon insista tantqu'elle consentit enfin à le laisser partir. Elle lui fit promettrecependant qu'il ne s'arrêterait pas en route, qu'il ne mangerait pas etne boirait pas avant de revenir la chercher. Yvon partit, et Finette resta seule au bord de la mer pour attendre sonretour. Le jeune homme arriva bientôt au château de son père. Il ytrouva une grande société, car une de ses soeurs se mariait. On le reçutavec joie, mais il refusa de s'arrêter, courut à la chambre de sessoeurs chercher une belle robe, alla à l'écurie, prit deux chevaux, etse prépara à partir. A ce moment-là une belle dame aux cheveux d'or s'avança vers lui, unecoupe d'or à la main, et dit: "Monsieur Yvon, vous ne pouvez pas refuserde boire à ma santé, ce serait trop impoli. " Yvon, sans penser à la promesse qu'il avait faite à Finette, prit lacoupe, salua la belle dame, et but à sa santé. Malheureusement cettecoupe était une coupe magique, et dès qu'Yvon eut goûté le vin, iloublia tout le passé. Il oublia entièrement la pauvre Finette, descenditde cheval, donna la main à la belle dame aux cheveux d'or, et entra dansla salle de festin, où il prit place à côté d'elle, et mangea et but debon appétit. La pauvre Finette attendit en vain au bord de la mer jusqu'au soir. Alors elle prit la route du château. Elle arriva bientôt à une pauvrepetite cabane, où demeurait une vieille femme. Cette vieille femme étaitassise devant sa porte. Elle était occupée à traire sa vache. Finetteavait bien faim et bien soif. Elle s'approcha donc de la vieille femme, et dit: "Voulez-vous me donner une tasse de lait, ma bonne femme?" "Oui!" dit la vieille femme, "je vous donnerai une tasse de lait si vousremplissez mon seau d'or. " Finette prit un boulet d'or, le jeta dans le seau de la vieille femme, et à l'instant le seau fut plein, tout plein de belles pièces d'or. Lapauvre femme regarda cet or avec la plus grande surprise. Enfin elle ditavec joie: "Je suis riche! Je suis riche! Ma belle demoiselle, je vousdonne ma maison, ma vache, tout ce que je possède, excepté ce seau pleind'or. Je vais à la ville, où je serai une grande dame, car je suis richeà présent, bien riche. " La vieille femme partit donc pour la ville, toute joyeuse de se trouversi riche. Finette se mit à traire la vache, but du lait et entra dans lamaison. La maison était pauvre et sale, et Finette la regarda avecdégoût. Enfin elle prit le second boulet d'or, le jeta dans le feu etdit: "Boulet, sauvez-moi. " Le boulet se fondit, l'or se répandit, et enquelques minutes toute la maison se trouva dorée. La maison était dorée, non seulement à l'intérieur, mais à l'extérieur aussi, et tous lesmeubles et tous les ustensiles étaient d'or. Finette se coucha sur le lit d'or, et quelques minutes après elles'endormit profondément. Pendant ce temps la vieille femme était arrivéeà la ville. Elle rencontra le bailli, qui dit: "Eh bien, la mère, oùallez-vous?" "Moi, je vais à la ville. Je suis riche maintenant. Regardez mon or; jevais être une grande dame!" Le bailli regarda l'or avec surprise et avec une admiration intense. Ilfit entrer la vieille femme chez lui, et pendant qu'il comptait lesbelles pièces d'or elle lui raconta comment elle les avait obtenues. Lebailli réclama plusieurs pièces d'or pour sa peine, recommanda à lavieille femme de ne parler à personne de la belle demoiselle qui luiavait donné tout cet or, et se coucha, décidé à visiter la jeune fillele lendemain et à demander sa main en mariage. Quand Finette ouvrit les yeux, elle vit le bailli au pied de son lit. Ildit: "Mademoiselle, je suis venu pour vous épouser; levez-vous etsuivez-moi à l'église!" "Oh!" dit Finette, "je ne suis pas sûre que vous ferez un bon mari!" "Moi! Je ferai un mari excellent. Venez, venez tout de suite(immédiatement). " "Ah, " dit Finette, "un bon mari arrange toujours le feu pour sa femme. Arrangez le feu!" "Très-bien!" dit le bailli, "j'arrangerai le feu. " Le bailli saisit lespincettes. Finette dit: "Tenez-vous les pincettes, mon ami?" "Oui, " répondit le bailli; "oui, mon amour; je tiens les pincettes!" "Misérable, que les pincettes vous tiennent, et que vous teniez lespincettes jusqu'au coucher du soleil, " dit Finette, en sortant de lamaison. Au même instant les pincettes commencèrent à danser. Le pauvre bailli dansa aussi, car il ne pouvait se séparer despincettes. Il dansa toute la journée, malgré sa fatigue, malgré sescris, malgré ses larmes. Quand le soleil se coucha, il lâcha lespincettes, et les pincettes le lâchèrent. Il ne resta pas dans lamaison, il ne chercha pas Finette; au contraire, il retourna chez lui, et alla se coucher, car il était bien bien fatigué. Quand le soir arriva, Finette rentra. Elle soigna sa vache, but un peude lait et se coucha. Pendant ce temps la vieille femme avait raconté son histoire à une amieseulement, en secret. L'amie l'avait racontée à une autre, en secretaussi. Celle-ci l'avait racontée à une troisième, et avant la nuit, toutle monde parlait de la demoiselle, qui avait donné un seau d'or à lavieille femme. Le maire entendit cette histoire. Il se dit: "Quelle bonne chose que jene sois pas encore marié. J'irai demain matin épouser cette demoiselle, et je serai riche, plus riche que cette vieille femme qui cause tant. " Quand Finette ouvrit les yeux le lendemain matin, elle vit le maire, quilui dit: "Mademoiselle, levez-vous tout de suite; suivez-moi à l'église. Moi, le maire de la ville, je vous fais l'honneur de vous épouser. " "Oh!" dit Finette, "je ne suis pas sûre que vous ferez un bon mari. " "Moi! Je ferai un mari excellent!" dit le maire pompeusement. "Oh!" dit Finette, "un bon mari ferme toujours la porte!" "Très-bien, " dit le maire, "je fermerai la porte, " et il alla la fermer. "Tenez-vous le pommeau de la porte, cher ami?" demanda Finette. "Oui, mon amour; je tiens le pommeau de la porte!" répondit le maire. "Misérable, que le pommeau vous tienne, et que vous teniez le pommeaujusqu'au coucher du soleil!" dit la jeune fille, et elle alla au bord dela mer attendre Yvon. Le pauvre maire était attaché à la porte, qui s'ouvrait et se fermaitviolemment. Le maire était lancé contre le mur extérieur, et contre lemur intérieur, et, malgré ses cris, malgré ses larmes, il continua cetexercice violent jusqu'au coucher du soleil. Alors il lâcha la porte, la porte le lâcha, et il rentra chez lui, et se mit au lit, car il étaitbien fatigué. La nouvelle de la grande fortune de la vieille femme était arrivée auxoreilles d'un bel officier, qui se dit: "Quelle bonne chose que je nesois pas marié. J'irai demain matin, épouser cette belle demoiselle, etje serai très riche. " Finette avait vainement attendu Yvon, et quand le soir arriva, ellerentra, soigna sa vache, but un peu de lait et se coucha. Quand elleouvrit les yeux le lendemain matin, elle vit un bel officier, enuniforme, au pied de son lit. "Mademoiselle, " dit-il, "je suis venu pour vous épouser. Levez-vous etsuivez-moi à l'église. " "Oh!" dit Finette, "je ne suis pas sûre que vous ferez un bon mari. " "Cela n'est d'aucune importance!" dit l'officier. "Suivez-moi, ou jevous coupe la tête!" et le galant officier tira son sabre. La pauvre Finette eut peur. Elle sauta du lit, et courut dans l'étable. La vache recula effrayée, et s'arrêta dans la porte. L'officier nepouvait pas entrer pour arriver à Finette. Il prit la vache par laqueue, et commença à tirer. Finette dit: "Tenez-vous la queue?" "Oh oui!" répondit l'officier; "je tiens la queue. " "Misérable!" cria Finette, "que la queue vous tienne, et que vous teniezla queue jusqu'au coucher du soleil, et jusqu'à ce que vous ayez faitle tour du monde ensemble. " Au même moment la vache partit au grand galop, et l'officier, qui nepouvait pas lâcher la queue, fut obligé de suivre la vache. Ils allèrentcomme le vent. Ils traversèrent les montagnes, les vallées, les plaines, les lacs, les rivières, les mers, sans s'arrêter un instant. Ilsallèrent si vite, qu'ils firent tout le tour du monde et arrivèrent chezFinette au moment où le soleil se couchait. Alors la queue de la vachelâcha l'officier, l'officier lâcha la queue, et rentra vite chez lui, oùil alla se coucher, car il était bien fatigué de son long voyage. Pendant ce temps Yvon avait entièrement oublié la pauvre Finette. Ilfaisait la cour à la belle dame aux cheveux d'or, et il avait demandé samain en mariage. Le jour de la noce (mariage) arriva. Yvon monta dansune belle voiture, avec la dame aux cheveux d'or et partit pourl'église. Le cocher fit claquer son fouet, les six chevaux s'élancèrent en avant, et un trait se cassa. Le cocher arrêta les chevaux. On raccommoda letrait. Le cocher fit claquer son fouet, les six chevaux s'élancèrent enavant. Le trait se cassa de nouveau. On le raccommoda une seconde et unetroisième fois. Enfin le bailli, qui était à cheval dans la procession, s'approcha de lavoiture et dit à Yvon: "Mon jeune maître, voyez-vous cette petite maisonqui brille là, entre les arbres. Dans cette maison il y a une dame. Cette dame a une paire de pincettes. Je suis sûr qu'elle vous lesprêterait, et je suis certain que les pincettes tiendraient jusqu'aucoucher du soleil. " Yvon fit un signe. Un domestique alla à la maison de Finette et la priade prêter ses pincettes d'or à son maître. Quelques minutes après ledomestique arriva avec les pincettes. On s'en servit pour raccommoder letrait cassé. Le cocher fit claquer son fouet. Les chevaux s'élancèrenten avant, le trait ne se cassa plus, mais le fond de la voiture tomba! "Halte, halte-là, " cria Yvon. Le cocher arrêta ses chevaux. Lescharpentiers arrivèrent. Ils replacèrent le fond de la voiture, maishélas, il tomba de nouveau, et de nouveau. Enfin le maire s'approcha de la portière et dit: "Monsieur Yvon, voyez-vous cette petite maison qui brille là, entre les arbres. Danscette maison demeure une dame. Elle a une porte merveilleuse. Je suissûr qu'elle vous prêterait cette porte, et je suis certain que la portetiendrait jusqu'au coucher du soleil. " Yvon fit un signe. Deux domestiques partirent. Quelques minutes aprèsils arrivèrent avec la porte. Elle fut placée au fond de la voiture, ettint ferme. Le cocher fit claquer son fouet. Les chevaux s'élancèrent enavant, mais la voiture ne bougea pas. On attela huit, dix, douze, vingt-quatre chevaux à la voiture, mais malgré tous leurs efforts lavoiture ne bougea pas. Enfin l'officier s'approcha de la portière et dit à Yvon: "Mon maître, voyez-vous cette petite maison qui brille là, au milieu des arbres. Danscette maison il y a une dame. Cette dame a une vache vraimentremarquable. Je suis sûr qu'elle vous prêterait sa vache, et je suiscertain que la vache ferait le tour du monde s'il le fallait. " Yvon fit un signe. Deux domestiques partirent. Quelques minutes aprèsils arrivèrent avec la vache. La vache fut attelée à la voiture. Ellepartit au grand galop. Elle arriva à l'église, mais elle ne s'arrêta pasà la porte. Au contraire, elle fit le tour de l'église vingt fois, puiselle ramena la voiture au château. "Il est trop tard pour le mariageaujourd'hui!" dit le baron Kerver. "Entrez, mes enfants, entrez. Nousaurons le festin aujourd'hui, et le mariage demain. " Yvon donna la main à la belle dame aux cheveux d'or; il la conduisit àtable et s'assit à côté d'elle. Le baron dit: "La dame qui demeure dans la petite maison a été trèsaimable. Elle nous a prêté ses pincettes, sa porte, et sa vache. Ellemérite une récompense. " Alors il appela un domestique, et dit: "Allez àla petite maison qui brille entre les arbres. Dites à la dame qui ydemeure que le baron Kerver lui fait ses compliments, et la prie de bienvouloir lui faire l'honneur de venir au festin de noce de son filsYvon. " Le domestique partit. Quelques minutes après il était de retour sans ladame. "Où est la dame?" dit le baron. "Pourquoi n'est-elle pas venue?" "Mon maître, " dit le domestique, "la dame a dit: 'Si le baron Kerver avraiment envie que j'accepte son invitation, dites-lui de venir mechercher. '" Le baron dit: "Cette dame a raison!" Il fit venir son cheval, et il alla chercher Finette lui-même, etl'escorta au château avec autant de cérémonie que si elle avait été uneprincesse. Quand Finette arriva au château, le baron lui donna la placed'honneur. Tout le monde la regarda avec admiration. Tout le mondeexcepté Yvon, qui n'avait d'yeux et d'oreilles que pour la belle dameaux cheveux d'or. Finette regarda tristement Yvon. Enfin elle prit le troisième et dernierboulet d'or, et dit tout bas: "Boulet, sauvez-moi. " Un instant aprèselle avait une belle coupe d'or à la main. Elle remplit cette coupe de vin, la donna au domestique, et dit: "Portezcette coupe à votre jeune maître, et dites-lui que la dame qui demeuredans la petite maison qui brille là entre les arbres, lui donne cettecoupe et le prie de boire à sa santé. " Le domestique fit la commission. Yvon prit la coupe. Il regarda dans lacoupe, qui était une coupe magique, et vit comme dans un miroir lesdifférentes scènes de sa vie chez le géant, et son évasion avec Finette. "Finette, ma chère Finette, où êtes-vous?" cria-t-il. "Que fait cettefemme à côté de moi? Pourquoi est elle à la place de ma chère Finette?"Il leva les yeux, vit Finette, se précipita dans ses bras, l'embrassamille fois, et lui demanda mille fois pardon. Finette lui pardonna debon coeur, et le lendemain ils allèrent à l'église ensemble. Le trait ne se cassa pas, le fond de la voiture ne tomba pas, la voitureavança rapidement, sans encombre. Ils arrivèrent à l'église à l'heure, ils furent mariés et ils furent toujours heureux, car la belle dame auxcheveux d'or, qui était la sorcière, la tante du géant, avait disparu, et ne revint plus jamais en Bretagne. LE RENARD ET LE LOUP. [17] [Note 17: A Russian fable. ] Il y avait une fois un homme et une femme. L'homme était âgé, et lafemme aussi. Un jour l'homme alla à la mer pour pêcher. L'homme pritbeaucoup de poissons. Il prit de grands poissons, de petits poissons, etdes poissons de grandeur moyenne. Il prit tant de poissons qu'il étaitimpossible de les porter tous, et il les mit dans un char pour lesporter à la maison. En route l'homme vit un renard couché au milieu de la route. L'hommedescendit de son char. Il toucha le renard. Le renard ne bougea pas. "Oh!" dit l'homme "Le renard est mort. Voilà un beau cadeau pour mafemme!" Il prit le renard. Il jeta le renard dans le char avec lepoisson, et remontant dans le char, il continua son chemin (route). Mais le renard n'était pas mort comme le pauvre homme l'avait supposé. Il jeta tous les poissons du char, l'un après l'autre et quand il eutjeté tous les poissons à terre, il descendit aussi. Arrivé à la maison, l'homme dit à la femme: "Ma femme, regardez le beau cadeau que je vous ai apporté. " "Où est ce cadeau?" demanda la femme. "Là, dans le char, sur le poisson. " La bonne femme regarda, et dit: "Mon mari, il n'y a ni poissons, nicadeau dans le char. " L'homme tourna la tête, et vit que les poissons et le renard avaientdisparu, et naturellement il était bien désappointé, car il avait penséobtenir beaucoup d'argent pour son poisson. Le renard, qui avait pris tout le poisson, était très occupé à manger lepoisson quand un loup arriva. "Bonjour, mon frère, " dit le loup. "Bonjour, " dit le renard. "Donnez-moi des poissons, " dit le loup. "Allez en pêcher, " répondit le renard. "Mais je ne sais pas pêcher!" dit le loup. "C'est très facile, " dit le renard. "Allez sur la glace, près d'un trou, plongez votre queue dans l'eau, et dites: 'Venez, venez, petits et grospoissons, ' et dans quelques minutes tous les poissons viendront sependre à votre queue. " Le loup, enchanté, alla à la rivière. Il alla sur la glace; il trouva untrou; il plongea sa queue dans l'eau, et dit: "Venez, venez, petits etgros poissons. " Le renard arriva alors, et dit tout doucement: "Que leciel soit clair, clair, clair; que la queue du loup gèle, gèle, gèle!" "Que dites-vous, mon ami?" demanda le loup. "Je vous aide, " dit le renard, et il partit quelques minutes après. Le loup resta là toute la nuit, enfin il voulut partir. Impossible. Laqueue était prise dans la glace. Le loup pensa: "Oh, j'ai pris tant depoissons qu'il est impossible de les tirer tous hors de l'eau. " Les femmes du village arrivèrent au trou pour chercher de l'eau. Quandelles virent le loup, elles se mirent à crier aussi fort que possible: "Au loup! Au loup! Tuez-le, tuez-le. " Tous les hommes arrivèrent avec de grands bâtons. Les hommes frappèrentle pauvre loup, qui arracha sa queue du trou et partit en toute hâte enhurlant de douleur. Pendant que les hommes et les femmes étaient occupés à battre le pauvreloup, le renard était entré dans les maisons, et il avait mangé beaucoupde bonnes choses. Enfin le renard mit la tête dans un seau de pâte, sebarbouilla bien, et alla à la rencontre du loup. Le loup dit: "Méchant renard, regardez ma pauvre queue!" "Oh!" dit le renard en gémissant, "regardez ma pauvre tête!" "Oh!" dit le loup. "Les méchantes gens vous ont battu aussi, mon pauvrepetit frère. Vous êtes plus malade que moi, montez sur mon dos, je vousporterai à la maison. " Le renard monta sur le dos du loup, et chanta gaiement: "Celui qui a été battu Porte celui qui n'a pas été battu. " Mais le loup était trop stupide pour comprendre, et il pensa seulement:"Mon petit frère est très courageux. Il a la tête malade, et il chantegaiement. Moi, qui ai seulement la queue malade, je ne chante pas, ohnon, je ne chante pas. " LA MAUVAISE FEMME. [18] [Note 18: A Russian folktale. ] Il y avait une fois une mauvaise femme. Elle était si mauvaise qu'ellese querellait avec tout le monde. Elle se querellait surtout avec sonmari, et jamais elle ne faisait ce qu'il lui disait. Quand le maridisait: "Ma femme, levez-vous, s'il-vous-plaît, pour faire ledéjeuner, " elle restait trois jours au lit. S'il disait: "Ma femme, couchez-vous tôt ce soir, " elle restait debout toute la nuit. Un jour l'homme dit à sa femme: "J'aime beaucoup les crêpes; faites-moides crêpes!" La femme dit: "Non, misérable; vous ne méritez pas de crêpes!" Alors l'homme dit: "Très-bien, si je ne mérite pas de crêpes, n'enfaites pas. " La femme courut à la cuisine et fit beaucoup de crêpes. Elle força son mari à manger toutes les crêpes, et il eut une attaqued'indigestion. Fatigué de se quereller avec cette méchante femme, le pauvre homme allaun jour dans les bois chercher des fraises. Il arriva enfin au milieu dela forêt, et s'assit sous un arbre. En regardant autour de lui ilaperçut un trou. Il alla au trou, regarda dedans (dans le trou) et vitqu'il était sans fond. Il dit: "Ma femme est si mauvaise, et sidésagréable, que j'aimerais qu'elle fût dans ce trou-là. " Il retourna à la maison et dit: "Ma femme, n'allez pas à la forêtcueillir des fraises. " La femme se prépara immédiatement à aller dans la forêt, et l'homme dit:"Eh bien, ma femme, si vous allez dans la forêt, n'allez pas vousasseoir sous un grand arbre au centre de la forêt. " La femme répondit: "Mon mari, j'irai à la forêt, et j'irai m'asseoirsous le grand arbre au centre de la forêt. " "Eh bien, ma femme, allez si vous voulez, mais ne regardez pas dans letrou. " La femme dit: "J'irai dans la forêt, et je regarderai dans le trou!" Lafemme partit. Son mari la suivit. Elle arriva au centre de la forêt, elle s'approcha du trou. Le mari arriva aussi, et poussa sa femme, quitomba dans le trou sans fond. Alors le mari retourna à la maison. Il passa trois jours sans sa femme. Quand le quatrième jour arriva, il retourna à la forêt, s'approcha dutrou, et il regarda dedans. Il avait apporté une longue corde. Ilattacha un bout de cette corde à un arbre, et laissa tomber l'autre boutdans le trou. Après quelques minutes il retira la corde, et à sa grandesurprise il trouva un démon attaché à la corde. Le pauvre homme avaitpeur. Il trembla, et il aurait rejeté le démon dans le trou si le pauvredémon n'avait pas dit: "Mon cher homme, je suis bien aise (content) de sortir de mon trou. Uneméchante femme est arrivée, et elle est si désagréable que je préfèrerester sur terre. Venez avec moi, et vous aurez une grande fortune. J'irai dans toutes les villes et dans tous les villages, et jetourmenterai tant toutes les femmes qu'elles seront dangereusementmalades. Alors vous arriverez avec une médecine qui les guérira. " Le démon alla le premier, et toutes les femmes et toutes les jeunesfilles tombèrent malades. Alors le paysan arriva avec sa médecine, et ilguérit toutes les malades. Naturellement tout le monde payait cher cettemédecine, et le paysan fit une grande fortune en très peu de temps. Le démon dit un jour au paysan: "Maintenant, paysan, je tourmenterai lafille du roi; elle sera malade, très malade, mais je vous défends de laguérir. " La fille du roi tomba malade. Le roi envoya chercher le médecin, et dit:"Guérissez ma fille, ou vous périrez. " Le démon dit: "Ne guérissez pasla fille du roi, ou vous périrez. " Le pauvre paysan se trouvaitnaturellement très embarrassé. Il pensa longtemps, puis il alla trouvertous les domestiques du roi, et dit: "Allez dans la rue, et criez aussifort que possible: 'La méchante femme est arrivée! la méchante femme estarrivée!'" Alors le paysan entra dans la maison du roi. Le démon, qui était dans lamaison, dit: "Misérable, pourquoi arrivez-vous ici?" Le paysan répondit: "Mon pauvre démon, la méchante femme est arrivée. " "Impossible!" dit le démon. Mais à cet instant-là tous les domestiquesdu roi commencèrent à crier: "La méchante femme est arrivée! la méchantefemme est arrivée!" Le démon dit au paysan: "Oh! mon ami, j'ai peur de la méchante femme. Dites-moi où me cacher. " Le paysan dit: "Retournez dans votre trou. Laméchante femme n'y retournera sûrement pas. " Le démon partit bien vite, et il se précipita dans le trou, où, hélas, il retrouva la méchante femme. Le paysan guérit la fille du roi et reçut une grande récompense pour sesservices. BABA-IAGA. [19] [Note 19: One of the folktales so popular among Russian peasants. All the witches are known as Baba-Iaga in Russia. ] Un homme avait perdu sa femme; il était donc veuf, et il était trèstriste. Il avait une fille. Un jour il dit à sa fille: "Mon enfant, jesuis triste, je vais me remarier. " En effet il prit une seconde femme, mais elle n'était pas bonne du tout. Elle était très cruelle, et ellebattait toujours la pauvre fille quand le père était sorti. Un jour laméchante femme dit à la pauvre fille: "Ma fille, allez vite chez votre tante, ma soeur, et dites-lui de vousprêter une aiguille et du fil, car je veux vous faire une robe. " La jeune fille partit, mais elle alla d'abord visiter sa vraie tante;car elle avait peur de la soeur de sa belle-mère, qui s'appelaitBaba-Iaga, et qui était une sorcière renommée. La vraie tante lui donna toutes les instructions nécessaires, et alorselle alla chez la sorcière Baba-Iaga. La sorcière était dans sachaumière (petite maison); elle était très occupée à filer. "Bonjour, ma tante, " dit la jeune fille. "Ma belle-mère m'a envoyée pourvous prier de lui prêter une aiguille et du fil pour me faire une robe. " "Très-bien, " dit Baba-Iaga, "asseyez-vous là, et filez un instant. " La jeune fille s'assit à la place de Baba-Iaga, et commença à filer. Lasorcière alla dans la cuisine, et dit à sa servante: "Allez vitechauffer un bain, et lavez bien cette jeune fille, car j'ai l'intentionde la manger à dîner. " La jeune fille entendit cet ordre cruel. Elle courut à la servante, etlui dit: "Ma bonne amie, voici un joli mouchoir pour vous, si vousallumez le feu et si vous versez l'eau dessus (sur le feu). " Quelques minutes plus tard la sorcière arriva à la fenêtre, et cria: "Machère enfant, filez-vous?" "Mais oui, ma tante, je file, " dit la jeune fille. La sorcière partit. La jeune fille donna un morceau de lard au chat, etdit: "Voulez-vous me dire comment on peut sortir d'ici?" "Oui, " dit le chat. "Voilà un peigne et une serviette; prenez-les, etsauvez-vous vite. La sorcière vous poursuivra, et quand elle sera prèsde vous, jetez la serviette; elle deviendra un large fleuve (rivière). Si la sorcière passe et s'approche de vous, jetez le peigne; ildeviendra un bois si vaste et si épais qu'elle ne pourra pas letraverser. " La jeune fille prit le peigne et la serviette, et partit. Les chiens dela sorcière voulurent l'arrêter. Elle leur jeta un morceau de pain, etils la laissèrent aller. Les portes voulurent aussi arrêter la jeunefille; elle les graissa avec un peu de beurre qu'elle avait apporté, etles portes s'ouvrirent et la laissèrent passer. Le chat prit sa place, et quand la sorcière cria: "Ma chère enfant, filez-vous?" le chatrépondit: "Mais oui, ma chère tante, je file. " Mais bientôt la sorcière arriva. Elle vit que le chat filait, et que lajeune fille s'était sauvée. La sorcière battit le chat, et dit:"Pourquoi n'avez-vous pas crevé les yeux de la jeune fille?" "Oh, " dit le chat, "je suis à votre service depuis longtemps, et vous nem'avez jamais rien donné. La jeune fille m'a donné du lard!" La sorcière dit à la servante: "Pourquoi avez-vous versé de l'eau sur lefeu? Pourquoi avez-vous permis à la jeune fille de se sauver?" "Oh, " dit la servante, "la jeune fille est bonne; elle m'a donné unmouchoir; vous ne m'avez jamais rien donné. " La sorcière dit aux portes: "Pourquoi avez-vous permis à la jeune fillede se sauver?" Les portes répondirent: "La jeune fille est bonne; elle nous a graisséesavec du beurre. Nous avons crié depuis des années, et vous ne nous avezjamais rien donné. " La sorcière dit aux chiens: "Pourquoi avez-vous permis à la jeune fillede se sauver?" Les chiens répondirent: "La jeune fille est bonne; elle nous a donné dupain. Vous ne nous avez jamais rien donné. " Alors Baba-Iaga, la sorcière, partit en toute hâte pour chercher lajeune fille; mais la jeune fille mit l'oreille à terre et entendit venirla sorcière. Elle jeta la serviette derrière elle, et à l'instant unelarge rivière commença à couler. Quand la sorcière arriva à la rivière, elle était furieuse. Elleretourna à la maison, conduisit ses boeufs à la rivière, et dit: "Mesboeufs, buvez l'eau, toute l'eau de la rivière afin que je puissetraverser. " Quand les boeufs eurent bu toute l'eau de la rivière, la sorcièrecontinua la poursuite. Mais quand la jeune fille l'entendit venir, ellejeta le peigne derrière elle, et à l'instant une forêt épaisse se trouvaentre elle et la sorcière. La sorcière arriva. Elle vit la forêt. Elleétait furieuse, mais elle ne pouvait pas la traverser. La jeune fille arriva à la maison, et son père lui demanda: "Où avez-vous été, ma fille?" "Mon père, ma belle-mère m'a envoyée chez la sorcière Baba-Iaga chercherune aiguille et du fil pour me faire une robe, et Baba-Iaga voulait memanger!" "Ma pauvre fille, " dit l'homme, "comment avez-vous fait pour voussauver?" La jeune fille raconta toute l'histoire à l'homme, qui entra dans unegrande colère et renvoya sa femme. Quand la méchante femme fut partie, il fut très heureux avec sa fille, qui devint une excellente ménagère. La jeune fille n'oublia cependant jamais ce que sa vraie tante lui avaitdit, et quand elle fut mère elle répéta bien souvent à ses enfants, enleur racontant l'histoire de ses aventures chez Baba-Iaga: "Mes chers enfants, soyez toujours bons envers tous, et tout le mondesera bon envers vous. Si la sorcière avait bien traité sa servante, sonchat, ses portes et ses chiens, je ne serais certainement pas ici, carelle m'aurait mangée pour son dîner. " LES NEZ. [20] [Note 20: This is one of the Hungarian-Slavonian stories. Differentversions have been given by Slavonic writers. Wratislaw gives atranslation of it in his "Sixty Folk Tales, " and Laboulaye has given hisversion of it in his "Fairy Book. "] Il y avait autrefois, près de Prague, un vieux fermier, très original, qui avait une fille extrêmement belle. Les nombreux étudiants del'université de Prague faisaient souvent de longues promenades à lacampagne, et ils passaient souvent devant la maison, espérant voir lajeune fille, qui s'appelait Marie, et faire un peu de conversation avecelle. Le fermier étant fort riche, plus d'un de ces étudiants aurait bien aiméêtre son gendre. Afin de trouver moyen de faire la cour à la jolieMarie, les étudiants se déguisèrent en domestiques, et vinrent offrirleurs services comme garçons de ferme. Le vieux propriétaire, qui était très rusé, s'aperçut bientôt de cettemanoeuvre, et il déclara qu'il n'accepterait aucun domestique pour moinsd'une année, et jura que le garçon serait forcé de rester à son servicejusqu'au moment où le coucou chanterait au printemps. Il ajouta qu'il se réservait aussi le droit de couper le nez desmécontents, en disant qu'on pourrait lui couper le sien, s'il luiarrivait de se mettre en colère. Malgré ces conditions bizarres, plusieurs jeunes gens entrèrent au service du fermier, mais ilsperdirent tous le nez, vu que le fermier s'amusait à les faire enrager, et dès qu'ils se montraient mécontents, il les renvoyait après leuravoir amputé le bout du nez. Un jeune étudiant, nommé Coranda, arriva enfin à la ferme bien résolud'épouser la fille du fermier. Celui-ci lui dit qu'il serait obligé detravailler jusqu'au moment où le coucou chanterait, mais que s'il luiarrivait une seule fois de se fâcher il perdrait le nez. Coranda consentit à cet arrangement, et commença son service. Le fermiers'amusa à le tourmenter de toutes les façons possibles. A table il ne leservit ni au dîner ni au souper. Cependant il ne manqua pas de luidemander plusieurs fois s'il était parfaitement content. Coranda répondit chaque fois avec une bonne humeur que rien ne pouvaitébranler, et après souper voyant qu'il mourrait de faim s'il ne seservait pas lui-même, il prit le plus beau jambon qui se trouvait dansle garde-manger et une grosse miche de pain et se régala bien. La fermière s'étant aperçue du vol, alla se plaindre à son mari. Ilpâlit de colère, et demanda à Coranda comment il avait osé se servirlui-même. Coranda répondit naïvement que n'ayant rien mangé de toute la journée ilavait grand'faim, et ajouta: "Mais si vous n'êtes pas content, monmaître, vous n'avez qu'à le dire, et je partirai dès que je vous auraiamputé le bout du nez. " Le fermier, qui n'avait aucune envie de subir cette petite opération, déclara avec emphase, qu'il était parfaitement content, mais après celail n'oublia plus jamais de servir le garçon de ferme à table. Quand vint le dimanche, le fermier annonça à Coranda qu'il comptaitaller à l'église avec sa femme et sa fille, et lui recommanda de fairela soupe pendant leur absence. "Voilà la viande, les carottes, lesoignons, et la marmite, et vous trouverez du persil dans le jardin. " Coranda promit de faire la soupe, et de ne pas oublier le persil, et lemaître partit tout joyeux. Le garçon de ferme commença ses préparatifsculinaires, mit la viande et les légumes dans la marmite, puis il allaau jardin pour cueillir du persil. Là, il trouva un petit chien, lefavori du fermier, et comme cette petite bête s'appelait Persil, il latua et la jeta dans le pot-au-feu. Au retour de la ville, le fermier se mit à table, et goûta la soupe. Elle avait bien mauvais goût, et il fit la grimace. Il n'osa cependantpas se plaindre, de peur de perdre le nez, et appela le petit chien pourla lui faire manger. Bien entendu le chien n'arriva pas, et quand le maître alla à sarecherche, il trouva la peau toute ensanglantée de son pauvre favori. "Misérable, " dit-il à Coranda, "qu'avez-vous donc fait?" "Moi, " dit Coranda, "je vous ai tout bonnement obéi. Vous m'avez dit demettre du Persil dans la soupe et je l'ai fait; mais si vous n'êtes pascontent, vous n'avez qu'à le dire, je vous couperai le bout du nez, etje partirai tout de suite. " "Mais non, mais non, " dit le fermier, "je ne suis pas mécontent, " et ils'en alla en soupirant. Le lendemain le fermier alla au marché avec sa femme et sa fille, etavant de partir il dit à Coranda: "Restez ici, et faites seulement ce que vous verrez faire aux autres. " Coranda, resté seul, regarda autour de lui et vit que les autresouvriers avaient placé une échelle contre une vieille grange afin degrimper sur le toit pour le démolir. Il courut donc chercher une échellequ'il appuya contre la maison, et il se mit à démolir le toit neuf avectant d'ardeur, que le fermier trouva sa maison exposée à tous les ventsà son retour. Ce spectacle le mit en colère, mais quand Coranda lui dit qu'il luicouperait le nez s'il n'était pas content, il sourit avec contrainte etdéclara qu'il se trouvait parfaitement satisfait. Le fermier, pressé de se débarrasser d'un serviteur si incommode, consulta sa fille pour savoir comment il pourrait le renvoyer sansperdre le nez. "Allez vous promener avec lui dans le grand pré derrière la maison, " ditla jeune fille. "Je me cacherai dans les branches du pommier, et jeferai 'coucou, coucou. ' Vous lui direz alors que vous l'avez engagéseulement jusqu'au printemps, et qu'il peut s'en aller puisque le coucoua chanté. " Le fermier, charmé de cette bonne idée, alla se promener avec Coranda, et dès qu'il entendit chanter le coucou il lui donna son congé. "Très-bien, mon maître, " répondit Coranda, "mais comme je n'ai jamais vude coucou il faut que je voie celui-là. " En disant ces mots il courut aupommier et le secoua si vigoureusement que la jeune fille tomba à terrecomme une pomme mûre. Le fermier arriva en courant, car il croyait que la chute avait tué safille, et s'écria: "Misérable, partez de suite, si vous ne voulez pas que je vous tue!" "Partir, " reprit Coranda, naïvement, "pourquoi partir? N'êtes-vous pascontent?" "Non, " hurla le fermier en colère. "Je ne suis pas content et. .. " "Alors permettez-moi de vous couper le bout du nez. .. " "Non, non, " dit le fermier, en détresse, "je veux garder mon nez, coûteque coûte. Laissez-le-moi, et je vous donnerai dix moutons!" "Ce n'est pas assez!" dit Coranda. "Dix vaches alors. " "Non! je préfère vous couper le nez!" La jeune fille lui demanda alors àquel prix il consentirait à pardonner à son père, et quand il dit qu'ille ferait seulement à condition de l'obtenir pour femme, elle lui donnala main en rougissant. Coranda invita tous les étudiants à ses noces, qui furent magnifiques, et il se montra si bon gendre et si bon mari quele fermier ne regretta jamais de l'avoir reçu dans la famille plutôt quede perdre son nez. Quant à la fille du fermier, elle aima beaucoup son mari, fut une bonnefemme et éleva ses enfants bien sagement. Quand ils n'étaient pascontents, elle leur proposait en riant, de leur couper le bout du nez, une proposition qu'ils n'acceptèrent jamais, je vous assure. L'HOSPITALITÉ DU PACHA. [21] [Note 21: An Arabian legend. The Mahometans are the followers ofMahomet. In Arabia and Turkey God is called Allah. A pacha is the sameas a bashaw. The Koran is the Mahometan Bible. ] Il y avait dans une ville d'Asie un riche marchand, un pacha. Cet hommeétait aussi bon que riche, et il observait tous les commandements duKoran avec l'exactitude la plus scrupuleuse. Sa conduite était siexemplaire que tout le monde l'admirait beaucoup, et on disait toujoursen parlant de lui: "Il mérite toute la prospérité qu'Allah lui envoie. " Un jour le pacha était assis dans son jardin. Il fumait sa longue pipe, et il souriait tout doucement en regardant ses nombreux enfants, quijouaient autour de lui, et en admirant la grande beauté de ses femmes, car il en avait bon nombre comme tous les Mahométans riches. Vers le soir les femmes et les enfants retournèrent à leursappartements, et le bon pacha, resté seul, rendit grâces à Allah (c'estainsi que les Mahométans appellent le bon Dieu) de lui avoir accordétant de bénédictions. Tout à coup un serpent arriva en toute hâte, encriant: "Protection! Protection, au nom d'Allah!" "Au nom d'Allah et du Prophète je vous donne ma protection, " dit lebrave pacha. "Mais qui êtes-vous? D'où venez-vous et pourquoidemandez-vous ma protection?" "Je suis le roi des serpents, j'ai beaucoup d'ennemis, ils mepoursuivent, et s'ils me trouvent ils me tueront! Cachez-moi, bon pacha, cachez-moi, au nom d'Allah!" "Très-bien, " dit le pacha, "j'ai promis de vous protéger; allez vouscacher sous mon divan!" "Non! non!" dit le serpent. "Je suis sûr que mes ennemis metrouveraient. Ils m'ont vu entrer dans votre maison, et ils serontbientôt ici. Le seul moyen de bien me cacher, et de tenir votre parolede me protéger au nom d'Allah et du Prophète, est celui-ci. Ouvrez labouche toute grande, pacha, et permettez-moi de me cacher dans votrepoitrine. Vite, vite; car j'entends mes ennemis qui arrivent en toutehâte. " Le bon pacha pensa: "Le serpent est mon hôte, et le Koran commandel'hospitalité. Or on ne doit jamais refuser à un hôte aucune requête, donc, bien que ce soit fort désagréable de recevoir ce vilain serpentdans ma bouche, c'est mon devoir de le protéger. " Le pacha ouvrit donc la bouche toute grande, et le serpent se glissarapidement dans sa poitrine, juste au moment où ses ennemis entraientdans le jardin, en criant: "Où est notre ennemi? où est le traître? à mort, à mort, à mort!" Le pacha leur demanda pourquoi ils criaient si fort. Ils répondirentqu'ils avaient vu le serpent entrer dans la maison du pacha, etdemandèrent la permission de le chercher. Le pacha leur dit que samaison et son jardin étaient à leur service, et ils commencèrent àchercher le serpent. Ils cherchèrent partout, ils allèrent partout, ils regardèrent danstout, mais ils ne trouvèrent pas le serpent, et ils partirent enfin endéclarant que le malin s'était sans doute échappé. Quand ils furentpartis, le pacha dit au serpent: "Sortez sans crainte, vos ennemis sont tous partis; sortez vite, carvous gênez les battements de mon coeur. " "Non; je ne sortirai pas sans avoir une bouchée de votre coeur ou devotre poumon. Choisissez!" dit le serpent cruel. Le pacha lui reprocha son ingratitude, mais le serpent dit: "Quevoulez-vous, mon cher pacha? C'est ma nature, et je suis vraiment bienbon de vous donner le choix. Mais, faites vite, car je suis bienpressé. " Le pacha dit alors: "Eh bien, puis qu'il n'y a aucune autre alternative, vous aurez le meilleur morceau de ma chair. Mais, permettez-moi de direadieu à mes enfants, et d'arranger les choses de façon à donner à mamort l'apparence d'un accident. Car, si on savait que je suis mort parceque j'ai obéi au Koran, les hommes penseraient qu'il ne faut plusmontrer d'hospitalité à personne et ils cesseraient de pratiquer lesvertus que le Prophète recommande. " Le serpent consentit à attendre encore un peu. Le pacha embrassa sesenfants, il arrangea ses affaires, il fit ses ablutions, puis il allaseul dans le jardin, et après avoir récité une dernière prière, il ditau serpent: "Maintenant faites votre volonté. " Au même moment parut un jeune homme d'une beauté resplendissante, quidit: "Pacha, confirmez votre foi. Prononcez trois fois le nom d'Allah, détachez une feuille de cet arbre, posez-la sur votre bouche, et vousserez sauvé. " "Qui êtes-vous donc?" demanda le pacha, tout surpris. "Je suis l'ange de l'hospitalité, et le Prophète m'a envoyé pour voussauver!" En disant ces mots le messager céleste disparut aussi promptement qu'ilavait paru. Le pacha ne douta cependant pas. Il cueillit une feuille de l'arbre, laposa sur sa bouche, prononça trois fois le nom d'Allah, et le serpentsortit de sa poitrine, noirci et calciné par la justice divine, qui nepermet jamais que la vertu soit punie. Le bon pacha qui avait été sauvé ainsi par un miracle, remercia tous lesjours Allah de l'avoir sauvé de ce terrible danger. Il continua à vivreheureux, au milieu de sa famille, et recommanda tous les jours à sesenfants de ne pas oublier que le Koran commande l'hospitalité. Cetterecommandation fut répétée par ses enfants à ses petits-enfants, et tousles descendants du pacha sont renommés pour leur hospitalité. LES DEUX FRÈRES. [22] [Note 22: A Slavonic legend. ] Il y avait une fois un homme, bien pauvre, qui avait deux fils Jozka etJanko. L'aîné (=le plus âgé) de ces deux fils était très intelligent, etun jour son père lui dit: "Jozka, il est temps d'aller faire ton tour d'apprentissage. " Le jeune homme, qui était très content de voyager, reçut la bénédictionde son père, quelques gâteaux de sa mère, et partit gaiement. Il marchalongtemps, il traversa une montagne sombre, et il arriva enfin dans uneprairie. Comme il avait faim, il prit un des gâteaux que sa bonne mère lui avaitdonnés, et commença à le manger de bon appétit. Les fourmis arrivèrentaussitôt, et crièrent au jeune homme: "Donne-nous un bien petit morceau de ton bon gâteau!" Mais Jozka était gourmand et égoïste, et il refusa de leur en donnermême les miettes. Les fourmis, très désappointées, dirent alors: "Tu n'es certainement pas généreux, Jozka, et nous ne viendrons jamais àton secours quand tu seras dans la misère. " Jozka ne fit aucune attention à cette menace, il finit tranquillementson repas et continua son voyage. Il arriva bientôt au bord d'unerivière, et vit un pauvre petit poisson qui avait sauté hors de l'eau, sur le rivage, et qui s'efforçait vainement de rentrer dans son élémentliquide. Il demanda du secours à Jozka, qui lui donna un coup de pied aulieu de l'aider. "Méchant, " dit le poisson, "nous ne t'aiderons jamais. " Jozka ne fit pas attention au poisson, et continua son chemin. Enfin ilarriva à un carrefour. Là des diables se disputaient et se battaient. Lejeune homme les regarda tranquillement et ne fit rien pour les séparer. Les diables lui crièrent: "Tu es un égoïste, Jozka, et rien ne te réussira dans ce monde. " Cette prédiction se vérifia bientôt, et Jozka, fatigué de voyager sansprofit, retourna chez son père où son frère cadet (= plus jeune) lui fitdes reproches, parce qu'il n'apportait rien à la maison. Le père décida alors qu'il était temps d'envoyer Janko dans le monde, etil lui donna une petite bouteille, qui contenait une eau magique quiguérissait toutes les maladies. La mère lui donna une miche de pain, etil partit gaiement. Il marcha droit devant lui, traversa la même montagne sombre que sonfrère avait traversée, et arriva dans la même prairie. Comme il avait bien faim, il s'assit sous un arbre, prit un morceau depain et commença à manger de grand appétit. Les fourmis arrivèrent aussitôt, en criant: "Nous avons faim aussi, donne-nous un peu de ton pain. " "Avec le plus grand plaisir, " dit Janko, qui était bon et généreux, etil coupa un morceau de pain qu'il émietta pour les fourmis. Elles étaient si reconnaissantes qu'elles le remercièrent bien des foiset dirent aussi: "Bon Janko, nous viendrons à ton secours. " Janko continua sa route. Il arriva près d'un lac. Là il vit un pauvrepetit poisson sur le rivage. Il le prit, et le mit dans l'eau en disant: "Pauvre petit poisson, tu es fait pour vivre dans l'eau, et non sur laterre. " Le petit poisson, heureux de se retrouver dans son élément, le remercia, et dit: "Bon Janko, nous te viendrons en aide!" Le jeune homme continua son voyage, et arriva avant longtemps aucarrefour, où les diables se disputaient et se battaient. Il les regardaun instant avec chagrin, puis il les sépara et rétablit le bon accordparmi eux. Les diables le remercièrent et partirent, en disant: "Bon Janko, nous viendrons à ton secours. " Janko nota ce détail dans sa mémoire, et continua son chemin. Il arrivaà une ville. Là il trouva tout le monde en détresse, car la fille du roiétait dangereusement malade, et tous les médecins disaient qu'elleallait mourir. Janko alla à une auberge (= petit hôtel), appelal'aubergiste et dit: "Allez vite au palais, et annoncez au roi que je suis le premier médecindu monde. Je guérirai sa fille malade. " L'aubergiste alla bien vite aupalais, et dit au roi: "Le premier médecin du monde est à mon auberge. Il dit qu'il guérira laprincesse. " Le roi, enchanté, fit venir Janko, et dit: "Monsieur le médecin, si vousguérissez ma fille, je vous la donnerai pour femme. " Janko prit sa petite bouteille et donna un peu de son eau magique à laprincesse, qui se trouva mieux après la première dose, et qui au bout dequelques jours était complètement guérie. Mais elle n'avait pas envie d'épouser le médecin, et dit à son père: "Mon père, je refuse d'épouser ce jeune homme. " Le roi insista, et la princesse répondit: "Eh bien, je l'épouserai, mais seulement à condition qu'il accomplisseles trois choses que je lui dirai. " Janko consentit à cette condition, et dit: "J'accomplirai ces choses sielles sont possibles et si Dieu m'aide. " La princesse prit deux sacs de graines de pavot et deux sacs de cendres. Elle mêla les graines de pavot et les cendres, appela Janko, et dit"Janko, si vous séparez les graines de pavot des cendres avant demainmatin, je suis à vous. " Janko était bien embarrassé. Il n'était pas habile, et il alla dans laprairie, où il commença à pleurer et à prier Dieu de lui venir en aide. Tout à coup une quantité de fourmis arrivèrent, en disant: "Ne désespère pas, Janko; tu nous as aidées, maintenant noust'aiderons;" et les fourmis séparèrent les graines de pavot des cendres. La princesse était surprise et désappointée, et dit à Janko: "Vous avez accompli une des conditions, mais il faut que vous meprocuriez la perle la plus précieuse du fond de la mer. " Janko alla au bord du lac, et pleura amèrement. Tout à coup un poissonparut à la surface de l'eau, et dit: "Janko, pourquoi pleures-tu?" Le jeune homme confia ses peines au poisson, qui lui promit la perle, endisant: "Tu nous as aidés, nous t'aiderons. " Quelques minutes plus tard il arriva avec la perle désirée, que laprincesse admira beaucoup. Puis elle dit à Janko: "Vous avez accompli deux des conditions; maintenant je vous épouserai sivous me rapportez une rose de l'enfer. " Janko courut au carrefour, où il avait rencontré les diables, et frappaà la porte de l'enfer. Les diables ouvrirent la porte, et lui donnèrentla rose qu'il demandait. La belle princesse reçut la rose avec grand plaisir et consentit enfin àépouser Janko, qui invita ses parents à la noce. Le frère Jozka futaussi invité, et quand il entendit l'histoire de son frère, il compritque l'égoïsme est un mauvais moyen de faire fortune, et qu'on a souventbesoin d'un plus petit que soi. LE BERGER ET LE DRAGON. [23] [Note 23: A Servian tale. ] Il y avait une fois un berger qui gardait ses moutons sur la montagne. C'était en automne, au temps où les serpents vont dormir dans la terre, et le berger en entendant un petit bruit, leva la tête pour voir quelleen était la cause. Il vit un grand nombre de serpents qui en arrivant près d'un certainrocher le touchaient d'une herbe qu'ils tenaient à la bouche. Au momentoù l'herbe touchait le rocher, le rocher s'ouvrait, et les serpentsentraient ainsi, l'un après l'autre, dans la montagne. Le berger appela son chien; il lui confia les moutons, et cueillant unbrin d'herbe il toucha le rocher, qui s'ouvrit. Le berger entra dans unegrotte, dont les murs étaient couverts d'or, d'argent et de pierresprécieuses. Au centre de la grotte il y avait un trône, et sur ce trôneil y avait un serpent immense. Tous les autres serpents groupés autourde lui dormaient comme lui. Le berger examina la grotte, regarda les serpents, et quand il eut toutvu il dit: "C'est assez maintenant, " et voulut partir. Mais le rocherétait fermé, et comme il ne pouvait pas sortir il s'enveloppa dans sonmanteau, se coucha à terre, et dormit comme les serpents. Il se réveilla seulement quand il entendit un bruit étrange, et quand ilouvrit les yeux il vit que tous les serpents étaient réveillés. Ilsétaient groupés autour du trône, et ils demandaient tous à la fois: "Est-il temps, ô mon roi, est-il temps?" Le roi des serpents resta immobile encore quelques minutes, puis il dit: "Il est temps!" En disant ces mots il descendit de son trône, et sedirigea vers le rocher, suivi de tous les autres serpents. Arrivé aurocher, le roi le toucha. Le rocher s'ouvrit; les serpents sortirenttous, suivis de leur roi. Mais quand le berger voulut sortir aussi, lerocher se referma. "Roi des serpents, laissez-moi sortir!" cria le berger de toutes sesforces. "Non, non, " dit le roi; "restez-là, mon ami. " "Mais, j'ai assez dormi!" dit le berger. "Mon troupeau m'attend;laissez-moi sortir. " "Je vous laisserai sortir seulement à condition que vous juriezsolennellement que vous ne révèlerez à personne où vous avez dormi, nicomment vous êtes entré dans la grotte aux serpents!" dit le roi. Le berger jura trois fois, le rocher s'ouvrit, et il se trouva sur lamontagne. Mais quel changement! Ce n'était plus l'automne, c'était leprintemps! Le berger pensa à sa femme, et descendit la montagne aussivite que possible, car il avait peur d'être grondé parce qu'il étaitresté si longtemps absent. Quand il arriva près de la maison il vit un monsieur à la porte, et ilentendit qu'il disait à la femme: "Ma bonne femme, votre mari est-il chez lui?" "Mais non, monsieur, " répondit la femme. "Il est parti pour la montagne l'automne dernier, et comme il n'est pasrevenu, je crains (j'ai peur) que les loups ne l'aient mangé. " Et ellecommença à pleurer. "Les loups ne m'ont pas mangé!" cria le berger. "Me voilà. " Quand la femme vit le berger, elle cessa de pleurer, et dit: "Eh bien, paresseux, où avez-vous été tout l'hiver?" L'homme, n'osant dire la vérité, répondit: "J'ai été dans le parc auxmoutons où j'ai dormi tout l'hiver!" "Imbécile, " dit la femme, en colère. Le beau monsieur dit: "Allons donc, berger, ce n'est pas vrai, ce quevous dites là. Si vous me dites où vous avez passé l'hiver, je vousdonnerai une grande somme d'argent. " Tourmenté par sa femme et par le beau monsieur, le berger raconta enfintout ce qui lui était arrivé. Le beau monsieur, qui était magicien, leforça alors à le conduire à la montagne, et à ouvrir le rocher en letouchant avec l'herbe merveilleuse. Quand le rocher fut ouvert, lemagicien prit son livre et commença à lire. Tout à coup on entendit unbruit terrible, et un dragon sortit. Ce dragon était le vieux serpent, le roi. Il était furieux contre leberger, qui avait révélé le secret de la grotte aux serpents. Lemagicien donna vite une corde au berger, en disant: "Jetez-lui ce licolau cou!" Le pauvre berger obéit malgré lui, et tout à coup il se trouva assis surle dos du dragon, qui volait rapidement par-dessus les montagnes et lesmers. Le pauvre berger était très effrayé, car le dragon allait toujoursplus vite, et montait toujours plus haut. Enfin le berger aperçut unepetite alouette, et lui cria: "Alouette, chère petite alouette, oiseau cher à Dieu, allez, je vous enprie, auprès du Père céleste; racontez-lui mes peines. Dites-lui qu'unpauvre berger lui souhaite le bonjour, et qu'il le prie de le secourir. " L'alouette fit la commission du berger. Le Père Éternel eut compassiondu pauvre homme; il écrivit un mot, en lettres d'or, sur une feuillequ'il cueillit d'un arbre dans le Paradis. Il donna cette feuille àl'alouette, et lui ordonna de la laisser tomber sur la tête du dragon. L'alouette s'envola, laissa tomber la feuille sur la tête du dragon, età l'instant même le dragon et le berger tombèrent à terre. Quand leberger revint à lui, il vit qu'il était sur la montagne, et au bout dequelques minutes il s'aperçut qu'il avait eu un mauvais rêve, car sonchien était à côté de lui, les moutons autour de lui, et c'était enautomne tout comme quand il s'était endormi quelques heures avant. LES DEUX AUMÔNES. [24] [Note 24: This story is adapted from a legend published in "LeMagasin Pittoresque, " a popular French periodical. ] Une pauvre vieille femme était assise au bord de la route. Elle avaitfroid, car la neige tombait; et elle avait faim, car elle n'avait rienmangé de toute la journée. Elle était assise là, et elle attendaitpatiemment, espérant qu'un voyageur compatissant lui donnerait un peud'argent pour acheter du pain et du bois pour faire un peu de feu danssa pauvre petite maison où il faisait si froid. Le premier homme qui passa la regarda avec compassion, et dit: "Pauvrefemme, voilà un temps bien dur pour mendier sur la route. Dieu vousassiste, " et il continua son chemin, d'un pas rapide, sans lui donner unseul sou, car il avait de gros gants, et il aurait été obligé de lesôter pour mettre la main dans sa poche. Il aurait eu froid aux doigts endéliant les cordons de sa bourse, et il n'eut pas le courage des'arrêter. La pauvre vieille femme, toute désappointée qu'elle était, remerciacependant le voyageur de ses bonnes paroles, et quand il lui dit: "Dieuvous assiste!" elle répondit: "Merci bien, mon bon monsieur, Dieu vousle rende. " Peu de temps après un second voyageur passa en voiture. Il était toutenveloppé dans une ample fourrure, il vit la pauvre femme, et, touché desa misère, il mit une main dans sa poche et de l'autre baissa la fenêtrede la voiture. "Oh!" dit-il, "quel terrible froid!" et il appela la pauvre vieillefemme, qui arriva aussi vite que possible. Il lui tendit l'argent ets'aperçut seulement alors qu'il s'était trompé, et que c'était une pièced'or et non pas la petite pièce blanche qu'il pensait donner. "C'estbeaucoup trop!" dit-il, et il allait retirer la main, mais le froid luifit lâcher la pièce d'or, qui tomba dans la neige. Il ferma la fenêtre, la voiture repartit et il se dit philosophiquement:"C'est trop, mais enfin je suis bien riche, et je puis me payer lafantaisie de faire une bonne action de temps en temps. " La pauvre mendiante, à genoux dans la neige, cherchait la pièce d'or, etses mains froides fouillaient sans cesse, car la malheureuse femme étaitnon seulement pauvre et âgée, mais elle était aussi aveugle. Pendant ce temps l'homme riche était rentré chez lui. Assis devant unbon feu, après avoir bien dîné, il dit: "Il ne fait pas aussi froid que je croyais. J'ai trop donné à cettepauvre femme. Fera-t-elle bon usage de cette pièce d'or? Enfin, ce quiest fait, est fait. J'ai été généreux, très généreux, et Dieu, sansdoute, me récompensera, car il aime les bonnes actions. " L'autre voyageur était arrivé à l'auberge où il avait trouvé un bon feuet un bon dîner qui l'attendait. Mais la pensée de la pauvre femme luirevint à la mémoire. Il regretta beaucoup de ne pas lui avoir donné unpeu d'argent, et au lieu de s'asseoir devant le feu et de manger labonne soupe chaude que le domestique apportait, il lui dit: "Mettez deuxcouverts; je reviens à l'instant!" et sortit en toute hâte. Il arriva bientôt à l'endroit où il avait vu la vieille femme et latrouva fouillant dans la neige. "Que cherchez-vous là, ma bonne femme?" "Une aumône, qu'un monsieur m'a jetée!" "Oh! elle est perdue dans la neige. Venez avec moi; nous irons àl'auberge, où un bon feu nous attend, et la soupe aussi. " Le voyageur s'aperçut alors pour la première fois que la vieille femmeétait aveugle, il la prit donc par le bras et la conduisit à l'auberge, où il l'installa à table, devant le feu, et lui fit manger un bon dîner. Deux anges ce jour-là prirent la plume, l'un pour effacer la mention dela pièce d'or sur le livre où le maître de la voiture inscrivait tousses bienfaits, et l'autre pour inscrire sur le livre du piéton le bondîner de la pauvre mendiante. L'AMOUR D'UNE MÈRE. [25] [Note 25: This is a popular tale in Touraine, in Central France. Itis merely the French version of the tale told by every nation, and hasinnumerable counterparts. Tours is the capital of the province ofTouraine. The Loire is one of the great rivers in France, which itdivides into two almost equal parts. ] Au centre de la France, au bord de la Loire, et tout près de la ville deTours, demeurait une fois un vigneron appelé Jean Bourdon. Il était bontravailleur, mais il était violent de caractère, et il ne supportait paspatiemment sa pauvreté. Un jour en rentrant de sa vigne, il se disait sans cesse: "Oh! si mononcle était seulement mort, je serais riche, bien riche, et je ne seraisplus obligé de travailler. " Quelques minutes après il vit son oncle près d'une carrière au bord duchemin. Le démon lui parla, et dit: "Poussez votre oncle; il tomberadans la carrière, et sera mort; tout le monde pensera que c'est unaccident, et vous serez riche, bien riche, car vous êtes son seulhéritier. " Le vigneron exécuta immédiatement cette mauvaise pensée, et ce futseulement après que le crime eut été commis, qu'il comprit qu'il étaitun assassin et qu'il méritait la prison et même la mort. Il regrettaamèrement sa violence, et continua son chemin en tremblant, et enregardant sans cesse de tous côtés pour voir si quelqu'un était en vuequi pourrait le dénoncer à la police. Il trembla plus fort encore quandil sentit une main sur son épaule, et quand une voix moqueuse lui dit àl'oreille: "Eh bien, votre oncle est mort. Vous l'avez tué pour hériter de safortune. J'ai tout vu, mais si vous me donnez ce que je vous demande, jene vous dénoncerai pas. " "Oh oui, je vous donnerai tout ce que vous voudrez, tout. Je vous lepromets, " s'écria le pauvre homme, qui avait bien peur. "Très-bien, je demande votre fils. Je le réclamerai dans trois jours àmoins que vous ne deviniez mon nom. " En disant ces mots, le démon--car c'était un démon, --disparut, et lepauvre vigneron rentra chez lui. Mais il était si triste à la pensée deperdre son fils, et si tourmenté de remords à la pensée de son crime, qu'il lui fut impossible de manger ou de dormir. Sa femme, inquiète de le voir si pâle, lui demanda enfin ce qu'il avait, et le pauvre homme lui avoua tout. La femme ne lui reprocha pas saconduite, mais elle courut toute tremblante à l'église où elle racontatoute l'histoire au curé, qui était un brave homme, et qui avait laréputation d'un grand savant et d'un grand saint. Le curé lui parla longtemps, et quand elle revint à la maison, elle dità son mari: "Allez à l'endroit où vous avez vu le démon, etappliquez-vous à deviner son nom en priant Dieu de vous aider. " L'hommealla à l'endroit où il avait commis son crime, mais le souvenir de cecrime l'empêcha de concentrer assez ses pensées. Il répétait sans cesse:"Oh! que j'aimerais savoir le nom de ce démon, " mais comme il pensaitplus à son crime qu'à autre chose, il ne trouva pas le nom du démon. Le second jour la femme alla à l'endroit. Elle était décidée à sauverson enfant, et elle concentra si bien toute son attention, que bientôtelle entendit une petite voix sous terre, qui chantait tout doucement: "Dormez, mon enfant, dormez bien. Votre papa, le démon Rapax, est partipour vous chercher un petit compagnon; dormez, dormez bien. " La femme rentra toute joyeuse, et quand le démon se présenta lelendemain pour réclamer son enfant, elle lui cria joyeusement: "Eh, bonjour, Monsieur Rapax, comment vous portez-vous?" Le démon, tout surpris, partit sans l'enfant, et quelques minutes aprèsle vigneron faillit mourir de joie en voyant son oncle, qu'il croyaitavoir tué, et qui venait l'inviter à souper. Le méchant démon Rapax, sachant que le vigneron était violent et envieux, l'avait trompé pourobtenir l'enfant. Grâce à la bonne petite femme il n'avait pas réussi, mais une chose bien certaine c'est que Bourdon ne fut plus jamaisviolent, il avait trop peur de commettre un crime, et il savait que leremords n'est pas une sensation agréable. LE CHEVEU MERVEILLEUX. [26] [Note 26: This is one of the Servian national tales; differentversions of it can be found in Wratislaw's "Folk Tales, " and in the"Magasin Pittoresque. "] Il y avait une fois un homme très pauvre, qui avait beaucoup d'enfants. Sa famille était si nombreuse qu'il lui était impossible de trouverassez à manger pour ses enfants. Tous les jours il disait à sa femme:"Ma femme, les enfants ont faim. Il m'est impossible de trouver assez àmanger pour eux. Je pense que la meilleure chose à faire serait de metuer avec eux. " "Patience!" disait la pauvre femme; "patience, mon ami, ne vous tuez pasaujourd'hui. " Une nuit le pauvre homme vit en songe un enfant qui lui disait: "Pauvre homme, vous êtes bien malheureux; mais écoutez-moi bien, et vousserez heureux. Demain matin vous trouverez sous votre oreiller unmiroir, du corail et un mouchoir. Prenez ces trois objets, ne parlez àpersonne, et allez dans la montagne. Vous trouverez une petite rivière. Suivez le cours de la rivière, et vous arriverez à la source. "Là vous verrez une belle jeune fille. La jeune fille vous parlera, maisne répondez pas. Si vous parlez, elle vous changera en poisson ou en unautre animal. Asseyez-vous à côté de la jeune fille. Elle placera satête sur vos genoux. Alors vous chercherez avec soin. Quand vous aureztrouvé un cheveu rouge, arrachez-le. "Sauvez-vous immédiatement avec ce cheveu rouge. La jeune fille vouspoursuivra. Jetez le mouchoir, le corail et le miroir, l'un aprèsl'autre, et elle s'arrêtera pour les regarder. Continuez votre route, vous arriverez à la ville, vous vendrez le cheveu à un homme riche pourune grande somme d'argent, et vous serez assez riche pour élever tousvos enfants. " Le lendemain matin, quand le pauvre homme s'éveilla, il mit la main sousson oreiller. Il trouva le mouchoir, le corail et le miroir. Il partitpour la montagne. Il arriva à la rivière. Il suivit le cours de larivière, et il arriva à la source. Là il vit une belle jeune fille, quilui dit: "D'où venez-vous, brave homme?" Il ne répondit rien. Elle répéta la question, mais il ne parla pas. Ils'assit à côté d'elle sans parler. Elle plaça sa tête sur les genoux del'homme. L'homme chercha avec soin et bientôt il trouva un cheveu rouge. Il arracha le cheveu rouge et partit en courant. La jeune fillepoursuivit l'homme. Elle courait plus vite que lui. Quand il vitqu'elle allait l'atteindre, il jeta le mouchoir. La jeune fille, quin'avait jamais vu de mouchoir, s'arrêta pour l'examiner, et l'hommecontinua à courir. Quand la jeune fille eut assez examiné le mouchoir, elle continua lapoursuite. Quand l'homme vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta lecorail. La jeune fille s'arrêta pour examiner le corail avant decontinuer la poursuite. Quand l'homme vit qu'elle allait l'atteindre, iljeta le miroir. La jeune fille s'arrêta pour s'admirer, et l'hommearriva chez lui et raconta toutes ses aventures à sa femme. Le lendemain l'homme alla à la ville. Il se plaça sur le marché, etcommença à crier: "J'ai un cheveu rouge à vendre. J'ai un merveilleuxcheveu rouge à vendre. " Quelques minutes après un homme arriva et dit:"Je vous donnerai un sou pour votre cheveu rouge. "Ce n'est pas assez!"dit l'homme. Un autre homme arriva: "Je vous donnerai le double, deuxsous, " dit-il. "Ce n'est pas assez. " Les autres acheteurs arrivèrent, et ils commencèrent à dire l'un aprèsl'autre: "Je vous donnerai le triple, trois sous. " "J'en donnerai quatre. " "J'en donnerai cinq. " Ils continuèrent ainsi et un homme dit enfin: "Je donnerai vingt sous, un franc. " Les enchères continuèrent, et la foule augmentait toujours. Le prix ducheveu rouge augmentait rapidement aussi. Enfin le roi arriva et dit:"Je vous donnerai dix mille francs. " L'homme accepta cette somme et allaà la maison, où il se trouva assez riche pour élever ses enfants. Le roiporta le cheveu merveilleux dans son palais, le coupa dans sa longueuret trouva une inscription, qui racontait les choses importantes quis'étaient passées depuis le commencement du monde, et il ne regrettajamais d'avoir payé dix mille francs ce cheveu merveilleux. UN CONTE DE MA MÈRE L'OIE. [27] [Note 27: This is one of the folk tales told along the banks of theDanube. It forms part of the Slavonic folk lore. ] Dans une contrée traversée par le Danube il y avait une fois un roi quise trouva forcé, peu de temps après son mariage, de quitter la reine, safemme, et de partir pour la guerre. Son absence fut longue, très longue, et la reine attendait son retour avec impatience. Elle voulait luimontrer son fils qu'il n'avait jamais vu, car l'enfant était né aprèsson départ. C'était dans les temps où il n'y avait ni poste, ni téléphone, nitélégraphe, ni chemins de fer, ni bateaux à vapeur, et la pauvre reinen'avait pas de nouvelles de son mari, et le roi n'avait pas de nouvellesde sa femme. Enfin la guerre fut terminée, et le roi se mit en routepour son royaume. Un jour il se trouva en grand danger de périr dans untorrent, et il dit: "Oh! ma chère femme, je vais périr ici, sans vous revoir!" Un corbeau arriva et dit: "Roi, promettez-moi que vous me donnerez lachose que vous avez de plus chère au monde, mais que vous ne connaissezpas, et je vous sauverai. " Le roi pensa; "La chose qui m'est la plus chère au monde c'est, sansdoute, ma femme. Pour le plaisir de revoir ma femme, je donneraisvolontiers une chose que je ne connais pas!" Le roi accepta donc la proposition du corbeau, qui dit: "Je suisgénéreux, ô mon roi, et je vous laisserai cette chose pendant sept ansavant de la réclamer. " Le corbeau sauva donc le roi, qui arriva à la maison, où il vit lareine, et où sa surprise fut grande de trouver un joli petit enfant, quiétait son fils. Mais son chagrin fut presqu'aussi grand que sa surprise, quand il pensa à la promesse qu'il avait faite au corbeau. Le temps passa vite, trop vite, et quand le petit garçon eut sept ans, le corbeau arriva, et disparut aussitôt avec l'enfant royal. Le corbeau transporta le petit prince dans une vallée profonde, inconnue, solitaire, et le donna à un pauvre homme qui demeurait là avecsa femme et sa petite fille, qui n'avait que cinq ans, mais qui étaittrès avisée. Les deux enfants étaient très heureux ensemble. Le père et la petitefille aimaient beaucoup le petit prince, mais la mère ne l'aimait pas, et elle le maltraitait beaucoup, car elle était méchante et un peusorcière. Un jour cette femme dit à son mari: "Jean est trop avisé; il faut nousdébarrasser de lui. " L'homme protesta en vain; la femme appela Jean, et dit: "Jean, vous êtesgrand maintenant, mais vous ne travaillez pas assez. Il faut que vousabattiez cette forêt, d'ici à demain, et que vous bâtissiez un pont quichantera quand je passerai dessus. " Le pauvre Jean était très triste. Il appela sa petite amie Catherine, etdit: "Catherine, votre mère est bien cruelle! Elle dit qu'il faut quej'abatte la forêt, d'ici à demain, et que je bâtisse un pont quichantera quand elle passera dessus. " "Oh!" dit la petite Catherine; "allez vous coucher, mon cher Jean. Cettetâche n'est pas difficile. Je vous aiderai, mais faites bien attentionde ne pas boire le lait que ma mère vous donnera demain matin. " Jean alla se coucher tranquillement, et la petite fille, qui était unpeu sorcière aussi, courut à la forêt, évoqua les esprits, leur commandad'abattre la forêt et de bâtir un pont qui chanterait quand sa mèrepasserait dessus. Le lendemain matin Jean se présenta devant la femme, et dit: "C'estfait!" "Ah! très-bien, mon bon enfant; voici du lait; buvez-le, " dit la femme. Mais Jean, qui n'avait pas oublié la recommandation de Catherine, ne butpas le lait. La femme était fâchée, et elle dit à son mari: "Mon mari, Jean est tropavisé; il faut nous débarrasser de lui. " L'homme, qui aimait Jean, protesta, mais en vain, et la femme dit àJean: "Cette nuit vous irez dans l'écurie, où vous trouverez six chevaux. Sellez et bridez ces chevaux, et faites-les trotter. " Jean était très content parce qu'il croyait (pensait) que c'était trèsfacile, mais Catherine dit: "Jean, ce n'est pas facile, car un de ceschevaux est ma mère elle-même. Mais si vous prenez ces six bridesmagiques, la chose sera facile. " Jean prit les brides que Catherine lui donna; il brida et sella les sixchevaux, il les fit trotter toute la nuit, et avant de rentrer il lesconduisit à la forge où il les fit ferrer. Le lendemain matin quand la méchante femme se réveilla, elle poussa descris terribles, car elle avait des fers aux mains et aux pieds. Elleétait furieuse, et elle dit avec rage: "Ce misérable Jean périra, cemisérable périra!" Catherine, en entendant ces menaces, dit à Jean: "Partons, fuyons, ma mère est furieuse. Si nous restons ici, elle noustuera tous les deux!" Avant de partir Catherine s'arracha trois cils. Elle jeta un cil dans lachambre, elle jeta un autre cil dans la cuisine, et elle jeta letroisième cil sur le perron. Quelques minutes après le départ de Jean et de Catherine, la mère cria:"Catherine, ma fille, que faites-vous?" Le premier cil, que Catherine avait jeté dans la chambre, réponditaussitôt: "Ma mère, je suis très occupée, je fais le lit. " Une deuxième fois la mère demanda: "Que faites-vous donc, Catherine, mafille?" Le deuxième cil répondit: "Maman, je fais la cuisine. " Enfin la mère cria une troisième fois: "Catherine, que faites-vousdonc?" "Ma mère, je balaie le perron!" répondit le troisième cil. Les deux fugitifs étaient déjà loin quand la mère s'aperçut de leurfuite. Elle ne pouvait pas les poursuivre, car elle avait des fers auxmains et aux pieds, mais elle dit à son mari: "Allez chercher lesenfants; ils sont partis. " L'homme obéit; il poursuivit les enfants. Catherine s'arrêta tout à coup écouta attentivement, et dit à Jean: "Jean, mon père arrive. Je vais me changer en un champ de blé; vousserez le gardien du champ!" Quand les deux enfants furent déguisés ainsi, le père arriva. Il nereconnut pas Jean, et dit: "Gardien, avez-vous vu passer un jeune hommeet une jeune fille?" "Oui, " dit le gardien, "je les ai vus passer quand on semait ce champ deblé!" Alors le père courut plus vite. Quand il fut parti, Jean et Catherinereprirent leur forme naturelle et continuèrent leur fuite. Mais bientôtle père s'approcha d'eux une seconde fois, et Catherine dit à Jean:"Vite, vite, Jean, changez-vous en prêtre; je serai l'église, et monpère ne nous trouvera pas. " Le père arriva aussitôt que le déguisement eut été accompli. Ils'adressa au prêtre, et dit: "Avez-vous vu passer un jeune homme et unejeune fille?" "Oui!" répondit le prêtre, "je les ai vus passer quand on bâtissaitcette église!" L'homme, fatigué et découragé, abandonna la poursuite. Mais la mère, quiavait soif de vengeance, monta sur un manche à balai et partit rapidecomme l'éclair. Catherine dit à Jean: "J'entends ma mère qui arrive. Changez-vous enétang; je me changerai en canard. " La mère arriva. Elle s'aperçut de lamétamorphose, et elle ne pensa qu'à punir les enfants. Elle commençadonc à boire l'eau, mais elle but si avidement qu'elle mourut. Alors Jean et Catherine continuèrent leur route. Ils arrivèrent dans uneforêt, où ils rencontrèrent le roi et toute sa cour à la chasse. Le roiregarda le jeune homme et la jeune fille. Il les questionna, et bientôtil reconnut son fils, et l'embrassa avec des transports de joie. Le jeune prince finit par épouser la jolie Catherine, qui continua àl'aider comme par le passé, et ils furent toujours très heureux. GODEFROI, LE PETIT ERMITE. [28] [Note 28: One of the stories in the collection of Canon ChristopherSchmid, the German writer, who was born in 1768 and died in 1854. Thesestories were translated into French by the tutor of the Comte de Parisin 1842, and have been the delight of French as well as of Germanchildren. In the original version this story is very long indeed, as theworthy Canon used his stories as vehicles for his religious teachings. This is a complete outline of the story. ] Il y avait une fois un pauvre homme qui avait une très grande famille. Cet homme était pauvre, mais il était toujours occupé, il était trèsindustrieux. Cet homme avait une petite maison, et comme sa femme étaitaussi très industrieuse, la maison était toujours en ordre. L'homme, qui s'appelait Pierre, avait aussi un petit jardin. Dans cejardin il cultivait quelques arbres fruitiers, et il y cultivait aussibeaucoup de légumes. Au printemps, en été, et en automne, cet hommeindustrieux travaillait dans les champs de ses voisins qui étaient plusriches que lui, et qui le payaient bien. Il travaillait aussi pour les pêcheurs, car sa maison était près del'eau. En hiver, quand il ne pouvait pas travailler dans les champs, etquand le temps était trop mauvais pour aller à la pêche, il restait à lamaison, où il fabriquait des filets ou des paniers, qu'il vendait auxpêcheurs ou aux fermiers. Les enfants de cet homme étaient très industrieux et très intelligents. Le plus intelligent était Godefroi, qui avait douze ans, et qui étaitassez grand pour aider son père aux champs, au jardin, à la pêche, et àla fabrique de paniers et de filets. Mais Godefroi n'était pas toujourssage. Il aimait mieux jouer que de travailler. Un jour le père dit à Godefroi: "Mon fils, tu as été sage pendant unesemaine, et maintenant tu mérites une récompense. Demain matin, si letemps est beau, nous irons à l'Île Verte que tu vois en mer à une grandedistance d'ici. C'est une île où demeurait mon père. Sur l'île noustrouverons beaucoup d'osier pour faire nos paniers, et nous trouveronsaussi un grand noyer. Nous cueillerons les noix, et nous les apporteronsà la maison, où tu pourras les manger cet hiver. " Godefroi était naturellement enchanté. Il se leva de bonne heure lelendemain matin, et quand il vit que le temps était superbe il s'habillavite, et courut déjeuner. Après déjeuner le père dit: "Maintenant, Godefroi, aide-moi à faire les préparatifs de départ. Voici une quantitéd'objets. Porte-les au bateau. " Godefroi vit deux petites haches, un grand manteau d'hiver, deuxpaniers, une corde, une marmite, un pot de lait, cinq pains, et de laviande, et il dit à son père: "Toutes ces choses ne sont pas nécessaires. Un pain est assez. Il faitchaud; pourquoi prendre ce manteau d'hiver?" "Oh!" dit le père, "c'est plus prudent. Je suis allé à l'île une fois. Une grande tempête est arrivée. J'ai été obligé de rester trois jourssur l'île. Je n'avais pas assez de provisions et j'avais froid. Maintenant, si une tempête arrive, nous aurons assez de provisions, etnous aurons un bon manteau d'hiver pour nous couvrir. " Le petit Godefroi répondit: "Le temps est magnifique aujourd'hui; il n'ya pas de signe de tempête; c'est vraiment absurde de charger le bateauainsi!" car Godefroi pensait qu'il était aussi sage que son père. Mais le père insista, et Godefroi porta tous les objets dans le bateau. La soeur de Godefroi dit: "Voici un chapeau neuf pour toi, Godefroi, unchapeau que j'ai garni moi-même. Regarde, j'ai mis un beau ruban vert àton chapeau, et je l'ai attaché avec des épingles, car je n'avais pas letemps de le coudre. " Godefroi dit adieu à sa soeur, à ses six frères et à sa bonne mère, etpartit joyeusement avec son père. L'Île Verte était à une grande distance; elle était à une si grandedistance qu'elle paraissait bien petite. Mais bientôt l'île parut deplus en plus grande, et la maison qu'ils avaient quittée de plus en pluspetite. Quand ils arrivèrent à l'île, Godefroi dit à son père: "Regarde, mon père. Notre maison paraît si petite maintenant. Elleparaît aussi petite qu'une toute petite pierre blanche!" "Oui, " dit le père, "nous avons été trois heures en bateau; nous sommesà une grande distance de la maison. Maintenant, Godefroi, prends unehache et suis-moi. " Le père attacha le bateau avec la corde, puis il prit une hache, et allacouper une grande quantité d'osier. Godefroi coupa de l'osier aussi. Ilarrangea les branches en fagots, et il les porta l'un après l'autre dansle bateau. A midi la provision d'osier était toute faite, et le pèredit: "Godefroi, j'ai faim, allons dîner. " Le père et le fils allèrent au bateau. Le père s'assit sous un grandarbre, et dit à Godefroi: "Va chercher le pain, le lait, la viande, et le beurre. " Godefroi alla chercher les provisions. Le père fit du feu. Il mit dupain, du beurre, et du lait dans la marmite. Il mit la marmite sur lefeu, et dit: "Nous aurons une bonne soupe au lait. " Quand la soupe futprête, Godefroi et le père dînèrent de bon appétit. Alors le père dit:"Godefroi, porte toutes ces choses au bateau, et alors nous ironscueillir les noix. " "Oh! mon père, " dit Godefroi, "allons maintenant cueillir les noix. Jeporterai les choses dans le bateau plus tard. " "Non, " dit le père, "porte les choses maintenant. Un garçon devraitavoir de l'ordre. Et ce n'est pas de l'ordre, c'est du désordre delaisser ces pains, ce beurre, ce lait, cette marmite, cette pierre àfeu, et ce manteau ici sous un arbre. " Godefroi obéit à regret. Quand tous les objets furent à leur place, lepère dit: "C'est bien, mon fils; maintenant prends les paniers etsuis-moi. " Le père alla vers le centre de l'île, et arriva enfin à ungrand noyer tout chargé de noix. Le père grimpa sur l'arbre. Il secoua l'arbre, et les noix tombèrent engrande quantité. Godefroi remplit ses paniers. Il porta les panierspleins de noix au bateau, les vida, et revint les remplir une seconde, et une troisième fois. Le père était dans l'arbre, occupé à faire tomber les noix. Godefroiétait très occupé à remplir ses paniers. Il ne remarqua pas l'approched'une tempête. Son père ne la remarqua pas non plus. Godefroi était dansle bateau. Il vidait ses paniers pour la quatrième fois, quand une grande vaguearriva et enleva le bateau. Godefroi saisit les rames pour ramener lebateau à terre, mais les vagues emportèrent les rames. Alors le pauvregarçon commença à crier. Son père arriva au rivage, juste à temps pour voir disparaître le petitbateau, qui était emporté par les vagues avec une grande rapidité. Lepauvre homme pensa: "Mon enfant, mon pauvre enfant est mort. Il a péridans les vagues!" Et il pleura beaucoup. La mère de Godefroi avait vu latempête, et dit: "Oh, voici une tempête terrible! J'espère bien que monmari et Godefroi sont restés sur l'île. " Elle pria toute la nuit. Le lendemain la mer était calme, mais le père et Godefroi n'arrivèrentpas. Alors la pauvre femme alla chez un riche voisin appelé Thomas etlui dit que son mari et son fils n'étaient pas revenus de l'Île Verte. Le voisin, compatissant, dit: "Ne pleurez pas, pauvre femme. Il estprobable que la tempête a emporté le bateau. Mais votre mari et Godefroisont, sans doute, sur l'île. Je vais partir immédiatement pour aller leschercher. " Le brave homme partit immédiatement, et avant la nuit il revint avec lepauvre père, qui raconta, en pleurant, que le bateau avait été emportépar la tempête et que le pauvre Godefroi avait sans doute péri. Toute lafamille pleura beaucoup, et la mère resta inconsolable. Mais Godefroi n'avait pas péri. Le vaisseau, emporté rapidement par latempête, avait disparu dans l'obscurité. Le pauvre petit Godefroi, pâled'effroi (de terreur), commença à prier avec ferveur: "Bon Dieu, sauvez-moi!" Après avoir voyagé quelque temps dans l'obscurité, le vaisseau fut jetésur un rocher. Le choc fut terrible, et Godefroi sortit vite du bateau, et tomba sur le rocher. Quand la tempête fut finie, le pauvre garçons'aperçut qu'il était sur une île. Son bateau avait été jeté dans unepetite anse (baie) entre deux grands rochers. Il regarda de tous côtés, et ne vit rien que les rochers, et l'immensitédu ciel et de la mer. Après quelques minutes, cependant, il aperçutl'Île Verte à l'horizon, mais elle était à une grande distance et neparaissait pas plus grande qu'une petite plante. Godefroi courut à son bateau, en disant: "L'Île Verte est là, il fautque je retourne à l'Île Verte!" Mais au bout de quelques minutes il vitque c'était impossible. Le bateau était brisé (cassé). Il vit que lesrames étaient parties aussi. Alors Godefroi commença à pleurer. Mais iln'y avait personne pour le consoler, personne pour l'aider, et Godefroiessuya enfin ses larmes. Il alla prendre du pain et des noix dans le bateau, mangea tristementson souper, et quand la nuit arriva, il s'enveloppa dans le grandmanteau d'hiver de son père, se coucha sur le rocher, et s'endormit enpleurant. Le lendemain matin il se réveilla. Le soleil était chaud, bienchaud. "Oh!" dit Godefroi, "j'ai soif! J'ai bien soif; où y a-t-il del'eau?" La mer était là, mais l'eau de mer est très désagréable. Elle est trèssalée, et il est impossible de la boire. Le pauvre Godefroi regarda detous côtés. Enfin il se décida à quitter le rocher où la tempête l'avaitjeté, et à aller chercher une fontaine dans l'île. Il prit du pain etdes noix dans sa poche, il mit son chapeau sur la tête, il prit une despetites haches et un bâton et partit. Il marcha longtemps, longtemps, et découvrit que l'île était forméed'une grande masse de rochers. Au centre de l'île il y avait deux picstrès élevés. Les rochers de l'île étaient chauffés par le soleil, et lasoif du pauvre Godefroi était toujours plus ardente. Il souffraitbeaucoup. Enfin il tomba à genoux en pleurant, et dit: "Mon Dieu, faites-moi trouver de l'eau, ou je mourrai de soif!" A cet instant il entendit un petit murmure, et en descendant dans unpetit ravin il trouva une source d'eau claire. Quelle joie pourGodefroi! Il but avec plaisir, et alors il tomba à genoux, et remerciaDieu qui lui avait montré cette source d'eau fraîche. Alors Godefroi mangea son pain et ses noix, et quand il eut fini cedîner frugal, il gravit (grimpa) la plus haute des deux montagnes. Du sommet de la montagne il vit la vaste mer, et près de l'horizon l'ÎleVerte, qui paraissait si petite. Godefroi vit aussi beaucoup devaisseaux qui suivaient la ligne de l'horizon, mais qui nes'approchaient pas de son île, qui était vraiment dangereuse parcequ'elle était entièrement composée de rochers. Godefroi descendit de la montagne, il retourna au bateau, il mangea dupain et des noix, il s'enveloppa dans son manteau, et passa une secondenuit sur l'île déserte, après avoir pensé à ses parents et après avoirrécité sa prière du soir. Quand le matin arriva, Godefroi vit avec détresse que sa provision depain était bien petite: "Oh!" dit-il, "je n'ai que peu de pain. J'aiexaminé toute l'île hier, depuis le sommet de la montagne, et je n'aipas vu une seule plante ou un seul arbre fruitier. J'ai vu de la mousseet des sapins, mais il est impossible de manger de la mousse ou du boisde sapin. Je suis sûr que je mourrai de faim ici sur cette île déserte, car mon père m'a souvent dit que l'Île Verte était la seule île sur noscôtes. Il ne sait donc pas que cette île existe, et il ne pensera pas àvenir me chercher ici!" Le pauvre Godefroi mangea aussi peu que possible, mais hélas! son paindiminua bien rapidement. Il alla dans toutes les directions pour trouverdes provisions, mais il ne trouva rien, absolument rien. Enfin Godefroimangea son dernier morceau de pain, et ses dernières noix, et s'assittristement au bord de la fontaine, en pensant qu'il serait bientôt mortde faim. Son attention fut bientôt attirée par les poissons qui nageaient dansl'eau limpide: "Oh!" dit-il, "si j'avais seulement une ligne, deshameçons, et un filet, je pourrais prendre des poissons!" Tout à coup il vit son chapeau. Le ruban vert que sa soeur avait attachéavec des épingles attira son attention. Il prit une épingle, et lacourba. Puis il effila le ruban. Il tressa les fils avec beaucoup desoin et fit une ligne. Il attacha l'épingle à une extrémité de la ligne. Il attacha une branche d'osier à l'autre extrémité. Alors il chercha ettrouva un ver. Il attacha ce ver à son épingle, et jeta son hameçon àl'eau. Quelques minutes après Godefroi dansait de joie, car il avaitattrapé un poisson! Il courut au bateau, chercha sa pierre à feu, ramassa de la moussesèche, et en quelques minutes il eut un bon feu. Alors il suspendit lamarmite sur le feu. Il mit de l'eau fraîche de la fontaine dans lamarmite, et il mit aussi son poisson dans la marmite. "Oh!" dit-il, "quelle bonne chose que j'aie porté toutes les choses dansla barque (bateau) après notre dîner. Si j'avais laissé le pain, lebeurre, la viande, la marmite, la pierre à feu, les haches et le manteausous le grand arbre, où j'ai dîné avec mon père, je serais mort de faimsûrement. Mon père avait bien raison; l'ordre est une bonne chose!" Quand le poisson fut prêt, Godefroi le mangea de bon appétit. Le poissonn'était pas très bon, cependant, car Godefroi n'avait pas de sel, maisbientôt il trouva du sel sur les rochers, du sel laissé par les vagues. Godefroi passa dès lors une grande partie de son temps à pêcher. Il fabriqua un gros hameçon avec un clou. Cette opération fut trèsdifficile. Godefroi aiguisa (fit une pointe) le clou sur une pierre. Ille courba aussi sur une pierre. Il effila sa cravate pour faire uneligne solide, et enfin il attrapa de gros poissons de mer. Un jour il arriva une grande tempête. Le pauvre Godefroi étaitmalheureux. Il ne pouvait pas pêcher, car les vagues étaient terribles. Les poissons ne venaient pas à la surface. La pluie tombait, et Godefroiétait très inconfortable. Le vent était froid, très froid. Le pauvre Godefroi pleura beaucoup, et quand la tempête fut dissipée, et quand il eut satisfait son appétit, il dit: "L'automne arrive. Il est certain que l'hiver arrivera bientôt aussi. Ilfaut que je trouve une grotte, ou je mourrai de froid!" Godefroi cherchalongtemps parmi les rochers, et enfin il trouva une grotte, près de lafontaine. Cette grotte était si bien cachée par deux sapins qu'il nel'avait pas vue. La grotte était sèche. Godefroi sécha une grande quantité de mousse surles rochers. Il porta cette mousse sèche dans la grotte et en fit un bonlit. Il sécha le manteau de son père, et il le porta aussi dans lagrotte. Il y porta aussi la marmite, les cruches, les haches, la pierreà feu, la corde, et même les clous et les planches du bateau, car ladernière tempête avait complètement démoli le pauvre bateau. Alors Godefroi dit: "Si j'avais un réservoir, je pourrais y mettre mespoissons, et même quand le temps est mauvais, je pourrais avoir àmanger. " Godefroi chercha beaucoup, et il trouva enfin une bonne place. Il fitune bonne digue avec des pierres, il conduisit l'eau de la fontaine dansce bassin par un petit canal, et il mit dans le bassin une partie despoissons qu'il attrapait. Il coupa aussi des sapins avec sa hache, fit des fagots des petitesbranches, et des bûches des grandes branches. Il porta ce bois dans leravin où était sa grotte, pour y faire du feu en hiver. L'hiver arriva bientôt. Le pauvre Godefroi fit une porte pour sa grotteen tressant les branches d'osier qu'il avait apportées de l'Île Verte. Il ferma toutes les ouvertures avec de la mousse, et il attacha la porteà deux grands arbres placés de chaque côté de l'entrée de sa grotte. La neige commença à tomber, et Godefroi, qui ne pouvait pas faire de feudans sa grotte à cause de la fumée, construisit une petite cuisine dansla vallée. Il prit des pierres et fit un mur. Ce mur et un grand rocherformaient trois côtés de la cuisine. Le quatrième côté était ouvert, etle toit était formé des planches du bateau. Godefroi y passait une partie de la journée, assis près de son feu. Pours'occuper, il fabriqua une table et un banc des planches du vaisseau. Ilarrangea d'autres lignes. Il arrangea un autre hameçon. Il prit un clou, il le chauffa dans le feu comme il avait vu faire au forgeron duvillage. Il fit une bonne pointe au clou, car il avait une pierre commeenclume, et sa hache comme marteau. Il fit aussi deux barbes àl'hameçon. Enfin le printemps arriva. Godefroi, qui espérait toujours être sauvé, vit beaucoup de vaisseaux, qui, hélas! passaient toujours loin de l'île, trop loin pour voir ses signaux désespérés. Godefroi trouva une petite anse où il y avait du sable fin, et là iltrouva aussi des moules et des huîtres. Il mangea les moules et leshuîtres avec plaisir, et il trouva des perles dans les coquilles. "Oh!" dit-il, "mon père m'a dit que les perles étaient précieuses. Jevais trouver autant de perles que possible, et si j'arrive jamais chezmon père, je lui donnerai ces perles, et il ne sera plus pauvre. "Godefroi trouva beaucoup de perles; et il trouva aussi des branches decorail, de corail rouge. Il plaça les perles et le corail dans un petitpanier qu'il tressa lui-même. Une année s'était passée depuis que Godefroi était arrivé dans l'île, une année entière. Les habits du pauvre enfant étaient usés, entièrementusés. Godefroi coupa le manteau de son père, et en fit une espèce derobe, comme celle que portaient les moines qui passaient dans levillage. Tout l'été Godefroi pêcha, et coupa du bois, car il voulait avoir unegrande provision de bois pour l'hiver, qui arrivait rapidement. Un jouril dit, "Aujourd'hui j'irai de l'autre côté du ravin couper du bois. " Il partit, mais quand il arriva à midi dans son ravin, il leva les mainsd'horreur. Le ravin était en feu! Il avait laissé un peu de feu dans lacuisine. Le vent avait attisé le feu. La provision de bois était touteen flammes. Le toit de la cuisine était brûlé. Les lignes à pêcheétaient brûlées. La porte de la maison, sa table, le banc, tout, toutétait détruit! Le pauvre Godefroi tomba à genoux, et dit: "Hélas! maintenant il faudrabien mourir. Voici l'hiver, je n'ai plus rien que ma hache et ma robe. Ma provision de bois que j'ai obtenu par mon travail, mes lignes, mespauvres lignes, tout est perdu!" Et il regarda tristement la fuméenoire, qui montait vers le ciel. Pauvre petit Godefroi, il était eneffet bien malheureux. La veille, le père de Godefroi avait dit à sa famille: "Il faut que jevisite l'Île Verte. Ma provision d'osier est épuisée. " Il partit doncavec deux enfants, et il promit à sa femme qu'il ne permettrait pas auxenfants d'entrer dans le bateau sans lui. La pauvre femme les laissapartir à regret, car elle pensait toujours au pauvre petit Godefroi. Le père et les enfants arrivèrent à l'Île Verte sans accident. Ilscoupèrent l'osier, et quand la provision fut finie, la petite fille dità son père: "Papa, viens avec nous sur la montagne. J'aimerais tant gravir unemontagne!" Le père consentit. Ils arrivèrent bientôt au sommet de la montagne, etils regardèrent leur maison, qui paraissait bien petite. Alors ils setournèrent et regardèrent la mer. Tout à coup la petite fille dit:"Papa, regarde là-bas. Voilà quelque chose qui ressemble à de la fumée. "Le père regarda, et dit: "C'est de la fumée. C'est probablement un vaisseau en feu!" "Non, " dit le petit garçon, "ce n'est pas un vaisseau, papa, je suis sûrque c'est un volcan, comme j'ai vu dans ma géographie à l'école!" Le père regarda attentivement, et dit enfin: "C'est curieux, mais jecrois distinguer deux montagnes. On dirait une île. Je n'ai jamaisentendu parler d'une île dans cette direction-là!" "Oh, papa, " dit la petite fille, "s'il y a une île là, peut-être qu'elleest habitée. Peut-être que notre frère Godefroi est là, sur cette île, car c'est dans cette direction-là que la tempête a emporté le bateau. " Le père, qui avait eu la même pensée, commença à trembler. Enfin il dit:"C'est possible, mon enfant, c'est possible. Rentrons vite à la maison. Je parlerai au bon voisin Thomas. Il me prêtera peut-être son bateau àvoile, et j'irai à cette île!" Les enfants descendirent la montagne, et s'embarquèrent vite. Arrivés àla maison, les enfants et le père racontèrent ce qu'ils avaient vu, etle coeur de la pauvre mère battit plus fort de joie. "Va vite chez le voisin Thomas, " dit-elle à son mari. "Il a un bateau àvoile. Il est compatissant; il nous aidera, j'en suis sûre!" Le père alla chez Thomas, et lui raconta tout. "C'est possible, " ditThomas. "Et demain matin, si le temps est favorable, nous partirons, vous et moi, et mon voisin Jean, et nous irons à cette île. " Le lendemain ils partirent par un temps magnifique, et avant le coucherdu soleil, ils arrivèrent tout près de l'île. L'île paraissait déserte. Il n'y avait pas un signe d'habitation. Il n'y avait plus de fumée. "L'île est déserte!" dit Thomas tristement. "Elle est complètementdéserte. " Le père de Godefroi regarda aussi tristement ces rochers inhospitaliers, mais il dit: "Il est tard; débarquons, et nous chercherons dans l'île. Peut-être que le corps de mon pauvre enfant a été jeté ici. " Ils débarquèrent et commencèrent à chercher. Enfin ils arrivèrent dansla petite vallée, toute noircie par le feu de la veille (jour avant). Làils virent un moine à genoux. Le père s'approcha, et dit d'une voixtremblante: "Mon père, mon brave ermite, avez-vous vu un petit garçonnommé Godefroi. .. " Le père ne put finir, car le moine s'était précipité dans ses bras. Cemoine, cet ermite, c'était Godefroi lui-même! Après quelques minutes de grande émotion Godefroi raconta ses aventuresà son père. Il lui raconta comment il était arrivé à l'île, comment ilavait fabriqué des lignes et des hameçons, comment il avait passé lelong hiver. Il lui dit combien il avait travaillé pour faire une grandeprovision de bois pour son second hiver, et il décrivit son désespoirquand il découvrit que le feu avait tout détruit. "J'ai pensé que Dieu m'avait abandonné, " dit Godefroi. "Oh! mon fils, " dit le père, "au contraire! Car, sans cet accident, tapetite soeur n'aurait pas remarqué cette île, nous n'aurions pas penséque peut-être la tempête t'y avait jeté, et nous ne serions pas venusici aujourd'hui pour te trouver!" Le lendemain Godefroi s'embarqua avec Pierre, Thomas et Jean, et avantle soir il arriva à la maison où il fut reçu avec une joie que je vouslaisse imaginer, car il est impossible de la décrire en quelques mots. Thomas était si content du succès de son entreprise qu'il invita toutela famille et tout le village à dîner chez lui. Au dessert Godefroiraconta toutes ses aventures, et tout le monde admira le courage qu'ilavait montré. Godefroi donna à son père les perles et le corail, lesseules choses que le feu avait épargnées, et le père, heureux et fier deson fils, les montra à tout le monde. Un marchand de corail offrit d'acheter le corail et les perles, et luidonna une bonne somme d'argent. Cet argent permit à Pierre de donner uneexcellente éducation à tous ses enfants, et surtout à Godefroi qui enprofita bien. Godefroi alla à l'école et apprit beaucoup de choses, mais les leçons depatience, de persévérance et de foi, qu'il avait apprises tout seul dansson île déserte, étaient les plus précieuses de toutes. Il ne les oubliajamais, et même quand il fut très âgé il disait souvent à sespetits-enfants: "Il ne faut jamais désespérer. Dieu fait notre fortunede nos infortunes. Les choses qui paraissent impossibles à l'homme sontpossibles à Dieu, car rien ne Lui est impossible. " LE GRAIN DE MOUTARDE. [29] [Note 29: This is one of the Hindu legends. Buddha is one of theprincipal Hindu gods and teachers. Those who follow his precepts arecalled Buddhists. ] Il y avait une jeune femme dans l'Inde qui avait un petit enfant. Unjour le petit enfant tomba dangereusement malade, et bientôt le pauvrepetit mourut. La pauvre mère prit le petit enfant dans ses bras, et allade porte en porte, demandant si personne ne pouvait lui donner de remèdepour son fils. Les voisins dirent: "La pauvre femme est folle de porter son enfant mortd'une maison à l'autre!" Un vieillard vit la pauvre jeune mère, et pensa: "Oh, la pauvre femmen'a jamais vu la mort. Elle ne sait pas que son petit enfant est mort. Il faut que je la console. " Le vieillard s'approcha de la pauvre femme, et dit: "Ma pauvre femme, jen'ai aucun remède pour votre enfant, mais je connais un médecin qui vousdonnera un remède. " La jeune mère dit: "Dites-moi, je vous en prie, où est le médecin quipeut me donner un remède pour mon enfant malade. " "Allez trouver le dieu Bouddha; il vous donnera un remède!" dit levieillard. La pauvre femme remercia le vieillard, et partit en toute hâte pouraller trouver Bouddha. Quand elle arriva dans le temple, elle dit: "Seigneur et maître, avez-vous un remède pour mon enfant malade?" "Non, ma bonne femme, mais je sais un remède. " "Quel est ce remède?" dit la mère vivement. "C'est un grain de moutarde. Allez me chercher un grain de moutarde. Mais le grain de moutarde doit venir d'une maison où personne ne soitjamais mort. " La pauvre femme partit, en toute hâte, avec son enfant mort dans lesbras. Elle alla de porte en porte, demandant un grain de moutarde. Toutle monde lui donna ce qu'elle demandait, et quand on lui avait donné lepetit grain, elle disait: "N'est-il mort personne dans la maison? ni père, ni fils, ni serviteur?" Et dans chaque maison on lui disait: "Beaucoup de personnes sont mortesici, car les morts sont beaucoup plus nombreux que les vivants. " La pauvre femme visita beaucoup de maisons, mais elle reçut toujours lamême réponse. Sa fatigue était grande, et elle dit tristement: "Danschaque maison que j'ai visitée il est mort quelqu'un, ou un père, ou unfils, ou un serviteur. Je ne suis pas la seule mère au monde qui aitperdu un fils. " Alors elle porta son pauvre petit enfant mort dans une forêt, où ellecreusa une tombe, et l'enterra. Puis elle alla au temple, et tomba àgenoux devant Bouddha. "Avez-vous trouvé le grain de moutarde?" demanda-t-il à la pauvre jeunemère. "Non, " dit-elle, "tous les gens du village ont perdu un membre de leurfamille. Ils m'ont tous dit: 'Les morts sont beaucoup plus nombreux queles vivants. '" "Oui, " dit Bouddha, "cela est vrai. Sur la terre tout passe. C'est laloi universelle. " La pauvre femme demanda alors la permission de rester dans le temple, etelle passa le reste de sa vie à faire du bien. Enfin elle mourut aussiet passa dans l'endroit immortel des Hindous, dans le Nirvana, [30] oùelle ne souffrit plus jamais, et où elle trouva le bonheur complet et lerepos qu'elle cherchait depuis si longtemps. [Note 30: Nirvana is the Hindu heaven, for the Buddhists imaginethat the virtuous after death pass into a negative state of bliss, whilethose who have not yet reached the necessary state of perfection undergovarious transmigrations of soul. ] * * * * * VOCABULARY a, _has_. à, _to_, _at_, _with_. abandonn-a, _forsook_;-é, _forsaken_;-er, _to abandon_. abatt-e, _cut down_;-iez, _should_ _cut down_;-re, _to cut down_. abîme, m. , _abyss_;--sans fond, _bottomless pit_. abord, d'--, _at first_. absolument, _absolutely_. accept-a, -é, _accepted_;-e, _accepts_;-erait, _would accept_. accompagn-é, -ée, -és, _accompanied_;-er, _to accompany_. accompl-i, _accomplished_;-irai, _will accomplish_;-isse, _mayaccomplish_. accord, bon----, _good understanding_. accord-a, -é, -ée, -és, _granted_;-erai, _will grant_. achet-a, -é, _bought_;-er, _to buy_;-erait, _would buy_. acheteur, -s, m. , _buyer_. adieu, m. , _farewell_. admir-a, -é, -ée, -és, -ait, _admired_;-er, _to admire_. adress-a, -é, _addressed_. affair-é, -ée, -és, _busy_. affaire, -s, f. , _business_. affreu-x, -se, _frightful_. afin, _so as_. âge, m. , _age_. âg-é, -ée, -és, _aged_. agenouiller, s'----, _to kneel_. agneau, m. , _lamb_. ai, _have_. aid-a, -é, -ées, -és, _helped_;-erai, -eras, -era, -erez, erons, _will help_. aie, aient, _may have_. aiguille, f. , _needle_. aiguisa, _sharpened_. ailleurs, _elsewhere_; d'----, _besides_. aim-a, -é, -ée, -es, -ait, -aient, _loved_;-e, _loves_;-erais, _would love_or _like_. aimable, _amiable_. aîné, _eldest_. ainsi, _thus_. aise, _ease_; bien----, _very glad_. ait, _may have_. ajout-a, _added_;-er, _to add_. all-a, -ait, -aient, -èrent, _went_;-é, -ée, -és, _gone_;-er, _to go_;-ez, _go_. allons, _let us go_;----donc, _come now_, _nonsense_. allumez, _light_. alors, _then_. alouette, f. , _lark_. amèrement, _bitterly_. améthyste, f. , _amethyst_. ami, -e, -s, _friend_, _dear_. Amour, m. , _Love_. amputé, _amputate, cut off_. amus-a, -ait, -é, -ée, -es, _amused_;-er, _to amuse_;-ant, _amusing_;-ons, _let us amuse_. an, m. , _year_. ancre, f. , _anchor_. ange, m. , _angel_. animaux, m. , _animals_. année, -s, _year_. annon-ça, -ce, -cée, _announced_;-cez, _announce_. anse, f. , _bay_, _cove_. anxieu-x, _anxious_;-sement, _anxiously_. août, m. , _August_. aper-cevoir, _to perceive_;-çut, -çue, -çu, _perceived_. apparence, f. , _appearance_. appartement, m. , _apartment_. appartenir, _to belong_. appar-ut, _appeared_;-aître, _to appear_. appel-a, -ai, -ait, -é, -ée, _called_;-le, -lent, _call_;-er, _to call_. appétit, m. , _appetite_. appliquez, _apply_. apport-a, -ait, -èrent, -é, _brought_;-era, _will bring_;-er, _to bring_. apprentissage, m. , _apprenticeship_. appri-s, -t, _learned_; apprendre, _to learn_. approch-a, -ait, -èrent, _drew near_;-e, -ent, _approach_;-er, _to approachor draw near_. appuy-a, _leaned_;-er, _to lean_. après, _after_. après-midi, m. And f. , _afternoon_. arbre, -s, m. , _tree_. archiduchesse, f. , _archduchess_. ardente, _burning_. argent, m. , _silver_, _money_. arrach-a, _pulled out_;-ez, _pull out_. arrang-e, -ez, _arrange_;-ea, _prepared_;-era, _will arrange_. arrêt-a, -é, -ée, -èrent, _stopped_;-er, _to stop_;-ez, _stop_. arrière, _back_. arriv-a, -ait, -èrent, _came_;-er, _to come_, _happen_;-era, -erez, -eront, -erons, _will arrive_;-é, -ée, -es, _come_. as, _have_. assemblé, -s, _assembled_. ass-eoir, _to sit down_;-eyez, -eyons, _sit down_;-is, -irent, -it, _seated_. assez, _enough_. assiette, -s, f. , _plate_. assiste, _help_. attach-a, -é, -ée, _fastened_;-er, _to fasten_. attaque, f. , _attack_. attein-dre, _to reach_;-t, _reached_. attel-a, -é, _harnessed_. attend, -ez, _wait_;-re, _to wait_;-ait, -aient, -it, -u, _waited_. attentivement, _attentively_. attir-é, -ée, _attracted_;-er, _to attract_. attis-a, -é, _poked_, _kindled_. attrait, m. , _attraction_. attrap-e, _catches_;-ez, _catch_;-a, -ait, -é, _caught_;-er, _to catch_. auberge, f. , _inn_. aubergiste, m. , _innkeeper_. aucun, -e, -s, _none_, _not any_. augment-ait, _increased_;-er, _to increase_. aujourd'hui, _to-day_. aumône, -s, f. , _alms_. auprès, _near_. aur-a, -ai, -as, -ez, -ont, -ons, _will have_;-ais, -ait, -aient, -ions, -iez, _would have_. aussi, _also_, _as_. aussitôt, _as soon_, _immediately_;----que, _as soon as_. autant, _as much_, _as many_. automne, m. , _autumn_. autour, _around_. autre, -s, _other_. autrefois, _formerly_. aux, _to the_, _with the_. av-ais, -ait, -aient, -ions, -iez, _had_;-ez, -ons, _have_. avan-ça, -ce, -cée, _advanced_. avant, _before_; en----, _forward_. avare, m. , _miser_. avec, _with_. avenir, m. , _future_. aventure, -s, f. , _adventure_. avertissement, m. , _warning_. aveugle, _blind_. avidement, _eagerly_, _greedily_. avis-é, -ée, _smart_. avoir, _to have_;----. .. Ans, _to be. .. Years old_. avou-a, -é, _acknowledged_, _confessed_. avril, _April_. ay-ant, _having_;-ez, -ons, _have_, _let us have_. bague, f. , _ring_. baguette, f. , _wand_. baie, f. , _bay_. bailli, m. , _bailiff_. bain, m. , _bath_. baiss-a, -é, _lowered_, _stooped_. balai, m. , _broom_. balaie, _sweeps_;-ayer, _to sweep_. banc, m. , _bench_, _bank_. baquet, m. , _tub_. barbe, -s, f. , _beard_, _barbed points_. barbouilla, _smeared_. barque, f. , _skiff_. bas, m. , _stocking_. bas, -se, _low_. bassin, m. , _basin_. bateau, -x, m. , _boats_; à voile, _sailboat_; à vapeur, _steamboat_. bât-i, -issait, -issiez, _built_;-ir, _to build_. bâtisse, f. , _building_. bâton, m. , _stick_. batt-ait, -aient, -it, _beat_;-u, _beaten_;-re, _to beat_. battement, -s, m. , _pulsation_. beau, _beautiful, fine_; avoir----jeter, _to throw in vain_. beaucoup, _much_, _many_. beau-frère, m. , _brother-in-law_. beauté, f. , _beauty_. belle, -s, _beautiful_; belle-fille, _step-daughter_ or_daughter-in-law_; belle-mère, _step-mother_ or _mother-in-law_. bénédiction, -s, f. , _blessing_. berger, m. , _shepherd_. besoin, m. , _need_; j'ai----, _I need_. bête, f. , _beast_. beurre, m. , _butter_. bien, _well_, _very_;-aimé, -aimée, _beloved_;----que, _although_. bienfait, m. , _good deed_. bienfaiteur, m. , _benefactor_. bientôt, _soon_. bizarre, -s, _odd_. blanc, -he, -s, _white_. blé, m. , _wheat_. bleu, -e, -s, _blue_. blond, -e, -s, _blond_. bloqué, _blocked_. boeuf, m. , _ox_. boi-rait, _would drink_;-re, _to drink_. bois, m. , _wood_. bon, -ne, -s, _good_; pour de----, _for good_. bonheur, m. , _happiness_, _good luck_. bonhomme, m. , _fellow_, _little man_. bonjour, m. , _good day_. bonnement, _simply_. bonté, -s, f. , _kindness_. bord, m. , _edge_. bouche, f. , _mouth_. bouchée, f. , _mouthful_. bougea, _stirred_. bouill-ait, _was boiling_;-ant, -ante, _boiling_. boulet, m. , _bullet_. bourse, f. , _purse_. bout, m. , _end_. bouteille, f. , _bottle_. branche, -s, f. , _branch_. bras, m. , _arm_. brave, _brave_, _worthy_. bravement, _bravely_. Bretagne, f. , _Brittany_. brid-a, -é, _bridled_;-er, _to bridle_;-ez, _bridle_. bride, f. , _bridle_. brin, m. , _bit_. brisé, _broken_. bruit, m. , _noise_. brûl-é, -ées, _burned_. brun, -e, -s, _brown_. brusquement, _suddenly_, _roughly_. bu, _drunk_;-t, _drank_;-vez, _drink_. bûche, f. , _log_. bûcheron, m. , _woodcutter_. ça, _that_. cabane, f. , _hut_. cach-a, _hid_;-e, _hides_;-er, _to hide_;-erai, _will hide_;-ez, _hide_;-é, -ée, _hidden_. cadeau, m. , _present_. cadet, -te, _youngest_. cadre, m. , _frame_. calciné, _burned_. califourchon, à----, _astride_. calme, _calm_. camarade, m. , _comrade_. campagne, f. , _country_. canard, m. , _duck_. capitaine, m. , _captain_. capuchon, m. , _hood_. car, _for_, _because_. caractère, m. , _character_. cargaison, f. , _cargo_. carotte, -s, f. , _carrot_. carrefour, m. , _cross-road_. carrière, f. , _quarry_. cass-a, _broke_;-é, -ée, _broken_;-er, _to break_. caus-a, -é, -ée, -èrent, _caused_ or _talked_;-er, _to cause_ or _totalk_;-erai, _will talk_ or _cause_;-ons, _let us talk_. ce, _this_;-ci, _this_;-la, _that_. célébré, _celebrated_. céleste, _heavenly_. celui, celle, ----ci, _this one_. cendre, -s, f. , _ashes_. cent, -s, m. , _hundred_. centre, m. , _center_. cependant, _however_. cérémonie, f. , _ceremony_. certainement, _certainly_. ces, _these_. cess-a, -é, _ceased_;-er, _to cease_;-erait, _would cease_. cesse, f. , _ceasing_. cet, -te, _this_. chacun, -e, _each_, _every_. chagrin, m. , _grief_. chair, f. , _flesh_. chaise, -s, f. , _chair_. chambre, f. , _room_. champ, m. , _field_. chang-é, -ée, -ea, -èrent, _changed_;-er, _to change_;-ez, _change_;-era, _will change_. changement, m. , _change_. chant-a, -ait, -aient, -èrent, _sang_;-é, -ée, _sung_;-er, _to sing_;-era, _will sing_. chant, -s, m. , _song_. chapeau, m. , _hat_. chaque, _each_. char, m. , _cart_. charge, f. , _load_. charg-é, -ée, _laden_;-ea, _took charge_;-er, _to load_, _to takecharge_;-e, _load_ or _take charge_. charmant, -e, -s, _charming_. charmé, _charmed_. charpentier, m. , _carpenter_. chasse, f. , _hunt_. chasse, _drive away_. chat, m. , _cat_. château, m. , _castle_. chaud, -e, _warm_, _hot_. chauff-a, -é, -ées, _warmed_;-er, _to warm_;-ez, _warm_. chaumière, f. , _thatched roof cottage_. chef, m. , _cook_. chemin, m. , _road_;----de fer, _railroad_. cheminée, f. , _chimney place_. chemise, f. , _shirt_. cher, chère, _dear_. cherch-a, -é, -ée, -ait, -èrent, _sought_;-er, _to seek_;-erez, _willseek_;-ant, _seeking_;-ez, _seek_. chev-al, -aux, m. , _horse_; à----, _on horseback_. chevelure, f. , _head of hair_. cheveu, -x, m. , _hair_. chez, _at_, _at the house of_;----lui, _at home_. chien, -s, m. , _dog_. choc, m. , _blow_. choeur, m. , _chorus_. chois-i, -ie, _chosen_;-ir, _to choose_;-irai, -irons, _will choose_;-issez, _choose_. choix, m. , _choice_. chose, f. , _thing_. chou, m. , _cabbage_. chute, f. , _fall_. ciel, m. , _sky_. cil, -s, m. , _eyelash_. cime, f. , _peak_. cinq, _five_. citron, -s, m. , _lemon_. clair, -e, -s, _light_, _clear_, _transparent_. claquer, _to crack_; fit----, _cracked_. clou, m. , _nail_. cocher, m. , _coachman_. coeur, m. , _heart_; de bon----_willingly_. coin, m. , _corner_. colère, f. , _anger_; en----, _angry_. combien, _how much_ or _many_. command-a, -é, -ée, -èrent, _ordered_;-er, _to order_;-ez, _order_. commandement, m. , _order_. comme, _like_, _as_. commen-ça, -cèrent, _began_;-cez, _begin_;-cer, _to begin_;-cerais _willbegin_;-cé, -cée, _begun_. comment, _how_, _what_. commettre, _to commit_. commis, _committed_. commission, f. , _errand_, _message_. commun, -e, _common_. compagn-e, f. , -on, m. , _companion_. compatissant, _compassionate_. complet, _entire_, _complete_. complètement, _completely_. compos-é, -ée, _composed_. compr-endre, _to understand_;-it, _understood_. compt-a, -ait, -é, _counted_;-ez, _count_. compte, m. , ----juste, _right amount_. concentr-a, _concentrated_;-er, _to concentrate_. condui-re, _to lead_;-sit, -sirent, _lead_. conduite, f. , _conduct_. confia, _confided_, _confessed_. confirmez, _confirm_. congé, m. , _dismissal_. congédié, _dismissed_. conn-ais, -aissez, _know_;-aître, _to know_. conseille, _advise_. consent-ir, _to consent_;-irait, _would consent_;-it, _consented_. consol-a, -é, _consoled_;-er, _to console_;-erait, _would console_. construisit, _built_. consulta, _consulted_. consumer, _to consume_ or _burn_. conte, -s, m. , _tale_. contenait, _contained_. content, -s, -e, -es, _contented_. continu-a, -èrent, -é, _continued_;-er, _to continue_. contrainte, f. , _constraint_. contraire, _contrary_. contre, _against_. contrée, f. , _country_. convenable, _suitable_. coquille, -s, f. , _shell_. corail, m. , _coral_. corbeau, m. , _crow_. corde, f. , _rope_. cordons, m. , _strings_. corps, m. , _body_. côte à côte, _side by side_. côté, m. , _side, direction_. côtes, f. , _shores_. cou, m. , _neck_. couch-a (se), -èrent, _lay down_;-é, -ée, -es, _lain down_. couche, f. , _layer_. coucou, m. , _cuckoo_. coudre, _to sew_. couler, _to flow_. couleur, f. , _color_. coup de pied, m. , _kick_. coup-a, -èrent, -ait, -é, _cut_;-era, -erez, _will cut_. coupe, f. , _cup_. cour, m. , _court_; faire la----, _to woo_. courageusement, _courageously_. courageu-x, -se, _brave_. cour-ait, -ut, -urent, _ran_;-s, -u, _run_;-ir, _to run_. courant, m. , _current_. courba, _bent_. couronne, -s, f. , _crown_. cours, m. , _course_. course, f. , _race_. coursier, -s, m. , _steed_. court, -e, -s, _short_. courtisans, m. , _courtiers_. coûte que coûte, _at any cost_. couteau, m. , _knife_. couvert, -s, -e, -es, _covered_. couvert, -s, m. , _places at table_. couvrir, _to cover_. crains, _fear_. crainte, f. , _fear_. crêpe, -s, f. , _pancakes_. creusa, _dug_. crevé, _put out_. cri, -s, m. , _cry_, _scream_. cri-a, -é, -èrent, -aient, _screamed_;-ant, _screaming_;-er, _to scream_. croi-s, _believe_;-rai, _will believe_. croiser, _to cross_. croy-ais, -ait, _believed_. cruche, f. , _jar_. cueill-ant, _picking_;-ez, _pick_;-it, -irent, -i, _picked_;-erons, _willpick_. cuillère, f. , _spoon_. cuisine, f. , _kitchen_; je fais la----_, I am cooking_. cuisinier, m. , _cook_. cuivre, m. , _copper_. culinaire, _cooking_. cultivait, _cultivated_. curé, m. , _priest_. curieu-x, -se, _inquisitive_. dame, f. , _lady_. dangereusement, _dangerously_. dangereu-x, -se, _dangerous_. dans, _in_. dans-a, -èrent, -é, _danced_;-er, _to dance_;-ez, _dance_. de, _of_, _with_. débarqu-a, -èrent, -é, _landed_;-er, _to land_;-ons, _let us land_. débarrasser, _to get rid of_. debout, _standing up_. décembre, _December_. décevoir, _deceive_. décid-a, -èrent, -é, -ée, _decided_;-eraient, _would decide_;-er, _todecide_. décidément, _decidedly_. déclar-a, _declared_;-ant, _declaring_. déconcert-a, -é, _disconcerted_. décourag-é, -ée, _discouraged_. découvr-it, _discovered_;-ir, _to discover_. décrivit, _described_. dedans, _within_. défend, -s, _forbid_;-u, _forbidden_. dégoût, m. , _disgust_. déguis-a, -é, -èrent, _disguised_. déguisement, m. , _disguise_. dehors, _outside_. déjà, _already_. déjeuner, m. , _breakfast_. déliant, _untying_. demain, _to-morrow_. demand-a, -ait, -èrent, -é, -ée, _asked_;-er, _to ask_;-ant, _asking_;-era, -eras, _will ask_. demeur-aient, -ait, -a, -èrent, -é, _dwelt_;-er, _to dwell_. demoiselle, f. , _spinster_. démoli, _demolished_;-r, _to demolish_. démon, m. , _demon, genius_. dénoncerai, _will denounce_. départ, m. , _departure_. déposez, _lay_. depuis, _since_. dern-ier, -ière, _last_. derrière, _behind_. des, _some, of the_. dès, as _soon_;----que, as _soon as_;----lors, _henceforth_. désagréable, _disagreeable_. désappoint-é, -ée, _disappointed_. descend-ant, _coming down_;-it, -irent, _came down_;-re, _to come down_. déserte, _deserted_. désespér-a, _despaired_;-er, _to despair_;-père, _despair_;-és, _desperate_. désespoir, m. , _despair_. désir-e, _wish_;-ée, _wished_. désordre, m. , _disorder_. dessert, m. , _dessert_. dessus, _on_, _over_. détestait, _hated_. détresse, f. , _distress_. détruit, -e, _destroyed_. deux, _two_. deuxième, _second_. devant, _in front of_. devenir, _to become_. deviendra, _will become_. devin-er, _to guess_;-iez, _guessed_. devise, f. , _motto_. devoir, m. , _duty_. dev-ons, _must_;-rait, _should_. dévor-er, _to devour_;-ant, _devouring_;-era, _will devour_. diable, m. , _devil_. diamant, -s, m. , _diamond_. Dieu, _God_. différent, -e, _different_. difficile, _hard_, _difficult_. digérer, _to digest_. digue, f. , _dike_. dimanche, m. , _Sunday_. diminu-a, -èrent, -é, _diminished_. dîn-a, -èrent, -ait, _dined_;-e, _dine_;-er, _to dine_. dîner, m. , _dinner_. dire, _to say_. dirige-a, -aient, _directed_. di-s, _say_;-t, -sait, -rent, _said_;-tes, _say_;-rait, _would say_;-rai, _will say_;-sant, _saying_. disparaître, _to disappear_. disparu, -t, _disappeared_. disput-aient, _were quarreling_;-er, _to quarrel_. dissip-é, -ée, _scattered_. distinguer, _to distinguish_. dix, _ten_. doigt, m. , _finger_. doit, _must_. domestique, -s, m. And f. , _servant_. dommage, m. , _damage_; c'est----, _it is a pity_. donc, _therefore_, _then_, _now_. donn-a, -ai, -ait, -èrent, _gave_;-é, -ée, _given_;-er, _to give_;-era, _will give_;-eraient, _would give_. dont, _of which_. dorée, _golden, gilded_. dorm-ant, _sleeping_;-ir, _to sleep_;-irai, _will sleep_;-ez, _sleep_. dort, _sleeps_. dos, m. , _back_. doucement, _gently_. douleur, f. , _pain_, _sorrow_. douta, _doubted_. doute, m. , _doubt_; sans----, _undoubtedly_. doux, -ce, _sweet_, _gentle. _. douze, _twelve_. droit, _right_, _straight_. droite, à----, _to the right_. du, _some_, _of the_;----quel, _of which_;----tout, _at all_. dur, _hard_, _severe_, _inclement_. dura, _lasted_. eau, -x, f. , _water_. ébranler, _to shake_. échapp-é, -ée, _escaped_;-er, _to escape_. échelle, f. , _ladder_. éclair, m. , _lightning_. école, f. , _school_. écout-a, -èrent, -é, _listened_;-ez, _listen_. écri-a, -èrent, s', _cried_. écrit, _written_. écrivit, _wrote_. écurie, f. , _stable_. effac-er, _to efface_;-é, _effaced_. effet, en----, _indeed_. effila, _raveled_. efforçait, _strove_. effray-é, -ée, -és, _frightened_. effroi, m. , _terror_. église, f. , _church_. égoïsme, m. , _selfishness_. égoïste, -s, _selfish_. eh bien, _well_. élanc-èrent, _sprang_;-er, _to spring_. elev-a, -èrent, -é, _brought up_;-er, _to bring up_. elle, -s, _she_, _they_. éloignaient, s', _were going away_. embarqu-a, -é, -èrent, _embarked_. embarrass-é, -ée, _embarrassed_. embrassa, _kissed_. émeraude, f. , _emerald_. émietta, _crumbled_. empêcha, _hindered_. emphase, m. , _emphasis_. emport-é, -èrent, _carried away_. empressement, m. , _polite haste_. en, _in_. enchant-é, -ée, _enchanted_. enchère-s, f. , _bid_. enclume, f. , _anvil_. encombre, f. , _hindrance_. encore, _yet_, _still_, _again_. endormi, _asleep_; s'endormit, _fell asleep_. endroit, m. , _place_. enfant, -s, m. And f. , _child_. enfer, m. , _hell_. enfin, _at last_. enfonça, _drove in_. enfuirent, _fled_. engagé, _engaged_, _hired_. englouti, _engulfed_. engraisse, _fatten_. enleva, _carried off_. ennemi, -s, m. , _enemy_. énorme, _enormous_. enrager, _to get mad_. ensanglant-é, -ée, _bloody_. ensemble, _together_. ensuite, _afterwards_. entend-it, -irent, -u, _heard_;-re, _to hear_. entendu, _heard_; c'est----, _agreed_; bien----, _of course_. enterra, _buried_. ent-ier, -ière, _whole_. entièrement, _wholly_. entour-aient, -a, -é, _surrounded_. entr-a, -èrent, -ait, -é, -ée, _entered_;-er, _to enter_;-ez, _enter_;-erait, _would enter_;-era, _will enter_;-ant, _entering_. entre, _between_. entrée, f. , _entrance_. entretien, m. , _conversation_. envelopp-a, -é, _wrapped_. envie, f. , _wish_; j'ai----, _I wish_. envieux, _envious_. environs, m. , _neighborhood_. envoie, _sends_. envol-a, -ait, _flew away_;-é, _flown away_. envoy-a, -èrent, -ait, -é, -ée, _sent_;-er, _to send_. épais, -se, -ses, _thick_. épargnées, _spared_. épaule, -s, f. , _shoulder_. épingle, f. , _pin_. épous-ez, _marry_;-er, _to marry_;-erai, _will marry_. éprouver, _experience_. épuis-é, -ée, _exhausted_. ermite, m. , _hermit_. es, _art (thou)_. esclave, m. , _slave_. escorta, _escorted_. espace, m. , _space_. espèce, f. , _kind_. espère, _hope_; espér-é, -ait, _hoped_;-er, _to hope_. esprit, -s, m. , _spirit_, _wit_. essaiera, _will try_. essuya, _wiped away_. est, _is_. estomac, m. , _stomach_. et, _and_. étable, f. , _stable_. établi, _established_. étang, m. , _pond_. ét-ais, -ait, -aient, -iez, -ions, _were_;-ant, _being_;-é, _been_. été, m. , _summer_. êtes, _are_. étincelant, -e, _sparkling_. étoffe, -s, f. , _stuff_. étonnement, m. , _astonishment_, _surprise_. étrange, _strange_. être, _to be_. étudiant, -s, m. , _student_. eu, -t, -rent, _had_. eux, _them_, _they_. évasion, f. , _escape_. éveill-a, -é, _awake_. évoqua, _called up_. exactement, _exactly_. exactitude, f. , _exactness_. examin-a, -èrent, -ait, -é, _examined_;-er, _to examine_. excepté, _except_. excusez, _excuse_. exécut-a, -èrent, -é, _executed_;-er, _to execute_. exemplaire, _exemplary_. exercer, _to exercise_. existe, _exists_. exposé, _exposed_. extérieur, m. , _outside_. extraordinaire, _extraordinary_. extrèmement, _extremely_. extrémité, f. , _extremity_. fabriqu-é, -ait, _manufactured_. fâch-é, -ée, _angry, sorry_; se----er, _to be angry_. facile, _easy_. façon, f. , _fashion_. façonn-a, -èrent, -é, _fashioned_;-er, _to fashion_. fagots, m. , _bundles_. faible, _weak_. faillit, _almost_ (_idiomatic_) faim, f. , _hunger_; avoir----, _to be hungry_; avoir grand'----, _to bevery hungry_. fai-re, _to make_, _do_;-s, _make_;-sait, -saient, _made_;-sons, _let usmake_;-t, -te, _done_;-tes, _do_, _make_. falloir, _to be necessary_. famille, f. , _family_. fantaisie, f. , _fancy_. fatigu-é, -ée, -és, _tired_. faudra, _will be necessary_. faut, il----, _it is necessary_, _must_. faute, f. , _fault_; de votre----, _your fault_. favori, -te, _favorite_. fée, f. , _fairy_. femme, f. , _woman_. fenêtre, f. , _window_. fer, _iron_;-s, _shoes_; chemins de----, _railroads_. fer-a, -ai, -ont, -ez, _will make_ or _do_;-ait, -aient, _would make_ or_do_. ferm-a, -èrent, _shut_;-er, _to shut_. ferme, f. , _farm_; garçon de----, _farm hand_. fermier, -ière, _farmer_. ferrer, _to shoe_. ferveur, m. , _fervor_, _warmth_. festin, m. , _feast_. feu, m. , _fire_; en----, _afire_. feuillage, m. , _foliage_. feuilles, f. , _leaves_. février, _February_. fianc-é, -ée, _betrothed_. ficelle, f. , _string_. fidèle, _faithful_. fier, -s, fière, -s, _proud_. figure, f. , _face_. fil, -s, m. , _thread_. fil-ait, _was spinning_;-er, _to spin_;-e, -ez, _spin_. filet, m. , _net_. fille, -s, f. , _daughter, girl_. fils, m. , _son, sons_. fin, f. , _end_. fin-i, -ie, -is, _finished_. fi-rent, -t, _made, said_. flamme, -s, f. , _flame_. fleur, -s, f. , _flower_. fleuve, m. , _river_. flocon, m. , _flake_. foi, f. , _faith_. fois, f. , _time_; une----, _once upon a time_. folle, _foolish, crazy_. fond, m. , _bottom_. fondit, _melted_. font, _make, do_. fontaine, f. , _fountain_. for-ça, -cé, -cée, -cèrent, _compelled_;-cer, _to compel_;-cerai, _willcompel_. force, -s, f. , _strength_. forêt, -s, f. , _forest_. forge, f. , _smithy_. forgeron, m. , _blacksmith_. form-a, -é, -ée, -ait, _formed_;-er, _to form_. forme, f. , _shape_. fort, _very, strong_. fou, _crazy_. fouet, m. , _whip_. fouill-ant, _fumbling_;-aient, _were fumbling_. foule, f. , _crowd_. four, m. , _oven_. fourmis, f. , _ants_. fourrure, -s, f. , _fur_. fraîche, _fresh_. frais, _fresh_. fraises, f. , _strawberries_. franc, -s, m. , _franc, twenty cents_. franchise, f. , _frankness_. frapp-a, -èrent, -é, _knocked_;-er, _to knock_;-ez, _knock_. frère, -s, m. , _brother_. froid, -e, _cold_; j'ai froid, _I am cold_. fromage, -s, m. , _cheese_. fruitier, _fruit (tree)_. fugitifs, m. , _fugitives_. fuir, _flee_. fuite, f. , _flight_. fumait, _was smoking_. fumée, f. , _smoke_. fumier, m. , _manure_. furent, _were_. furieu-x, -se, _angry_. fut, fus, _was_. fuy-ons, _let us flee_;-aient, _were fleeing_. gagn-a, -èrent, -ait, -é, _won, reached_;-e, _wins, reaches_. gaie, _gay_. gaiement, _gayly_. gant, -s, m. , _glove_. garçon, m. , _boy, bachelor_. gard-a, -èrent, -ait, -é, _kept_;-er, _to keep_. garde-manger, m. , _larder_. gardien, m. , _keeper_. garni, _trimmed_. gâteau, -x, m. , _cake_. gauche, -s, _awkward_; à----, _to the left_. géant, m. , _giant_. gèle, _may freeze_. gémissant, _groaning_. gendre, m. , _son-in-law_. généreu-x, -se, _generous_. gênez, _hinder_. genoux, _knees_; à----, _kneeling_. gens, _people_. gentil, -le, _nice_. glace, f. , _ice_. glissa, _slipped_. gorge, f. , _throat_. gourmand, _greedy_. goût-a, -é, _tasted_;-er, _to taste_. goutte, f. , _drop_. gouverner, _to govern_. grâce, -s, f. , _grâce_;----à, _thanks to_. grain, m. , _grain_;-es, f. , _seeds_. graiss-a, -é, -ées, _greased_. grand, -s, -e, -es, _large_, _big_. grandeur, f. , _size_, _grandeur_. grandi-r, _to grow tall_;-t, _grew tall_. grange, f. , _barn_. gras, -se, _fat_. gravir, _to climb_. griffes, f. , _claws_. grimace, f. , _grimace_; faire des----s, _to make a face_. grimp-a, -èrent, -é, _climbed_;-er, _to climb_. grommel-a, _grumbled_;-ant, _grumbling_. grondé, _scolded_. gros, -se, _fat_, _large_, _big_, _thick_. grotte, f. , _cave_. groupés, _grouped_. guér-i, -it, -issait, _cured_;-ira, -irai, _will cure_;-issant, _curing_, -ir, _to cure_. guerre, f. , _war_. guise, en----, _like_. habile, _skillful_. habill-a, -é, _dressed_. habitant-s, m. , _inhabitants_. habits, m. , _clothes_. habitude, f. , _habit_, _custom_. hache, -s, f. , _axe_. halte, _halt_;----là, _stop_. hameçons, m. , _fishhooks_. hardiment, _boldly_. hâte, f. , _haste_. haut, -e, -s, _high_. hélas, _alas_. herbe, f. , _grass_. hérit-er, _to inherit_;-a, _inherited_. héritier, -s, m. , _heirs_. héros, m. , _hero_. hésit-a, -é, _hesitated_;-ez, _hesitate_. heure-s, f. , _hour_; à l'----, _on time_; de bonne----, _early_. heureu-x, -se, _happy_. heurta, _rapped_. hier, _yesterday_. histoire, f. , _story_. hiver, m. , _winter_. hommage, m. , _homage_. homme, -s, m. , _man_. honneur, m. , _honor_. horreur, f. , _horror_. hors, _out of_. hospitalité, f. , _hospitality_. hôte, m. , _guest_. huit, _eight_. huître, f. , _oyster_. humaine, _human_. humeur, f. , _humor_, _temper_. hurl-a, _howled_;-ant, _howling_. ici, _here_. idéale, _ideal_. idée, f. , _idea_. il, _he_;----y a, _there is_, _are_. île, f. , _island_. ils, _they_. imaginer, _to imagine_. imbécile, m. , _fool_. immédiatement, _immediately_. immense, _immense_. immobile, _motionless_. immortel, -le, _immortal_. impérieusement, _imperiously_. incommode, _inconvenient_. inconfortable, _uncomfortable_. inconnu, -e, _unknown_. indign-é, -ée, _indignant_. industrieu-x, -se, _industrious_. infortuné, _unfortunate_. ingrat, _ungrateful_. inhospitalier, _inhospitable_. inqui-et, -ète, _uneasy_. inscri-re, _to inscribe_;-vit, _inscribed_. insist-a, -é, -èrent, _insisted_. installa, _settled_. intéress-a, -èrent, -ait, -é, _interested_. intérieur, m. , _interior_. invit-a, -èrent, -ait, -é, _invited_;-er, _to invite_. ir-a, -ai, -ez, -ons, -ont, _will go_. jacinthe, -s, _hyacinths_. jaill-it, -issait, _spurted forth_. jalou-x, -se, _jealous_. jamais, _ever_; ne. .. Jamais, _never_. jambe, f. , _leg_. jambon, m. , _ham_. janvier, _January_. jardin, m. , _garden_. jaune, _yellow_. je, j', _I_. jet-a, -èrent, -é, -ée, -ait, _uttered_, _threw_;-erai, _will utter_, _willthrow_;-er, _to utter_, _to throw_. jeune, -s, _young_;----gens, _young people_. joie, f. , _joy_. joli, -e, -s, _pretty_. jonquilles, f. , _jonquils_. jou-aient, _played_;-er, _to play_. joue, f. , _cheek_. jour, -s, m. , _day_. journée, f. , _day_; toute la----, _all day long_. joyeusement, _joyously_. joyeu-x, -se, _joyful_. juillet, _July_. juin, _June_. jur-a, _swore_;-ez, _swear_;-erez, _will swear_. jusque, _until_. juste, _just_, _right_. la, _the_, _her_, _it_. là, _there_; là-bas, _yonder_. lac, m. , _lake_. lâch-a, -èrent, _let go_;-er, _to let go_. laid, -e, _homely_. laiss-a, -ait, -èrent, -é, -ée, _left_;-er, _to leave_;-era, -erai, _willleave_. lait, m. , _milk_. lament-a, -èrent, -é, _lamented_;-er, _to lament_. lancé, _thrown_. lard, m. , _bacon_. large, _wide_. larme, -s, f. , _tear_. lav-a, _washed_;-er, _to wash_;-ez, _wash_. le, _the_, _him_, _it_. leçons, f. , _lessons_. légendes, f. , _legends_. légumes, m. , _vegetables_. lendemain, m. , _morrow_, _next day_. lentement, _slowly_. lequel, _which one_. les, _the_, _them_. lettres, f. , _letters_. leur, _they_, _them_, _to them_. lev-a, -èrent, -é, _lifted_;-ez, _lift_. lèvre, f. , _lip_. licol, m. , _halter_. lieu, m. , _place_; au----, _instead_. lièvre, m. , _hare_. ligne, f. , _line_, _fishing line_. lilas, m. , _lilacs_. limpide, _limpid_. linge, m. , _clothes_, _linen_. liquide, m. , _liquid_. li-re, _to read_;-t, _reads_;-s, _read_. lit, m. , _bed_. livre, m. , _book_. loi, f. , _law_. loin, _far_. long, -ue, -s, _long_. longtemps, _a long time_. longueur, f. , _length_. loup, m. , _wolf_. lourd, _heavy_. lui, _him_, _her_, _to him_, _to her_. ma, _my_. madame, _Mrs. _, _Madam_. mademoiselle, _Miss_. magicien, -ne, _magician_. magique, -s, _magic_. magnifique, _magnificent_. maigre, -s, _thin_. main, -s, f. , _hand_. maintenant, _now_. maire, m. , _mayor_. mais, _but_. maison, f. , _house_. maître, -sse, _master_, _mistress_. mal, m. , _harm_; faire du----, _injure_, _hurt_;----aux yeux, _soreeyes_. malade, -s, _sick_, _sick person_. malgré, _in spite of_. malheur, -s, m. , _misfortune_. malheureusement, _unfortunately_. malheureu-x, -se, _unhappy_. malin, _malicious_. maltraitait, _ill-treated_. manche, m. , _handle_. mang-ea, -eait, -eaient, -èrent, _ate_;-er, _to eat_;-erait, _wouldeat_;-era, _will eat_;-é, _eaten_. manier, _to handle_. manoeuvre, f. , _manoeuvre_. manqua, _failed, came near_. manteau, m. , _cloak_. march-a, -é, _walked_. marchand, -s, m. , _merchant_. marché, m. , _market_; bon----, _cheap_. mari, m. , _husband_. mari-a, -é, -ée, -ait, _married_;-er, _to marry_. mari-é, -ée, _bridegroom_, _bride_. marmite, f. , _pot_. mars, _March_. marteau, m. , _knocker_, _hammer_. masse, f. , _mass_. matelots, m. , _sailors_. matin, m. , _morning_. mauvais, -e, -es, _bad_. me, _me_, _I_;----voilà, _here I am_. méchant, -e, -s, _bad_, _wicked_. méche, f. , _lock_. mécontent, _discontented_. médecin, m. , _doctor_. meilleur, -e, -s, _better_. membre, m. , _member_. même, -s, _same_, _very_, _even_, _self_. mémoire, f. , _memory_. ménace, f. , _threat_. ménagère, f. , _housekeeper_. mendiant, -e, -s, _beggar_. mendier, _to beg_. mener, _to lead_. menton, m. , _chin_. mépris, m. , _scorn_. mer, -s, f. , _sea_. merci, _thanks_. mère, -s, f. , _mother_. mérit-a, -ait, -é, _deserved_;-er, _to deserve_;-erez, _will deserve_;-erait, _would deserve_. merveilleu-x, -se, _marvelous_. mes, _my_. messager, m. , _messenger_. métamorphose, f. , _metamorphosis_. mets, m. , _dishes_. met-tez, _put_;-tre, _to put_;-trai, _will put_. miche, f. , _loaf_. midi, _midday_, _noon_. mien, -s, -ne, -nes, _mine_. miettes, f. , _crumb_. mieux, _better_. milieu, m. , _middle_. mille, _thousand_. miroir, m. , _mirror_. misère, f. , _misery_, _poverty_. mit, _put_; se----à, _began_. moine, m. , _monk_. moins, _less_; au----, _at least_. mois, m. , _month_. mon, _my_. monde, m. , _world_; tout le----, _everybody_. monsieur, _Mr. _, _sir_. monstre, m. , _monster_. mont-a, -ait, -é, -èrent, _mounted_, _climbed_;-er, to _mount_, _toclimb_;-ez, _climb, mount_;-erait, _would climb_ or _mount_. montagne, f. , _mountain_. montr-a, -èrent, -é, _shown_;-ez, _show_;-er, _to show_. moqueuse, _mocking_. morceau, m. , _piece_. mort, -s, _dead_. mort, f. , _death_; à----, _to death_. mots, m. , _words_. mouchoir, m. , _handkerchief_. moules, f. , _mussels_. mour-ir, _to die_;-ut, _died_;-rai, _will die_;-rait, _would die_. mousse, f. , _moss_. mousseuse, _mossy_; rose----, _moss-rose_. moutarde, f. , _mustard_. mouton, m. , _sheep_, _lamb_. moyen, -s, m. , _means_, _way_. moyenne, _medium_, _middle sized_. muguet, -s, m. , _lily of the valley_. mur, -s, m. , _wall_. mûr, -e, -s, _ripe_. murmure, m. , _murmur_. museau, m. , _snout_. mystérieuse, -s, _mysterious_. nag-ea, -eaient, _swam_. naïvement, _innocently_. narine, -s, f. , _nostril_. natal, -e, _native_. navets, m. , _turnips_. navigua, _sailed_. ne. .. Pas, _not_. né, -e, _born_. nécessaire, _necessary_. négligemment, _carelessly_. négresse, f. , _negro woman_. neige, f. , _snow_. netto-yer, _to clean_;-iera, _will clean_. neu-f, -ve, _new_. nez, m. , _nose_. ni, _neither_, _nor_. noces, f. , _wedding_. noir, -s, -e, -es, _black_. noirci, _blackened_. noix, f. , _nuts_. nom, m. , _name_. nombre, m. , _number_. nombreux, _numerous_. nomm-ait, -é, _named_. non, _no_;----plus, _neither_. nota, _noted_. notre, _our_. nôtre, _ours_. nous, _we_, _us_. nouveau, -x, _new_;----venu, _newcomer_; de----, _again_. nouvel, -le, -les, _new_. nouvelles, f. , _news_. novembre, _November_. noyer, m. , _nut tree_. nuit, f. , _night_. nul, -le, _none_, _not any_. obé-i, -it, -issait, _obeyed_;-irai, _will obey_;-ir, _to obey_;-issez, _obey_. objet, m. , _object_. oblig-é, -ée, _obliged_. obscurité, f. , _darkness_. observ-a, -èrent, -é, _noticed_. obten-ir, _to obtain_;-u, _obtained_. occup-é, -ée, -és, _occupied_;-er, _to occupy_. octobre, _October_. oeil, m. , _eye_. officier, m. , _officer_. offrir, _to offer_. oie, f. , _goose_. oignon, m. , _onion_. oiseau, -x, m. , _bird_. on, _one_, _they_. oncle, m. , _uncle_. ont, _have_. onze, _eleven_. oppos-é, -ée, _opposite_. or, _now_. or, m. , _gold_. oranger, m. , _orange tree_. ordinaire, _ordinary_. ordonna, _ordered_. ordre, -s, m. , _order_, _system_. oreille, -s, f. , _ear_. oreiller, m. , _pillow_. original, _eccentric_. orphelin, -s, m. , _orphan_. os-a, -èrent, -é, _dared_;-ant, _daring_. osier, m. , _willow_. ôter, _to take away_, _remove_. ou, _or_. où, _where_. oubli-a, -èrent, -ait, _forgot_;-er, _to forget_;-é, _forgotten_. oui, _yes_. ours, m. , _bear_. ouvert, -e, -s, _open_. ouverture, f. , _opening_. ouvr-ez, _opens_;-it, -ait, -irent, _opened_;-ira, _will open_;-irait, _would open_. ouvrier, -s, m. , _workman_. pacha, m. , _pacha_. pain, m. , _bread_. paire, f. , _pair_. palais, m. , _palace_. pâle, _pale_. pâlit, _grew pale_. panier, m. , _basket_. papier, m. , _paper_. par, _by_;----dessus, _over_. paradis, m. , _paradise_. par-aît, _appears_;-aîtra, _will appear_; par-aissait, -ut, -u, _appeared_. parc, m. , _park_;----aux moutons, _sheepfold_. parce que, _because_. pardon, m. , _pardon_. pardonna, _forgave_. pareille, -s, _like_. parents, m. , _parents_. paresseu-x, -se, _lazy_. parfait, _perfect_. parfaitement, _perfectly_. parfum, m. , _perfume_. parl-a, -èrent, -ait, -aient, _spoke_;-é, _spoken_;-ant, _speaking_;-erait, _would speak_;-er, _to speak_; entendu----er, _heard of_. parmi, _among_. parole, f. , _word_. part-i, -it, -is, -irent, -ait, _departed_;-irait, _would depart_;-ir, _todepart_. partie, f. , _part_. partout, _everywhere_. pas, _not_. pas, m. , _step_. pass-a, -é, -ait, _passed_;-era, _will pass_;-erait, _would pass_;-er, _to pass_. passant, m. , _passer-by_. pâte, f. , _batter_, _dough_. patiemment, _patiently_. pauvre, _poor_. pauvreté, f. , _poverty_. pavot, -s, m. , _poppy_. pay-a, -é, -ait, -aient, _paid_;-er, _to pay_; se payer, _to afford_;paiera, _will pay_. pays, m. , _country_. paysan, m. , _countryman_, _peasant_. peau, f. , _skin_. pêche, f. , _fishing_. pêch-é, _fished_;-er, _to fish_. pêcheur, m. , _fisherman_. peigne, m. , _comb_. peine, f. , _trouble_. pelle, f. , _shovel_. pench-a, -é, _bent over_. pendant, _during_. pend-re, _to hang_;-ue, _hanging_, _hung_. pens-a, -ait, -aient, -èrent, -é, _thought_;-er, _to think_;-era, _willthink_. pensée, f. , _thought_. per-ça, _pierced_;-cé, _pierced_. perchèrent, _perched_. perd-ant, _losing_;-re, _to lose_;-u, _lost_. père, m. , _father_. pér-i, -it, -irent, _perished_;-ir, _to perish_. perle, -s, f. , _pearl_. permet-tre, _to permit_, _enable_;-tez, _allow_; permis, _allowed_. perron, m. , _porch_. persil, m. , _parsley_. personne, f. , _person_; ne----, _nobody_. perte, f. , _loss_. petit, -s, -e, -es, _small_, _little_;----enfant, m. Or f. , _grandchild_. peu, _little_, _few_. peur, m. , _fear_; avait----, _was afraid_. peut, _can_;----être, _perhaps_. philosophiquement, _philosophically_. pic, -s, m. , _peak_. pièce, f. , _piece_;----blanche, _nickel_. pied, -s, m. , _foot_. pierre, f. , _stone_;----à feu, _flint_. pierreries, f. , _precious stones_. piéton, m. , _pedestrian_. pincettes, f. , _tongs_. pitié, f. , _pity_. pla-ça, -cé, _placed_;-cer, to _place_;-cera, _will place_. plage, f. , _beach_. plaindre, _complain_. plaine, f. , _plain_. plaire, _to please_. plaisir, m. , _pleasure_. plaît, _please_; s'il-vous----, _if you please_. planche, -s, f. , _plank_. plante, -s, f. , _plant_. plein, -e, _full_. pleur-a, -èrent, -ait, -é, _wept_;-ant, _weeping_;-er, _to weep_;-era, _will weep_. pleurs, f. , _tears_. plong-ea, _plunged_;-ez, _plunge_. pluie, f. , _rain_. plume, f. , _feather_, _pen_. plus, _more_. plusieurs, _several_. plutôt, _rather_. poche, f. , _pocket_. point, _not_; ne----, _not at all_. pointe, f. , _point_. poisson, -s, m. , _fish_. poitrine, f. , _chest_. poli, _polite_. poliment, _politely_. politesse, f. , _politeness_. pomme, f. , _apple_;----de terre, _potato_. pommeau, m. , _knob_. pommier, m. , _apple tree_. pompe, f. , _pomp_. pompeusement, _pompously_. pont, m. , _bridge_. porc, -s, m. , _pig_. port-a, -èrent, -ait, -é, _carried_, _worn_;-era, _will carry_;-ez, _carry, wear_;-er, _to carry, wear_. porte, f, _door_. portée, f. , _reach_. portière, f. , _carriage_, _door_. pos-a, -èrent, -é, _laid_;-er, _to lay_;-era, _will lay_. possède, _owns_;-era, _will own_; posséd-a, -èrent, -ait, _owned_;-er, to_own_. possible, _possible_. poste, f. , _post_. pot-au-feu, m. , _soup pot_. poumons, m. , _lungs_. pour, _for_. pourquoi, _why_. pourr-ait, _would be able_, _could_;-ez, _will be able_. poursuite, f. , _pursuit_. poursuiv-i, _pursued_;-ra, _will pursue_;-re, _to follow_;-irent, _followed_. pourtant, _however_. pouss-ant, _uttering_;-er, to _utter_ _grow_;-ez, _push_. pouvoir, m. , _power_. pouv-oir, _to be able_;-ez, -ons, _can_. prairie, f. , _prairie_. pratiquer, _to make_, _to practice_. pré, m. , _meadow_. précieu-x, -se, _precious_. précipita, _precipitated_, _flung_. prédiction, f. , _prediction_, _prophecy_. préfère, _prefer_. prem-ier, -ière, _first_. pren-ant, _taking_;-dre, _to take_;-ez, _take_;-drai, _will take_. prépara, _prepared_. préparatif, m. , _preparation_. près, _near_. présent, _present_; à----, _now_. présenta, _presented_. presque, _nearly_. pressé, _hurried_, _in a hurry_. prêt, -e, _ready_. prêt-er, _to lend_;-era, _will lend_;-erait, _would lend_. prêtre, m. , _priest_. pri-e, _prays_;-a, -èrent, _prayed_;-era, _will pray_;-er, _to pray_. prière, f. , _prayer_. prince, -s, m. , _prince_. princesse, -s, f. , _princess_. printemps, m. , _spring_. pri-s, -se, _taken_;-t, _took_. prison, m. , _prison_. prix, m. , _price_, _prize_. probable, _probable_. probablement, _probably_. procession, f. , _procession_. procurer, _to procure_. produi-re, _produce_;-sit, _produced_. profit, m. , _profit_. profond, -e, _deep_. profondément, _deeply_. promen-a, -èrent, _walked_; se promener, _to walk_. promenades, f. , _walks_. promesse, f. , _promise_. prom-ettre, _to promise_;-ettrez, _will promise_;-is, -it, _promised_. promptement, _promptly_. pronon-ça, -cé, _pronounced_;-cez, _pronounce_. prophète, m. , _prophet_. propos-er, _to propose_;-é, -a, _proposed_. propre, _own_, _clean_. propriétaire, m. , _owner_. prospérité, _prosperity_. protêg-er, to _protect_;-ea, -é, _protected_. protesta, _protested_. provision, f. , _provision_, _supply_. puis, _then_;-que, _since_. puisse, _can_, _may_. puits, m. , _well_. pun-ir, _to punish_;-ie, _punished_. punition, f. , _punishment_. put, _could_. quand, _when_. quant à, _as to_, _as for_. quantité, f. , _quantity_. quarante, _forty_. quatr-e, _four_;-ième, _fourth_. que, _than_, _that_, _as_. quel, -le, -s, _which_, _what a_. quelque, -s, _some_, _a few_;----fois, _sometimes_. querell-er, _quarrel_;-ait, _was quarreling_. questionner, _to question_. queue, f. , _tail_, _stem_. qui, _who_, _which_. quitt-a, -é, -ée, -èrent, _left_;-ez, _leave_;-er, _to leave_. raccommod-a, _mended_;-er, _to mend_. racont-a, -ait, -èrent, -é, _told_;-er, _to tell_. raison, f. , _right_, _reason_; avoir----_to be right_. raisonnable, _reasonable_. ramassa, _picked up_. rame, -s, f. , _oar_. ramen-é, _brought back_;-er, _to bring back_. rappel-a, -èrent, _called back_. rapportez, _bring back_. ravin, m. , _ravine_. recevoir, _to receive_. recherch-é, _sought after_;-er, _to seek again_. récit, m. , _account_. récit-er, to _recite_;-é, _recited_. réclam-a, -èrent, _claimed_;-erait, _would claim_. recommand-a, _recommended_. récompense, f. , _reward_. récompenserai, _will reward_. reconnaissant, -e, _grateful_. reconnut, _recognized_. reç-u, -ut, _received_. recul-a, _drew back_;-é, _drawn back_. referma, _closed_. refléta, _reflected_. refus-a, -é, _refused_;-er, _to refuse_. régal-a, _treated_;-er, _to treat_. regard-a, -é, -èrent, -ait, _looked_;-ant, _looking_;-er, _to look_;-erait, _would look_. regret, à----, _regretfully_. regrett-a, -èrent, -é, _regretted_. reine, f. , _queen_. rejet-é, _thrown back_;-er, _to throw back_. rejoindre, _to join again_. remarier, _to marry again_. remarqu-a, -èrent, -ait, -é, _noticed_;-er, _to notice_;-erai, _willnotice_. remarquable, _remarkable_. remarquablement, _remarkably_. remède, m. , _remedy_. remerci-a, -èrent, _thanked_. remis, _put back_. remonta, _mounted again_. remontrance, f. , _remonstrance_. remords, m. , _remorse_. rempl-ir, _to fill_;-issait, -it, -i, _filled_;-issez, _fill_. renard, m. , _fox_. rencontr-a, -èrent, -é, _met_;-er, _to meet_;-erai, _will meet_. rend-e, _give back_;-it, _gave back_. rendormit, se, _fell asleep again_. renommé, _renowned_. rentr-a, -èrent, -ait, _came in again_;-er, _to reënter_;-ant, _reëntering_. renversa, _overturned_. renvo-ie, _send back_;-yer, _to send back_;-ya, -yèrent, -yait, -yé, _sentback_. répandit, _scattered_, _spilled_. réparer, _to repair_. repartit, _set out again_. repas, m. , _meal_. répét-a, _repeated_;-ant, _repeating_. replacèrent, _put back_. répliqua, _retorted_. répond-ait, -it, -irent, -u, _answered_;-re, _to answer_;-rai, _willanswer_. réponse, f. , _answer_. repos, m. , _rest_. repos-er, _to rest_;-é, _rested_. repr-irent, -it, _resumed_. reproche, m. , _reproach_. requête, f. , _request_, _petition_. réserv-ait, _reserved_. réservoir, m. , _reservoir_, _fish pond_. résolu, _resolved_. respect, m. , _respect_. respectueusement, _respectfully_. respectueux, _respectful_. resplendissant, -e, _resplendent_. ressemble à, _looks like_. rest-a, -èrent, -ait, -é, -ée, _remained_;-er, _to remain_;-ez, _stay_;-erai, _will remain_. rétabli, _reëstablished_. retir-a, _withdrew_;-é, _withdrawn_. retour, m. , _return_. retourn-a, -é, -èrent, _returned_;-era, _will return_;-er, _to return_. retrouvé, _found again_. réuss-i, _succeeded_;-ira, _will succeed_. rêve, m. , _dream_. réveilla, _awoke_. révél-é, _revealed_;-erez, _will reveal_. revenu, -s, m. , _revenues_. revenus, _come back_. révérences, f. , _bows_. reverrez, _will see again_. revi-ens, _come back_;-nt, _came back_. revoir, _to see again_; au----, _farewell. _ ri, _laughed_;-ant, _laughing_;-re, _to laugh_. riche, _rich_. richesses, f. , _wealth_. ridicule, _ridiculous_. rien, _nothing_. rivage, m. , _shore_. rivière, -s, f. , _river_. robe, -s, f. , _dress_. rocher, m. , _rock_. roi, m. , _king_. romp-u, -ue, _broken_;-re, _to break_. ronfler, _to snore_. rose, f. , _rose_. rose, _pink_. rôt-ie, _roasted_;-ir, _to roast_. rouge, -s, _red_. roug-ir, _to blush_;-issant, _blushing_;-it, _blushed_. roula, _rolled_. route, f. , _road_; en----, _on the way_. royaume, m. , _kingdom_. ruban, m. , _ribbon_. rubis, m. , _ruby_. rue, f. , _street_. ruine, f. , _ruin_. rusé, _sly_, _cunning_. sa, _her_, _his_. sable, m. , _sand_. sabre, m. , _sword_. sac, -s, m. , _bag_. sachant, _knowing_. sage, _wise_; _good_, _well-behaved_. sagement, _wisely_. sai-s, -t, _knows_. sais-ir, _to seize_;-it, _seized_. saison, f. , _season_. sale, _dirty_. sal-é, -ée, _salty_. salle, f. , _hall_. salua, _bowed_, _greeted_. sang, m. , _blood_. sans, _without_. santé, f. , _health_. sapin, m. , _pine_. satisfait, _satisfied_. saucisse, f. , _sausage_. saurez, _will know_. saut-a, -é, -èrent, _jumped_;-er, _to jump_. sauv-a, -é, -èrent, _saved_;-erai, _will save_;-er, _to save_;-ez, _save_. sav-ait, _knew_;-ez, _know_;-oir, _to know_. savant, _learned_. scène, f. , _scene_. scrupuleu-x, -se, _scrupulous_. se, _one's self_. seau, m. , _pail_. sec, -s, sèche, -s, _dry_. séch-a, _dried_;-er, _to dry_. secou-er, _to shake_;-ez, _shake_. secours, m. , _help_. seigneur, m. , _lord_. sel, m. , _salt_. selle, f. , _saddle_. sellez, _saddle_. semaine, f. , _week_. semait, _was sowing_. sent-ir, _to feel_;-it, _felt_. sêpar-a, -é, -èrent, _separated_;-er, _to separate_. sept, _seven_. septembre, _September_. ser-a, -as, -ai, -ez, -ons, -ont, _will be_;-ais, -ait, -ions, -iez, -aient, _would be_. servante, f. , _servant_. serviette, f. , _napkin_. serv-ir, _to serve_;-it, _served_. serviteur, m. , _servant_. ses, _his_, _her_. seule, _alone_. seulement, _only_. sévère, _severe_. si, _so_, _if_. sien, -ne, -s, _his_, _hers_. siffler, _to whistle_. signaux, m. , _signals_. signe, m. , _sign_. signé, _signed_. situé, _situated_. six, _six_. société, f. , _society_. soeur, f. , _sister_. soi, _one's self_. soie, -s, f. , _silk_. soi-ent, -s, -t, _may be_. soif, f. , _thirst_, _thirsty_; j'ai----, _I am thirsty_. soigna, _cared for_. soigneusement, _carefully_. soin, m. , _care_. soir, m. , _evening_. soixante, _sixty_. soleil, m. , _sun_. solennellement, _solemnly_. solide, _solid_. solitaire, _solitary_. sombra, _sank to the bottom_. somme, f. , _sum_. sommeil, m. , _sleep_; j'ai----, _I am sleepy_. sommet, m. , _summit_. son, _his_, _her_. songe, m. , _dream_. sorcière, f. , _witch_. sort-aient, -ait, -it, -irent, _went out_;-i, _gone out_;-irai, _will goout_;-ir, _to go out_. sou, -s, m. , _cent_. souffr-ait, -it, _suffered_. souhait-a, _wished_;-er, _to wish_. souhaits, m. , _wishes_. souliers, m. , _shoes_. souper, m. , _supper_. soupirant, _sighing_. source, f. , _source_, _spring_. souris, f. , _mouse_, _mice_. sour-it, -iait, _smiled_. sous, _under_. souvenir, _to remember_. souvenir, m. , _remembrance_. souvent, _often_. souveraine, f. , _sovereign_. soy-ez, _be_;-ons, _let us be_. spectacle, m. , _sight_. subir, _to submit_. subitement, _suddenly_. submergé, _flooded_, _submerged_. succéder, _to succeed_. succès, m. , _success_. suis, _am_; _follow_. suite, f. , _followers_, _retinue_; ainsi de----, _and so forth_. suivant, -e, _following_. suiv-i, -it, -irent, -ait, -aient, _followed_;-re, _to follow_;-rai, _willfollow_. superbe, _superb_. supportait, _endured_. supposé, _supposed_. sur, _on_. sûr, -e, _sure_. sûrement, _surely_. surpris, -e, _surprised_. surtout, _especially_. suspend-ue, -irent, _hung_. ta, _thy_. table, f. , _table_. tâche, f. , _task_. tant, _so much_, _so many_. tante, f. , _aunt_. tard, _late_. tasse, f. , _cup_. tât-a, -é, _felt_;-er, _to feel_. taureau, m. , _bull. _ ta, _thee_, _thy_. tel, -le, -s, _such_. tempête, f. , _tempest_. temps, m. , _time_, _weather_. tend-it, -aient, _held out_;-re, _to hold out_;-ez, _hold_. tendre, _tender_. tenir, _to hold_. tenter, _to tempt_ or _attempt_. terminé, _ended_. terre, f. , _land_, _ground_, _earth_. terreur, f. , _terror_. tes, _thy_. testament, m. , _will_. tête, f. , _head_. tien, -ne, -s, _thine_. tien-s, _hold_;-ne, -nent, _hold_;-draient, _would hold_. timide, _afraid_. timidement, _timidly_. tint, _held_;----ferme, _held tight_. tir-er, _to pull_;-ez, _pull_;-a, -èrent, _pulled_. toilette, f. , _toilet_. toit, m. , _roof_. tomb-a, -ait, -èrent, _fell_;-é, -ée, _fallen_;-e, _falls_;-era, _willfail_. tombe, f. , _tomb_. ton, _thy_. tonnerre, m. , _thunder_. topaze, f. , _topaz_. tort, _wrong_; a----, _is wrong_. tôt, _soon_. touch-a, -èrent, -ait, -é, _touched_, _collected_;-er, _to touch_, _tocollect_;-ant, _touching_, _collecting_. toujours, _always_, _still_. tour, m. , _tour_. tourment-a, -é, _tormented_ or _worried_;-er, to _torment_ or _worry_;-erai, _will torment_ or _worry_. tourn-a, -é, _turned_;-ez, _turn_;-er, _to turn_. tout, -e, -s, _all_, _every_;----à coup, _suddenly_;----de suite, _immediately_. train, m. , _train_; en----, _on the point of_. traire, _to milk_. trait, m. , _trace_. traître, m. , _traitor_. tranquille, _quiet_. tranquillement, _quietly_. transport-a, _carried_, _conveyed_;-ez, _carry_, _convey_. transports, m. , _transports_. travaill-a, -ait, -èrent, -é, _worked_;-er, _to work_;-ez, _work_. travailleur, m. , _worker_. travers, à, _across_. travers-a, -ait, -é, -èrent, _crossed_;-er, _to cross_;-era, _will cross_. treize, _thirteen_. trembl-a, -é, -êrent, -ait, _trembled_;-ant, -ante, _trembling_;-er, _totremble_. trempa, _dipped_. très, _very_. trésors, m. , _treasures_. tress-a, _twisted_, _wove_;-ant, _weaving_. triomphe, m. , _triumph_. triple, m. , _treble_. triste, _sad_. tristement, _sadly_. trois, _three_. troisième, _third_. trompe (se), _is mistaken_. trône, m. , _throne_. trop, _too much_, _too many_. trotter, _to trot_. trou, m. , _hole_. troupeau, m. , _flock_. trouv-a, -ait, -é, -èrent, _found_;-er, _to find_;-era, _will find_;-eriez, _would find_;-ant, _finding_. tu, _thou_. tu-a, -é, -èrent, _killed_;-er, _to kill_;-e, -ez, _kill_;-eront, -era, _will kill_. tulipe, -s, f. , _tulip_. un, -e, _a_, _an_, _one_. universelle, _universal_. université, f. , _university_. usage, m. , _use_. us-e, _wears out_;-és, _worn out_. ustensiles, m. , _utensils_. va, _go_, _is going_. vacance, f. , _holiday_. vache, f. , _cow_. vague, -s, f. , _wave_. vain, _vain_. vainement, _vainly_. vais, _am going_. vaisseau, -x, m. , _vessel_. vallée, -s, f. , _valley_. vapeur, f. , _steam_, _vapor_. vaste, _extensive_. veille, f. , _day before_. ven-aient, -ait, _came_;-u, -ue, -ez, _come_;-ir, _to come_;-ant, _coming_. vend-aient, _were selling_;-rons, -rez, _will sell_;-re, _to sell_;-ant, _selling_;-u, _sold_. vengerai, _will revenge_. vent, -s, m. , _wind_. vente, f. , _sale_. venu, -e, _come_; nouveau----, _new comer_. ver, m. , _worm_. verdir, _to grow green_. vérifia, _verified_. vérité, f. , _truth_. verrez, _will see_. vers, _towards_. vers-èrent, -é, _poured_. vert, -e, -s, _green_. vertu, f. , _virtue_. vertueux, -se, _virtuous_. veste, f. , _vest_. vêt-ir, _clothe_;-ue, _clad_. veu-f, -ve, _widower_. veu-x, _want_;-t, _wants_. viande, f. , _meat_. victime, f. , _victim_. vid-a, -ait, _emptied_;-er, _to empty_. vide, _empty_. vie, f. , _life_. vieil, -le, -s, _old_;-le, f. , _old woman_. vieillard, m. , _old man_. vien-drons, -dront, -dra, _will come_;-ne, _may come_. vieux, _old_. vi-f, -ve, _lively_. vigne, f. , _vine_. vigneron, m. , _vine grower_. vigoureusement, _vigorously_. vilaine, _ugly_. ville, f. , _town_. vin, m. , _wine_. vingt, _twenty_. vin-rent, -t, _came_. violemment, _violently_. visit-a, -èrent, -é, -ée, _visited_;-er, _to visit_. visites, f. , _calls_. vi-t, -rent, _saw_. vite, _quickly_. viv-aient, -ait, _lived_;-re, _to live_. vivant, -e, -s, _living_. vivement, _quickly_. voici, _here is_, _here are_. voie, _may see_. voilà, _there is_, _there are_; me----, _here I am_. voile, m. , _veil_. voile, f. , _sail_; mit----, _set sail_; bateau à----, _sail boat_. voir, _to see_. voisin, -e, -s, _neighbor_. voisinage, m. , _neighborhood_. voiture, f. , _carriage_. voix, f. , _voice_. vol, m. , _theft_. volant, _flying_. volcan, m. , _volcano_. volonté, f. , _wish_, _will_. volontiers, _willingly_. vont, _are going_. vos, _your_. votre, _your_. vôtre, _yours_. voudrez, _shall wish_. voul-ait, -u, -urent, -ut, _wanted_;-ez, _want_;-oir, _to want_;-ant, _wanting_. vous, _you_. voyage, m. , _journey_. voyag-é, -ea, -èrent, _traveled_;-era, _will journey_;-eant, _journeying_. voyageur, m. , _traveler_. voy-ant, _seeing_;-ez, -ons, _see_;-ons, _see_, _come_. vrai, -e, _true_, _real_. vraiment, _truly_. vu, -s, _seen_;----que, _as_. vue, f. , _view_; en----, _in sight_. vulgaire, _vulgar_. y, _there_; il y a, _there is_, _are_. yeux, m. , _eyes_. Zuidersée, _Zuyder Zee_. * * * * * FRENCH TEXTS ELEMENTARY PRICE BACON. Une Semaine à Paris $0. 50 BRUNO. Le Tour de la France (Syms) . 60 CHATEAUBRIAND. Les Aventures du Dernier Abencerac (Bruner) . 30 CONLEY. La Fille de Thuiskon . 65 DUMAS. Excursions sur les Bords du Rhin (Henckels) . 40 DUMAS. Le Chevalier de Maison-Rouge (Sauveur & Jones) . 40 ERCKMANN-CHATRIAN. Madame Thérèse (Fontaine) . 50 FOA. Le Petit Robinson de Paris (De Bonneville) . 45 FONCIN. Le Pays de France (Muzzarelli) . 60 FRANÇOIS. Easy Standard French . 40 GOODELL. L'Enfant Espion, and Other Stories . 45 GUERBER. Contes et Légendes. Two Parts. Each . 60 LA BÉDOLLIÈRE. La Mère Michel et Son Chat (Josselyn) . 30 LABICHE and MARTIN. La Poudre aux Yeux (François) . 30 LABICHE and MARTIN. Le Voyage de M. Perrichon (Castegnier) . 35 LEGOUVÉ and LABICHE. La Cigale chez les Fourmis (Farrar) . 35 MAIRET. La Clef d'Or, and Les Flèches Magiques (Healy) . 35 MAIRET. La Petite Princesse (Healy) . 35 MAIRET. La Tâche du Petit Pierre (Healy) . 35MAIRET. L'Enfant de la Lune (Healy) . 35 MÉRIMÉE. Colomba (Williamson) . 40 SCHULTZ. La Neuvaine de Colette (Lye) . 45 SYMS. Easy First French Reader . 50 SYMS. Le Chien de Brisquet, and Other Stories . 35 VERNE. Les Enfants du Capitaine Grant (Healy) . 30 AMERICAN BOOK COMPANY FRENCH TEXTS These texts are, in the main, those recommended by the Modern LanguageAssociation, the College Entrance Examination Board, and the New YorkState Education Department. Most of the volumes contain notes and avocabulary. INTERMEDIATE PRICEAUGIER and SANDEAU. Le Gendre de M. Poirier (Roedder) $0. 40 CAMERON. Tales of France 1. 00 CORNEILLE. Le Cid (Bruner) . 45 CRÉMIEUX and DECOURCELLE. L'Abbé Constantin (François) . 35 DAUDET. La Belle-Nivernaise, and Other Stories (Jenkins) . 50 DAUDET. Tartarin de Tarascon (Fontaine) . 45 DUMAS. La Tulipe Noire (Brandon) . 40 DUMAS. Le Comte de Monte-Cristo (Fontaine) . 40 DUMAS. Les Trois Mousquetaires (Fontaine) . 60 FONTAINE. Douze Contes Nouveaux . 45 HUGO. Hernani (Bruner) . 70 HUGO. La Chute (Kapp) . 35 LA BRÈTE. Mon Oncle et Mon Curé (White) . 50 LAURIE. Mémoires d'un Collégien (Borgerhoff) . 50 MOLIÈRE. Le Bourgeois Gentilhomme (Roi and Guitteau) . 35 SAND. La Mare au Diable (Randall-Lawton) . 35 SAND. Le Meunier d'Angibault (Kuhne) . 40 SANDEAU. Mademoiselle de la Seiglière (White) . 40 SCRIBE and LEGOUVÉ. Bataille de Dames (Eggert) . 30 SÉVIGNÉ, MADAME DE. Selected Letters (Syms) . 40 WEILL. French Newspaper Reader . 50 WEILL. Historical French Reader . 40 ADVANCED GONCOURT, EDMOND, and JULES DE. Selections (Cameron) $1. 25 HEALY. La Comédie Classique en France . 50 LA FONTAINE. Fifty Fables (McKenzie) . 40 MOLIÈRE. Les Femmes Savantes (Eggert) . 40 RACINE. Iphigénie (Woodward) . 60 SHIPPEE and GREENE. Stories from French Realists . 40 TAINE. Les Origines de la France Contemporaine (Raschen) . 60 VOLTAIRE. Selected Letters (Syms) . 75 AMERICAN BOOK COMPANY SPANISH TEXTS ALARCÓN. El Capitán Veneno (Brownell) $0. 50 El Niño de la Bola (Schevill) . 90 AVELLANEDA. Baltasar (Bransby) . 65 BRETÓN. ¿Quién es Ella? (Garner) . 70 CALDERÓN. La Vida es Sueño (Comfort) . 70 FONTAINE. Flores de España . 45 GALDÓS. Doña Perfecta (Lewis) 1. 00 Electra (Bunnell) . 70 Marianela (Gray) . 90 JOHNSON. Cuentos Modernes . 60 LARRA. Partir á Tiempo (Nichols) . 40 MORATÍN. El Sí de las Niñas (Geddes & Josselyn) . 50 TURRELL. Spanish Reader . 80 VALERA. El Comendador Mendoza (Schevill) . 85 Pepita Jiménez (Cusachs) . 90 WORMAN'S SPANISH BOOKS--REVISED First Spanish Book $0. 40 Second Spanish Book $0. 40. In their new form these books offer a satisfactory course in spokenSpanish. The FIRST BOOK teaches directly by illustration, contrast, association, and natural inference. The exercises grow out of picturedobjects and actions, and the words are kept so constantly in mind thatno translation or use of English is required to fix their meaning. Inthe SECOND BOOK the accentuation agrees with the latest rules of thelanguage. AMERICAN BOOK COMPANY A THREE YEAR COURSE IN FRENCH By L. C. SYMS, B. ès L. , L. En D. , De Witt Clinton High School, New York First Year in French $0. 50Second Year in French 1. 00Third Year in French 1. 20 This comprehensive course in French teaches pupils not only to read butalso to speak and write the language correctly. In the First Year theearly lessons contain only the names of common objects while the laterones include short stories which are not intended to be translated intoEnglish. In the Second Year an almost equal amount of time is given toreading, conversation, translation, and grammar. Particular stress islaid upon the study of verbs. A short story or description forms thebasis of each lesson, illustrating a grammatical principle and affordingan easy and pleasant subject for conversation. The more difficultaspects of French grammar and syntax are treated in the Third Year, andunusual attention is given to all points likely to prove especiallyconfusing. The progressive reading lessons are such as will prepare thestudent to read the masterpieces of French literature. Each bookcontains vocabularies. SYMS'S EASY FIRST FRENCH READER. $0. 50 These stories and poems have, for the most part, been selected from theworks of Octave Feuillet, É. Laboulaye, Hégésippe Moreau, Félix Gras, and other well known writers. The text is easy and progressive, proceeding from the very simple to the more difficult by a regulargradation. Following the reading material, and based on it, are shortEnglish exercises to be translated into French, vocabularies, etc. AMERICAN BOOK COMPANY GERMAN PROSE COMPOSITION By CARL W. J. OSTHAUS, Professor of German, Indiana University; andERNEST H. BIERMANN, Instructor in German, Indiana University. $0. 65 This book is designed for the second and third years in college, and forthe third and fourth years in the secondary school. The work is based onconsecutive prose, and is intended to develop rapidly the student'ssense of independence. The selections are really new and fresh, andoffer a wide range of material, being anecdotal and historical, takenfrom Germanic folklore, literature, and real life. ¶ A portion of the elementary exercises are made up of three parts: aGerman selection, a set of questions in German, and an Englishparaphrase of the preceding German selection for translation intoGerman. The German selection forms the basis of the work which follows, and should be studied thoroughly before the translation is worked out bythe class. In the elementary part most of the selections are preceded bya statement of the grammatical principles involved, thus making it easyfor the instructor to assign certain portions of grammar for review. ¶ The questions in German, which are intended to be answered in German, afford excellent practice work in the transposition of tenses orpersons, and the changing from direct to indirect discourse, etc. As theselections increase in length, the questions are omitted, and in thelatter portion only English material of higher grade is given. ¶ Copious footnotes throughout the book provide the needful suggestionsand refer the student to sections of the digest of syntax which followsthe text. This digest, which is intended chiefly for the guidance of theinexperienced, is to be supplemented by the grammar with which thestudent is familiar. There are full German-English and English-Germanvocabularies at the end of the book. AMERICAN BOOK COMPANY GERMAN TEXTS ELEMENTARY PRICEARNOLD. Ein Regentag auf dem Lande (Kern) $0. 25 ARNOLD. Fritz auf Ferien (Thomas) . 30 BENEDIX. Der Prozess (Lambert) . 30 EBNER-ESCHENBACH. Krambambuli, and Klausmann Memoiren eines Offizierburschen (Spanhoofd) . 25 FAHSEL. Allerlei . 25 FICK. Dies und Das . 25 FICK. Neu und Alt . 30 GERSTÄCKER. Germelshausen (Busse) . 30 GRIMM. Kinder- und Hausmärchen (Vos) . 45 HAUFF. Das Kalte Herz (Holzwoth & Gorse) . 35 HEYSE. Anfang und Ende (Lentz) . 30 HEYSE. Das Mädchen von Treppi (Bernhardt) . 30 HEYSE. L'Arrabbiata (Lentz) . 30 HILLERN. Höher als die Kirche (Daner) . 25 KERN. German Stories Retold . 30 LEANDER. Träumereien (Hanstein) . 35 MÜLLER. Neue Märchen (Little) . 30 RIES. Easy German Stories (Biermann) . 35 SCHRAKAMP. Deutsche Heimat . 80 SCHRAKAMP. Ernates und Heiteres. . 35 SEIDEL. Die Monate (Arrowsmith) . 25 SEIDEL. Der Lindenbaum, etc. (Richard) . 25 SEIDEL. Herr Omnia (Mathewman) . 25 SPANHOOFD. Aus Vergangener Zeit . 50 SPYRI. Rosenresli, and Der Toni von Kandergrund . 25 STERN. Geschichten vom Rhein . 85 STOLTZE. Bunte Geschichten . 30 STOLTZE. Losc blätter . 30 STORM. Immensee (Dauer) . 25 Storm. Im Sonnenschein, etc. (Swiggett) . 25 WILDENBRUCH. Der Letzte (Beckmann) . 30 ZSCHOKKE. Der Zerbrochene Krug (Berkefeld) . 25 AMERICAN BOOK COMPANY GERMAN TEXTS INTERMEDIATE PRICEBERNHARDT. Deutsche Litteraturgeschichte $0. 75 BERNHARDT. Freudvoll und Leidvoll . 65 FOUQUÉ. Undine (Senger) . 50 FREYTAG. Die Journalisten (Johnson) . 35 GOETHE. Hermann und Dorothea (Hewett) . 60 GROLLER. Inkognito, and Albersdorf. Cand. Phil. Lauschmann (Lentz) . 30 HEINE. Die Harzreise (Kolbe) . 50 HEYSE. Er Soll Dein Herr Sein (Haertel) . 30 HOLLY. German Epics Retold . 65 KELLER. Bilder aus der Deutschen Litteratur. Revised 1. 00 LESSING. Minna von Barnhelm (Lambert) . 50 MEYER. Das Amulett (Glascock) . 35 MOSER. Der Bibliothekar (Cooper) . 45 RIEHL. Das Spielmannskind; Der Stumme Ratsherr (Priest) . 35 RIEHL. Der Fluch der Schönheir (Frost) . 30 RIEHL. Die Vierzehn Nothelfer, and Trost um Trost (Sibler) . 30 ROTH. Ein Nordischer Held (Boll) . 35 SCHANZ. Der Assistent and Other Stories (Beinhorn) . 35 SCHEFFEL. Der Trompeter von Säkkingen (Buehner) . 75 SCHILLER. Ballads and Lyrics. Selections (Rhoades) . 60 SCHILLER. Die Jungfrau von Orleans (Florer) . 70 SCHILLER. Wilhelm Tell (Roedder) . 70 STERN. Geschichten von Deutschen Stàdten. In two Parts. Each . 70 STIFTER. Das Heidedorf (Lentz) . 25 WILDENERBUCH. Das Edle Blut (Eggert) . 30 ADVANCED COLLITZ. Selections from Early German Literature $1. 00 DILLARD. Aus dem Deutschen Dichterwald . 60 LESSING. Nathan der Weise (Diekhoff) . 80 PREHN. Journalistic German . 50 RANKE. Kaiserwahl Karls V. (Schoenfeld) . 35 RICHTER. Selections (Collins) . 60 SCHEFFEL. Ekkehard--Audifax und Hadumoth (Handschin & Luehke) . 60 SCHILLER. Gustav Adolf in Deutschland (Bernhardt) . 45 WAGNER. Die Meistersinger von Nürnberg (Bigelow) . 70 WILBRANDT. Der Meister von Palmyra (Henckels) . 80 AMERICAN BOOK COMPANY A BRIEF GERMAN COURSE $1. 20 By C. F. KAYSER, Ph. D. , Professor of German, Normal College of the Cityof New York, and FREDERICK MONTESER, Ph. D. , First Assistant in German, DeWitt Clinton High School, New York Many valuable features differentiate the Brief German Course from theconventional beginner's book in German. Each lesson contains one or moretopics of grammar, a special vocabulary, and exercises in reading andwriting German, with such suggestions and helps for the student as areneeded. The arrangement of the subject-matter has been determined bypedagogic considerations and practical experience, which have led tofrequent departures from the usual sequence of topics. Therecommendations of the Modern Language Association have been followed. ¶ To secure to the pupil variety and interest in his work, and tofacilitate their mastery, the difficulties of declension andconjugation, instead of being grouped together, as is customary, areintroduced gradually. Elementary syntax is treated from the beginning inimmediate connection with the study of forms. The rational acquisitionof a German vocabulary is facilitated by a unique treatment of wordformation. The transition from disconnected sentences to connectedreading is made simple by the use of real idiomatic German sentences, often connected in sense. ¶ Frequent review lessons are given, containing grammatical questions, interesting reading matter, both prose and verse, and exercises inconversation. The reading matter, which provides an excellentapplication of those grammatical principles, and only those, met in theprevious lessons, is written in an easy, fluent style, and illustratesGerman life, history, geography, and literature. The book includescomplete German-English and English-German vocabularies, an appendix ofcollected paradigms of declensions and conjugations, and an index. AMERICAN BOOK COMPANY