Bordeaux Henry

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Henry Bordeaux est un avocat, romancier et essayiste français, originaire de Savoie, né le 25 janvier 1870 à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) (qui s'appelait alors Thonon) et mort le 29 mars 1963 à Paris. Henry Bordeaux est issu d'une famille catholique et royaliste qu'il décrit notamment dans La Maison (1912) et dans Le Pays sans ombre (1935). Son enfance est notamment bercée par l'espoir qu'a sa tante Dine de l'accession au trône du comte de Chambord (« J'appartiens à une famille qui a toujours marché à l'avant-garde du parti monarchique et conservateur »). Dans ses Mémoires, Henry Bordeaux revient sur ses origines familiales. Son père était originaire de Saint-Girons (Ariège), plus généralement la famille Bordeaux venait du Couserans. En 1832, le grand-père paternel, lieutenant de la garde nationale, avait été frappé à mort par un de ses soldats et sa grand-mère paternelle, Marie Ferré, mourut de chagrin, peu après, à l'âge de vingt-sept ans. L'oncle et la tante paternels d'Henry Bordeaux entrèrent l'un chez les carmes (sous le nom de père Albert du Saint-Sauveur dont a parlé Huysmans), l'autre chez les carmélites. Aucun lien de parenté ne le retenant plus en Ariège, le père d'Henry Bordeaux débarqua, en novembre 1860, en Savoie, peu de temps après l'union avec la France. En 1862, il y ouvrit un cabinet d'avocat qui, sans interruption, par lui ou ses fils, devait demeurer ouvert soixante-trois ans. En 1862 également, il épousa Mlle Fréchet dont la famille maternelle, famille de magistrats, cultivée et religieuse, était apparentée de loin à celle de Saint François de Sales. Les Bordeaux s'installèrent à Thonon où ils eurent neuf enfants, dont le premier ne vécut pas. Ils s'installèrent d'abord dans une maison qui appartint à Mlle de Charmoisy, la Philotée de L'introduction à la vie dévote et Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal y descendirent, puis dans « la Maison », bâtie par le père d'Henry Bordeaux, située sur l'actuel Boulevard Carnot. Le couple possédait également une maison de vacancesau hameau de Trossy, à une dizaine de kilomètres de Thonon". Le couple Bordeaux eut, outre Henry, 4 fils et 3 filles : Albert, né en 1865,ingénieur, qui « n'accepta que des missions et des explorations dans toutes les parties du monde » (Bosnie, Rhodésie, Transvaal, Sibérie, Mexique). Traducteur d'un roman de Stevenson, il publia également de nombreux livres professionnels et traités géographiques. Paul-Emile, né en 1871, qui fit une carrière militaire (Saint-Cyr, Madagascar, Crète, Grèce). Retraité en 1914, « quand la guerre éclate, il réclama aussitôt un commandement ». Il fut successivement colonel puis général et exerça en Alsace, dans les Vosges, en Artois, en Lorraine, à Verdun, aux Eparges. Il publia des traités et articles historiques sur ses missions en Orient et sur ses souvenirs de la Grande Guerre. Jules, né en 1875, polytechnicien, il fit l'école de cavalerie de Saumur. Ingénieur, il travailla au Pérou, à Madagascar, en Indochine et publia, bien avant 1914, un Traité sur l'aéronautique. Louis, né en 1878, qui devint avocat et repris le cabinet paternel. En 1914, il fut nommé administrateur de l'hôpital militaire fondé par le comité de la croix-rouge de Thonon. Après la guerre, il fut élu au Conseil général de Haute-Savoie et publia des traités et des articles de législation. Marie, qui recopia les premiers vers de son frère Henry, fut visiteuse de prison bénévole à Montpellier et écrivit sur les prisonnières et les essais de réhabilitation. Valentine, née en 1871, à qui Henry Bordeaux consacre un chapitre de ses Mémoires. Elle entra, à vingt-trois ans, à la maison mère des Filles de la Charité à Paris, et partit, en 1903, dans une mission en Chine où elle mourut le 24 décembre 1917. Marthe, qui se voua aux œuvres sociales catholiques et aux bibliothèques populaires. Elle signa, sous le pseudonyme de Jeanne Danemarie, sur les enfants, les jeunes filles ainsi que sur les mystiques (Catherine Emmerich, Thérèse Neumann, Elisabeth Suton). « Ma vocation littéraire se confond avec mes années de collège ». À l'âge de 16 ans, après avoir obtenu son baccalauréat à Chambéry, Henry Bordeaux part pour Paris afin d'y suivre des études de droit et de littérature. Il y rencontre notamment Alphonse Daudet et son fils Léon, François Coppée, Verlaine, Léon Bloy. Avocat à la suite de son père, Henry Bordeaux fut inscrit, après ses études de droit à Paris, au barreau de Thonon (1889), mais il ne tarda pas à se tourner vers l'écriture. Sa carrière d'écrivain s'étale de 1887 (premier poème publié Rebecca, récompensé par l'Académie de Savoie) à 1960, année de son dernier livre (Le Flambeau Renversé). Suite au ralliement officiel de l'Église à la république (1892) et de l'édification de la doctrine sociale de l'Église, Henry Bordeaux devient républicain. En 1893, à la demande du Comité de la droite républicaine de Savoie, il prend la direction du journal Le Réveil de Savoie destiné à défendre la candidature de Me François Descotes au poste de député de Chambéry, sans succès. Les idées politiques de Henry Bordeaux, qui s'affinent dans le temps et dans ses écrits, sont proches du catholicisme social de Frédéric le Play ou d'Albert de Mun, relais politiques du ralliement de l'église à la République. En 1894, alors qu'il travaille, à Paris, comme avocat-rédacteur à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, Henry Bordeaux publie son premier livre, "Âmes modernes", qu'il adresse à tout hasard à ses écrivains préférés. "Quelques jours plus tard, le dernier jour d'octobre 1894, je déchiffrai une lettre de quatre pages qui était signée : Paul Bourget. Il y a longtemps, disait-il, que je n'ai éprouvé à la lecture d'un volume autant de plaisir qu'au vôtre''". Après quelques œuvres de jeunesse d'esprit plus large (tel son premier roman L'Amour qui passe, aussi connu sous le titre La Fée de Port-Cros ou La Voie sans retour dans lequel on retrouve un parfum de Pierre Loti), et une courte période dreyfusarde, Henry Bordeaux s'oriente vers des types de personnages (hommes ou femmes) dont les positions morales traditionnelles et chrétiennes trouvent leur expression dans un engagement concret dans la vie quotidienne; engagement que lui-même résume dans la longue préface (1905) qu'il joindra à son roman La Peur de Vivre (1902). Il est cependant difficile de résumer une œuvre aussi abondante (plus de deux cents ouvrages), abordant tous les genres (poésie, théâtre, romans, romans psychologiques, romans policiers, nouvelles, biographies, études littéraires, études critiques, études historiques, mémoires, récits de voyage,...). Henry Bordeaux rédigea la plupart de ces ouvrages dans sa maison du Maupas à Cognin (73). Henry Bordeaux (élu à l'Académie française en 1919) fut témoin, et parfois acteur, de périodes importantes tant au niveau historique (1re guerre mondiale, mouvements sociaux des années 1930, 2e guerre mondiale) qu'au niveau de l'évolution des moeurs (modification de la place occupée par les femmes dans le couple et dans la société, amélioration des conditions de vie des ouvriers…). Ce souci de l'engagement concret dans son époque se retrouve dans toute son œuvre. Cette œuvre a souvent pour cadre la Savoie : Chambéry (Les Roquevillard), la vallée de la Maurienne (La Maison morte, La Nouvelle Croisade des enfants, La Chartreuse du Reposoir), le Chablais (La Maison, Le Pays sans ombre)… Les romans d'Henry Bordeaux sont baignés des valeurs traditionnelles, dans la lignée de René Bazin ou surtout de Paul Bourget, qu'il reconnut longtemps pour « maître » et dont il se différencia un peu sur le tard (lire Paul Bourget intime, Revue des Deux Mondes, 1952). Bien que les personnages de ses romans soient dépositaires et gardiens des valeurs traditionnelles en France, ils sont aussi parfois impliqués dans l'expansion de l'influence française dans le monde (religieux, industriels, militaires), à l'image des membres de sa propre famille (voir détail plus haut). À la fin des années 1930 (les années du Front populaire), Henry Bordeaux, toujours inspiré par le catholicisme social, prend clairement position pour l'amélioration des conditions de vie des plus pauvres (logement, hygiène, santé, alimentation) dans ses romans Le Remorqueur, Crimes Involontaires - conditions de vie qu'il met en parallèle avec le luxe, les travers et les hypocrisies de la noblesse et de la grande bourgeoisie. À la veille du conflit, il entreprend un voyage en Allemagne qui lui permet de jeter un regard sur ce qu'est devenue l'Allemagne, en proie à l'idéologie nationale-socialiste. Il dressa lucidement de la nouvelle Allemagne, étonné de son redressement et réprouvant la mainmise du nouveau pouvoir sur les esprits (« Ce que j'ai vu en Allemagne » in Revue des Deux-Mondes, 15 juil. 1939, p. 317 et Les étapes allemandes sorti de presse en 1940, regroupant divers articles sur l'Allemagne écrit de 1919 à 1939). La fin de la Seconde Guerre mondiale marque cependant une rupture dans la carrière de Henry Bordeaux qui avait pris position pour le maréchal Pétain, ami depuis la première guerre mondiale (Les murs sont bons, 1940), et qu'il rencontre jusqu'en 1943. Peu après la fin de la guerre, en septembre 1945, il aurait été inscrit sur la liste d'épuration du Comité national des écrivains pour en être rayé en octobre. En octobre 1954, Le Général de Gaulle lui dédicacera son livre Mémoires de guerre : L'Appel, 1940-1942 en ces termes : « A Mr. Henry Bordeaux dont l'œuvre a tant nourri mon esprit et mon sentiment ». Fidèle en amitié, Henry Bordeaux prend la défense de Charles Maurras lors du procès de ce dernier, en janvier 1945, puis, le mois suivant, lors de la séance de l'Académie française lors de laquelle est prononcée la vacance du fauteuil de Charles Maurras. Il fut un artisan actif (notamment par ses courriers, en partie cités dans ses mémoires) de la grâce présidentielle accordée à Charles Maurras par le président Vincent Auriol.
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